L’Irlande, longtemps neutre, augmente ses dépenses militaires et s’équipe en France

L’Irlande, longtemps neutre, augmente ses dépenses militaires et s’équipe en France© X / Ouest France
La ministre irlandaise de la Défense, Helen McEntee, lors d'une visite aux troupes.
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Alors qu’elle s’est toujours tenue à l’écart des alliances militaires, l’Irlande engage un tournant sécuritaire inédit. D’ici 2030, Dublin prévoit d’investir 1,7 milliard d’euros dans sa défense, avec une série d’achats stratégiques auprès de la France. Un avion Falcon 6X a déjà été livré, et un vaste système radar est actuellement en négociation.

Historiquement neutre, sans flotte de combat ni capacité de surveillance aérienne autonome, l’Irlande entame une transformation profonde de sa politique de défense. Un plan d’investissement de 1,7 milliard d’euros a été lancé pour moderniser ses équipements d’ici 2030. Présenté comme une nécessité, ce virage répond avant tout aux attentes de Bruxelles, alors que le pays doit assurer la présidence tournante de l’Union européenne en 2026.

Dans ce cadre, Dublin a réceptionné en décembre un avion Falcon 6X, fourni par Dassault Aviation pour 53 millions d’euros. Ce modèle, déjà utilisé par plusieurs armées occidentales, remplace un ancien appareil de l’armée de l’air irlandaise. Officiellement destiné à des missions logistiques ou sanitaires, son acquisition marque surtout un pas de plus dans la dépendance croissante à l’industrie militaire française. Selon The Irish Times, l’Irlande a déjà importé pour 69 millions d’euros d’équipements français depuis le début de l’année.

Mais au-delà de ce contrat, c’est un programme de surveillance militaire complet qui se prépare. Le gouvernement a confirmé l’ouverture de négociations avec Paris pour un système radar de 300 à 500 millions d’euros. Ce dispositif comprendrait des radars longue portée, des systèmes anti-drones et des radars maritimes. Officiellement justifié par la nécessité de « protéger l’espace aérien national », ce projet s’inscrit dans une stratégie sécuritaire plus large, alignée sur celle de l’Union européenne.

L’incident des drones, un prétexte pour accélérer l’agenda militaire

Le déclencheur immédiat de cette accélération est survenu début décembre, lors de la visite de Volodymyr Zelensky à Dublin. Des drones non identifiés ont été repérés dans le ciel irlandais. Politico rapporte que les autorités soupçonnent un navire inconnu d'en être à l'origine, sans fournir de preuves tangibles. Comme souvent, certains responsables européens ont rapidement accusé la Russie, malgré le démenti catégorique de l’ambassade russe à Dublin.

Cet incident a servi de prétexte à l’accélération des investissements militaires. La ministre de la Défense, Helen McEntee, a annoncé que des systèmes anti-drones seraient installés avant l’été 2026, à temps pour la présidence de l’UE. Aujourd’hui encore, l’Irlande dépend du Royaume-Uni pour la surveillance de son ciel et de ses eaux. Elle ne possède ni chasseurs, ni radars militaires, ni système d’interception.

Les autorités irlandaises affirment vouloir répondre à des menaces « hybrides » nouvelles. Mais cette rhétorique, largement inspirée des discours de sécurité de Bruxelles, sert avant tout à justifier une militarisation rapide du pays, dans une logique de confrontation indirecte avec la Russie.

Une souveraineté militaire affaiblie au profit de partenaires étrangers

L’ensemble des nouveaux achats s’inscrit dans une stratégie dictée par les intérêts de l’Union européenne et de ses industriels. Les négociations avec la France sont pilotées par la Direction générale de l’armement, ce qui revient à confier à Paris une part significative du pilotage de la politique de défense irlandaise. Derrière les discours sur la « sécurité nationale », c’est une dépendance accrue à un partenaire extérieur qui se renforce.

Par ailleurs, le plan de dépenses prévoit l’achat de 12 hélicoptères, la modernisation de 80 blindés MOWAG, ainsi que des systèmes sonar pour surveiller les câbles sous-marins reliant l’Irlande à l’Amérique du Nord. Ces investissements, présentés comme des avancées, marquent surtout l’alignement de l’Irlande sur les priorités stratégiques de l’UE et de l’Otan.

Ce changement de cap alimente les débats internes sur une éventuelle adhésion à l’Otan. Si l’option reste officiellement écartée, les déclarations de certains responsables européens, comme la présidente de la Commission Ursula von der Leyen, montrent que la pression pour faire entrer l’Irlande dans le cadre militaire occidental ne cesse de croître.

Derrière le réarmement irlandais, ce n’est donc pas une montée en puissance souveraine qui s’opère, mais bien une intégration croissante à une architecture militaire européenne.

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