2011-2018 : l'évolution de la position française dans le dossier syrien

2011-2018 : l'évolution de la position française dans le dossier syrien© Philippe Wojazer Source: AFP
Emmanuel Macron et François Hollande le 13 novembre 2017, à Paris (illustration)
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Alors que le 15 mars marque le sinistre septième anniversaire d'un conflit qui ravage la Syrie, la diplomatie française affiche une position plus contrastée qu'en 2011. Sept années d'hésitations et de revirements.

Le conflit syrien, qui a débuté en mars 2011, entre dans sa huitième année. En sept ans, la position française a été marquée par différentes étapes dans une évolution non-linéaire. Outre les revirements qu'a pu opérer le Quai d'Orsay, notamment concernant l'avenir de Bachar el-Assad, l'analyse française de la situation sur le terrain demeure toutefois inchangée dans ses grandes lignes.

  • Une analyse du conflit qui n'a pas changé

François Hollande et Emmanuel Macron ont un point commun : leur analyse des forces en présence sur le terrain. D'un côté, Bachar el-Assad, un «dictateur» qui veut «liquider son peuple», selon l'ex-président socialiste, interrogé lors d'une conférence de presse en 2013 en marge du G20. Pour Emmanuel Macron, le président syrien reste bel et bien «l'ennemi du peuple syrien».

En face, les groupes rebelles gravitant dans la nébuleuse djihadiste «méritent» tout le soutien de la France, selon les mots de François Hollande dans une interview au Monde d'août 2014. Dès 2012, Paris décidait d'ailleurs de leur livrer des armes, violant ainsi l'embargo européen décrété sur la Syrie dès la fin 2012, alors que les doutes s'accroissaient quant à leurs actions et quant à leurs liens avec des acteurs terroristes. La France a néanmoins toujours maintenu son cap et sa confiance en l'existence de «rebelles modérés» avec qui le dialogue serait possible et souhaitable. En décembre 2017, accusé par Bachar el-Assad de soutenir le terrorisme par le biais de son soutien aux rebelles, Emmanuel Macron dénonçait des propos «inacceptables»

  • Le départ de Bachar el-Assad comme préalable

François Hollande a longtemps fait du départ de Bachar el-Assad un préalable à la résolution du conflit syrien. Il déclarait ainsi en novembre 2015 à Moscou que le président syrien n'avait «pas sa place dans l'avenir de la Syrie», tout en appelant à la construction d'un «gouvernement d'union indépendant pour le temps de la transition».

Changement de ton de l'exécutif français avec Emmanuel Macron, qui, désormais président, détaille dans un entretien à plusieurs médias européens le 21 juin 2017 : «Je n'ai pas énoncé que la destitution de Bachar el-Assad était un préalable à tout. Car personne ne m'a présenté son successeur légitime !» Prenant exemple sur la guerre américaine en Irak et l'intervention française en Libye, qui ont débouché sur «des Etats faillis dans lesquels prospèrent les groupes terroristes», le chef de l'Etat ajoutait : «Je ne veux pas de cela en Syrie», confirmant sa volonté de hiérarchiser «les priorités et les combats»

Si cette ligne est certes nouvelle par rapport à celle de son prédécesseur, elle diffère également de sa propre position telle qu'il l'avait formulée en avril 2017 sur le plateau de L'Emission politique. Il déclarait alors souhaiter «une intervention militaire» contre Bachar el-Assad «dans le cadre d'un mandat de l'ONU», après l'attaque chimique présumée à Khan Cheikhoun.

  • La «ligne rouge» sur les armes chimiques

François Hollande, comme son homologue américain Barack Obama, avait tracé une «ligne rouge» : l'utilisation d'armes chimiques par l'armée syrienne. Dans le cadre d'une coopération avec les Etats-Unis, il envisageait alors des frappes ciblées. En avril 2013, le président américain affirmait d'ailleurs détenir des preuves de l'utilisation d'armes chimiques en Syrie. François Hollande se tenait alors prêt à intervenir et attendait l'aval des Etats-Unis... qui n'est jamais arrivé, Barack Obama se ravisant – ce que regrette encore aujourd'hui François Hollande.

Emmanuel Macron a retenu la leçon et précise désormais que la France frapperait «seule» si des preuves d'utilisation d'armes chimiques en Syrie venaient à être démontrées. «Quand vous fixez des lignes rouges, si vous ne savez pas les faire respecter, vous décidez d'être faible. Ce n'est pas mon choix», explicite-t-il ainsi en juin 2017, profitant de l'occasion pour tacler son prédécesseur.

  • La Russie, le problème ou la solution ?

A l'issue d'un sommet européen en décembre 2016, François Hollande déclarait que la Russie cherchait dans le conflit syrien «l'écrasement de l'opposition» avec «une confusion toujours entretenue entre l'opposition et les groupes terroristes». Emmanuel Macron a une vision plus nuancée du rôle de la Russie. Pour le président français, les Russes, partie prenante au conflit, sont un élément de la solution. Au lieu d'une confrontation directe et ostentatoire, Emmanuel Macron semble désormais opter pour la négociation et espère notamment convaincre les Russes de ne plus apporter leur soutien aux actions menées par l'armée syrienne contre les rebelles dans la Ghouta orientale.

Alors que Vladimir Poutine avait annulé sa venue en France en octobre 2015, à la suite des propos que François Hollande avait tenus à son encontre, il a été reçu en grande pompe par Emmanuel Macron à Versailles en mai 2017. En retour, le chef de l'Etat français se rendra, à l'invitation de Vladimir Poutine, à Saint-Pétersbourg en mai 2018 à l'occasion du Forum économique qui doit s'y tenir.

Lire aussi : Syrie, sept ans plus tard : histoire d'un fiasco occidental

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