Washington et l'OTAN inquiets d'une nouvelle course aux armements ? Moscou calme le jeu
Moscou n'a pas l'intention de se lancer dans une course aux armements et ne viole aucun traité international : la diplomatie russe a répondu fermement aux accusations portées par Washington, au lendemain de l'adresse annuelle de Vladimir Poutine.
«La Russie n'a pas l'intention de se lancer dans une course aux armements» : le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a tenu à mettre les points sur les «i» le 2 mars, en réaction à l'emballement de l'administration américaine au sujet de l'adresse annuelle de Vladimir Poutine devant le Parlement russe.
La veille, à l'issue du discours du président russe, qui avait vanté les nouvelles armes «invincibles», hypersoniques ou sous-marines, développées par son pays, Washington avait notamment accusé la Russie de se soustraire à ses obligations internationales.
Il semble que le département d'Etat américain ne maîtrise pas très bien le dossier
Revenant sur ces accusations, Dmitri Peskov a catégoriquement démenti l'idée que Moscou violerait «des dispositions et des articles du droit international sur le désarmement et le contrôle des armements». Comme l'avait soutenu Vladimir Poutine dans son discours, le porte-parole du Kremlin a rappelé que la Russie avait été, est et sera liée par ses obligations internationales. Sur sa page Facebook, l'ambassadeur de Russie aux Etats-Unis, Anatoli Antonov, s'est fendu d'un message similaire, se permettant au passage un trait d'ironie : «Il semble que le département d'Etat américain ne maîtrise pas très bien le dossier.»
Trump «inquiet»... mais le Pentagone affirme être au courant «depuis longtemps»
Si Donald Trump et Angela Merkel se sont dits «inquiets» des déclarations de Vladimir Poutine lors d'un échange téléphonique, les militaires américains préfèrent adopter une autre stratégie, semblant contredire les propos du locataire de la Maison Blanche. A l'instar de la diplomatie américaine, le Pentagone a ainsi laissé entendre être courant du développement «depuis longtemps» des nouvelles armes russes. La porte-parole du Pentagone, Dana White, a ainsi assuré que les Etats-Unis n'étaient «pas surpris par [la] déclaration» du président russe, assurant que les militaires américains étaient «pleinement préparés». Si bien que la nouvelle stratégie nucléaire des Etats-Unis, publiée début février, «tenait compte» de ces armes russes, selon Dana White.
Plus virulente encore, la porte-parole de l'OTAN Oana Lungescu a formulé des accusations graves à l'encontre de Moscou. «Les déclarations russes menaçant de cibler les Alliés sont inacceptables et contre-productives», a-t-elle affirmé le 2 mars, sans qu'il soit possible de déterminer où la porte-parole de l'Alliance atlantique avait entendu de telles menaces. «L'OTAN est une alliance défensive, prête à défendre tous ses membres contre toute menace», a-t-elle renchéri, assurant ne pas vouloir d'une nouvelle guerre froide ou d'une nouvelle course aux armements.
Une réponse au déploiement de systèmes antimissiles en Europe et en Asie
Pourtant, Vladimir Poutine a très clairement expliqué dans son discours du 1er mars que cet arsenal militaire n'avait pas de vocation offensive. Le président russe a justifié le développement de ces nouvelles armes comme une réponse au retrait des Etats-Unis du traité de réduction des armements stratégiques en 2002 et au déploiement de systèmes antimissiles en Europe de l'est et en Corée du Sud.
Pour Moscou, le développement du bouclier antimissile américain dans différentes régions du monde est à même de violer la parité stratégique et nucléaire entre les deux puissances. Ces nouvelles armes russes viendraient donc rétablir un équilibre brisé par Washington. Et comme l'avait appelé de ses vœux le maître du Kremlin dans son adresse aux membres réunis des deux chambres du Parlement, elles ont également pour objectif de faire en sorte que la Russie soit mieux écoutée par l'Occident. De ce point de vue, le succès est indéniable.