L'argent des pays du Sud dépensé dans «l'alcool et les femmes», selon le président de l'Eurogroupe
Par une sortie polémique, Jeroen Dijsselbloem a accusé les pays du Sud de l'UE de dilapider l'aide financière des pays du Nord. Le néerlandais cherchait par la même occasion à assurer Berlin de sa fermeté dans le dossier de la dette grecque.
Jeroen Dijsselbloem, membre du parti travailliste néerlandais et président de l'Eurogroupe, a déclaré dans un entretien accordé au Frankfurter Allgemeine Zeitung le 20 mars dernier, à propos des pays du Sud de l'Europe : «Vous ne pouvez pas dépenser tout l'argent dans l'alcool et les femmes et ensuite demander de l'aide.»
Selon l'actuel ministre des Finances des Pays-Bas, «les pays du Nord ont montré de la solidarité avec les pays touchés par la crise» de l'euro en 2010 – comprendre : l'Espagne, l'Italie et la Grèce. Mais des limites auraient été atteintes par ces pays. «En tant que social-démocrate, je donne beaucoup d'importance à la solidarité : mais vous avez aussi des obligations», a ainsi expliqué Jeroen Dijsselbloem.
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Pris à parti pour ses propos lors de la réunion du Parlement européen le 21 mars, le président de l'Eurogroupe a néanmoins refusé catégoriquement de présenter des excuses. Interpellé par le député européen des Verts catalans Ernest Urtasun, Jeroen Dijsselbloem a nié que sa déclaration puisse constituer une «attaque» contre les pays visés.
Un discours destiné à séduire l'Allemagne ?
En réalité, la sortie de Jeroen Dijsselbloem pourrait avoir une explication bien concrète. Derrière son caractère outrancier, elle viserait surtout à envoyer un signal fort à l'égard de l'Allemagne, qui prône la fermeté dans le dossier de la dette grecque. Le néerlandais semble ainsi avoir voulu signifier à Wolfgang Schäuble, ministre fédéral allemand des Finances, qu'il se tenait sur la même ligne politique que lui vis-à-vis d'Athènes.
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L'objectif de cette démarche ? S'assurer qu'il conservera son poste de président de l'Eurogroupe. En effet, Jeroen Dijsselbloem est sur la sellette. Dans son pays, la chute électorale de son parti aux dernières élections a rendu plus que jamais probable son départ contraint du ministère des Finances. Or, dans une telle hypothèse, il devrait également et logiquement renoncer à la présidence de l'Eurogroupe... ce qu'il a déjà dit ne pas souhaiter.
Plusieurs députés espagnols ont réclamé la démission du ministre néerlandais de ses fonctions européennes, rapporte La Tribune. Il se pourrait néanmoins que son départ ne change en rien la teneur du discours tenu à la tête de l'Eurogroupe : le favori pour remplacer Jeroen Dijsselbloem n'est autre que le Slovaque Petr Kazimir, qui s'était, en juillet 2015, félicité d'avoir brisé le «printemps d'Athènes».
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