Nucléaire : l'Iran va augmenter sa capacité à enrichir l'uranium, tout en respectant l'accord
Après le retrait américain de l'accord de 2015 sur le nucléaire iranien, l'Iran a annoncé augmenter sa capacité d’enrichissement d'uranium tout en respectant l'accord de Vienne. Le Premier ministre israélien a immédiatement réagi.
Le vice-président iranien Ali Akbar Salehi a annoncé le 4 juin à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) la mise en route d'un plan visant à augmenter sa capacité à enrichir de l'uranium tout en respectant l'accord nucléaire de 2015 signé à Vienne avec les puissances internationales. «Une lettre a été déposée à l’Agence hier sur le commencement de certaines activités», a déclaré le vice-président, cité le 5 juin par l'agence de presse iranienne Fars et rapporté par l'AFP. Il a notamment évoqué l'accroissement du nombre de centrifugeuses iraniennes. «Si les conditions le permettent, peut-être que demain soir à Natanz [centre du pays] nous pourrons déclarer l’ouverture du centre de production de nouvelles centrifugeuses», a ajouté celui qui est également président de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA).
Le 4 juin, le Guide suprême iranien, l'ayatollah Khamenei, a déclaré qu'il avait ordonné des préparatifs pour augmenter la capacité d'enrichissement de l'uranium si l'accord sur le nucléaire était rompu après le retrait des Etats-Unis début mai. La décision des Etats-Unis de se retirer de l'accord de Vienne a semé le doute sur la capacité des signataires restants à préserver l'accord. Ali Akbar Salehi a toutefois assuré qu'aucune des activités nucléaires de l'Iran ne violerait l'accord en vertu duquel le pays limitait sa capacité d'enrichissement de l'uranium à satisfaire des besoins énergétiques, l'enrichissement ne pouvant être utilisé pour développer des bombes atomiques.
En échange, l'Iran a bénéficié de la levée des sanctions économiques à son encontre, dont la plupart ont été annulées en janvier 2016. L'accord permet à l'Iran de poursuivre son enrichissement d'uranium à 3,67%, bien en deçà du seuil de 90% nécessaire à la production d'armes nucléaires. Avant que l'accord ne soit conclu, Téhéran enrichissait l'uranium jusqu'à 20%.
L'enrichissement de l'uranium permet de produire du combustible pour les centrales nucléaires ou peut avoir d'autres utilisations civiles, dans le domaine médical par exemple. Mais hautement enrichi, et en quantité suffisante, l'uranium peut aussi permettre la fabrication d'une bombe atomique. Accusé par les Etats-Unis et Israël de chercher à vouloir se doter de l'arme atomique, l'Iran a toujours affirmé que son programme nucléaire était uniquement à visée pacifique et civile.
Israël monte au créneau
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a immédiatement dénoncé le 5 juin l'annonce de l'Iran, réaffirmant que Téhéran cherchait à se doter de l'arme nucléaire pour détruire Israël. «L'ayatollah Khamenei, le Guide suprême iranien, a fait part il y a deux jours de son intention de détruire l'Etat d'Israël. Il a expliqué hier [le 4 juin] comment il comptait s'y prendre : en enrichissant l'uranium sans restriction pour constituer un arsenal nucléaire», a déclaré Benjamin Netanyahou dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux.
De son côté, la France reste dans l'accord, et le défend. «Ce n'est pas le meilleur accord du monde [mais] sans être parfait, il a néanmoins un certain nombre de vertus» avait notamment déclaré la ministre des Armées Florence Parly le 8 mai sur RTL rappelant que l'accord constituait «un facteur de paix et de stabilisation dans une région [...] très éruptive».