«Partial et truffé d'oublis» : MH17, une nouvelle attaque de Moscou contre le rapport officiel
Un haut responsable de l’aviation russe a présenté de nouvelles critiques du rapport officiel du Dutch Safety Board (DSB) sur le crash du Boeing malaisien en Ukraine, en fustigeant la mauvaise qualité de son rapport «vague» sur cette catastrophe.
«La Russie aimerait attirer encore une fois l’attention sur la partialité du DSB, la qualité insuffisante du rapport final, et les omissions de faits importants concernant l’enquête conduite par la partie néerlandaise», lit-on dans un article rédigé par Oleg Stortchevoï, le chef de Rosavia, l’agence de l’aviation russe, publié dans le quotidien néerlandais De Volkskrant.
Même si le rapport, présenté en octobre 2015, n’a pas désigné de coupable, il a toutefois conclu que le Boeing 777 de Malaysia Airlines avait été abattu par un missile Bouk fabriqué par la Russie, alors que les déclarations du président du DSB Tjibbe Joustra ont laissé entendre qu’il aurait pu être tiré depuis les territoires contrôlés par les milices antigouvernementales. Moscou a réfuté ces accusations, alors que le producteur des Bouk Almaz-Antei a présenté un rapport alternatif et les résultats d’une expérimentation grandeur nature, qui a montré qu’un modèle ancien d’un de ses missiles, toujours utilisé par l’armée de Kiev, serait vraisemblablement à l’origine du crash.
La semaine dernière, Stortchevoï a écrit une lettre ouverte au Dutch Safety Board et a tenu une conférence de presse à Moscou consacrée au rapport néerlandais. Le responsable russe a dénoncé les incohérences de ce document, en qualifiant Tjibbe Joustra d’«incompétent».
«La déclaration du président du DBS en octobre, qui n’est pas chargé d’une enquête pénale, et a annoncé que les Russes étaient "parmi les suspects" montre que l’enquête avait dès le début des motivations politiques», a-t-il estimé.
Lors de sa conférence, il a accusé les enquêteurs néerlandais de préférer étudier des photos sur les réseaux sociaux plutôt que se rendre sur le lieu du crash, une approche qu’il a estimé être «sans précédent». Or, même s’ils y sont éventuellement arrivés, les experts n’ont pas fait d'expériences sur le terrain pour déterminer la chronologie des événements, selon le chef de l’aviation russe.
Stortchevoï a de plus noté que le DBS n’avait pas répondu aux propositions de coopération d’Almaz-Antei, en adressant une seule requête auprès du constructeur russe d’armement, et ne s'était pas rendu en Russie, malgré plusieurs invitations.
Le responsable note également que le rapport «répartit la responsabilité injustement» quant au fait que Kiev n’a pas pris de mesures pour sécuriser l’espace aérien au-dessus de la zone de conflit, «en déchargeant Kiev de cette responsabilité et la transférant aux régulateurs internationaux».
Les Pays-Bas sont actuellement en train de mener une deuxième enquête, cette fois pénale, sur le crash du vol MH17, qui devra pointer du doigt les principaux suspects. Ces résultats seront annoncés dans les semaines à venir.