Onfray, Bercoff, Asselineau, Collon : des voix s'élèvent pour défendre RT France

Michel Onfray, Michel Collon, André Bercoff et François Asselineau© Joël SAGET, Sputnik News, RT France Source: AFP
Michel Onfray, Michel Collon, André Bercoff et François Asselineau.
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L'écrivain Michel Onfray, le journaliste André Bercoff, le responsable politique François Asselineau ou encore l'essayiste Michel Collon ont apporté leur soutien à RT France et se sont opposés à son interdiction dans l'Union européenne.

Après la décision des autorités françaises et européennes d'interdire RT France dans toute l'Union européenne, suivie par celles des grands réseaux sociaux, des personnalités des mondes intellectuel et médiatique ont tenu à apporter leur soutien à notre média, défendant ainsi la liberté d'expression et la liberté de la presse.

Michel Onfray fait de la liberté de la presse «une question de principe»

Intervenant le 3 mars sur le plateau de CNews, Michel Onfray a commencé par rappeler qu'il n'était «pour qu'on ne ferme aucune télévision, aucune radio et qu'on interdise aucun journal», et qu'il en faisait «une question de principe». Et de s'étonner que «d'un seul coup on ferme Russia Today, on ferme Sputnik».

Les "médias indépendants" appartiennent à [...] des gens riches [...] qui défendent la même idéologie

L'écrivain a alors poursuivi en ces termes : «Parce que ça existe les médias indépendants ? [...] Les "médias indépendants" appartiennent à ceux qui les possèdent, et ceux qui les possèdent sont des gens riches, sont des gens qui défendent la même idéologie. Vous ne disposez pas d'une chaîne, d'une radio, d'une télévision, ou d'un grand nombre de journaux – on ne va pas donner les noms – en France, sans être un milliardaire. Donc si vous êtes un milliardaire il y a peu de chances que vous défendiez les positions de Mélenchon.»

«J'aimerais qu'on puisse dire, dans un endroit où effectivement on croit à la démocratie : on supporte tous les journaux – y compris des journaux qui défendent des positions russes. Les gens sont assez intelligents pour passer d'un média à l'autre», a notamment déclaré l'écrivain, avant d'en appeler «à l'intelligence, à la réflexion» – il est à noter, d'ailleurs, que RT France ne «défend les positions russes» mais rapporte, dans son traitement des actualités internationales, les déclarations et points de vue de toutes les parties.

«Vous ne l'aimez pas ? Eh ben zappez !», s'exclame André Bercoff

Dans l'émission qu'il anime sur Sud Radio, l'éditorialiste André Bercoff a commencé par se demander si Ursula von der Leyen et la Commission européenne, légalement, avaient le droit d'annoncer «c'est terminé pour tel ou tel média». «J'ai demandé à des avocats, ils me disent [...] : "l'ex-CSA / Arcom lui peut interdire telle ou telle antenne" [...] mais est-ce que ça appartient aux Etats, ou est-ce que ça appartient à la Commission européenne ?», a-t-il poursuivi. Pour rappel, l'annonce de l'interdiction des médias RT et Sputnik avait été faite par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

André Bercoff s'est ensuite exprimé sur «la liberté d'expression» et «le pluralisme», en affirmant que «tel ou tel média prend position en fonction de son idéologie, ou en fonction des intérêts de son actionnaire».

«RT France, ou Sputnik, ou Al Jazeera etc... Vous ne l'aimez pas ? Eh ben zappez ! Et ne les regardez pas ! Qui oblige qui que ce soit à regarder quoi que ce soit ?», s'est-il exclamé, avant de s'interroger : «Ou effectivement nous sommes en guerre contre la Russie, la Russie subventionne des médias et là on interdit, je peux comprendre. Mais si nous ne sommes pas en guerre, pourquoi ?» – le président de la République Emmanuel Macron ayant d'ailleurs récemment souligné que la France n'était pas en guerre contre la Russie.

«Un coup de force contre la liberté de la presse et la liberté d’expression», estime François Asselineau

Dans une vidéo consacrée à la crise ukrainienne, le chef du parti UPR François Asselineau s’est dit «scandalisé» par la fermeture de RT France et de Sputnik, qualifiés «d’organes de propagande russes» par Emmanuel Macron. Une décision pour le moins incongrue, selon le souverainiste : «Si ces organes ne respectaient pas le cahier des charges […]», les deux médias auraient pu être sanctionnés, a-t-il développé ; or, «ce n’est pas du tout ce qui s’est passé», a-t-il rappelé. De fait, la chaîne RT France n'a jamais été sanctionnée par l'Arcom (ex-CSA) ou plus largement poursuivie pour diffusion d'une fake news ou diffamation.

«Ursula von der Leyen, présidente de la commission européenne, une Allemande qui n’a été élue par personne», a décidé «de sa propre initiative» la fermeture de RT et de Sputnik, a-t-il martelé. Or, «dans les traités européens, à aucun moment il n’est précisé que la Commission européenne en général et la présidente en particulier ait le pouvoir de faire fermer des organes de presse», a détaillé le chef de parti.

Le candidat à la présidentielle a dénoncé «une véritable forfaiture, un coup de force contre la liberté de la presse et la liberté d’expression». D’autant plus que Sputnik et RT étaient bien des organes de presse français dans lesquels travaillaient des journalistes français. François Asselineau s’est dit solidaire des journalistes de RT France, «chassés comme des malpropres du jour au lendemain». En obéissant ainsi à la Commission, «la France a perdu dans cette histoire un principe fondamental, son indépendance nationale d’une part, mais aussi sa protection de la liberté d’expression», s’est encore insurgé François Asselineau, remarquant que les grands réseaux sociaux se sont exécutés «sans même s’intéresser à ce que sera la décision judiciaire en France».

Il a également contesté l’appellation d’«organes de propagande» : si le «point de vue russe» était logiquement présenté par RT France, François Asselineau a souligné, à propos de la politique intérieure, que la parole était donnée à des partisans comme à des adversaires d’Emmanuel Macron. «Je le dis d’autant plus […] que  […] depuis un an et demi ou deux ans, ils m’avaient très peu invité», a ajouté le candidat. Ce «fait du prince», selon sa formule, retire à la France et à l’UE le droit de se targuer de défendre la liberté d’expression.

François Asselineau a aussi remis en perspective cette interdiction avec l’intervention américaine en Irak, qui avait «piétiné le droit international». «Sauf erreur de ma part, on n’a pas interdit CNN […] et Al-Jazeera», a-t-il souligné.

En conclusion, il a remarqué que la décision européenne faisait «sacrément tousser » dans la profession, comme l’ont illustré plusieurs communiqués des syndicats nationaux de journalistes. Et de lancer une mise en garde : « Peut-être qu’un jour ce sera l’organe […] qui aura eu le malheur de ne pas plaire à tel ou tel oligarque français […] ou à la […] Commission européenne» qui sera visé, conduisant les journalistes concernés à perdre «leur emploi sans autre forme de procès». Une perspective d’une «gravité exceptionnelle», selon lui, venant d’une France qui avait jusqu'alors accordé une grande importance à la liberté d’expression. «Dans les années 70 et 80, une telle décision eût été absolument inconcevable», a regretté François Asselineau.

Des mesures qui révèlent «une peur du débat», selon Michel Collon

L'essayiste Michel Collon a lui aussi condamné l'interdiction de RT France dans une vidéo, estimant que la «censure» gagnait du terrain sur le Vieux continent. Sur le même registre que François Asselineau, il a dénoncé le traitement déséquilibré réservé à RT et Sputnik. «On les accuse de justifier la propagande de guerre et les mensonges de la Russie», a constaté  Michel Collon. «Mais les médias états-uniens et occidentaux qui ont menti sur le Vietnam, sur l'Irak, sur la Libye, sur la Syrie, sur la Palestine, sur le Venezuela, sur Cuba, vous allez les interdire quand, alors ?», a-t-il questionné.

Selon lui, la politique conjointe des gouvernements et des plateformes revient à ce que «des gens décident à votre place ce que vous avez le droit de regarder». Il n'a pas hésité à évoquer des «mesures fascisantes» et dangereuses, mettant à mal les principes démocratiques «pour lesquels, soi-disant, on est en train de nous protéger». D'après Michel Collon, la vraie raison de cette censure tient à une crainte de la part des autorités : «Ils ont tout simplement peur du débat», a-t-il avancé. A l'instar de François Asselineau, il a également jugé que cette censure pourrait s'abattre ensuite sur d'autres médias «qui ne répètent pas la vérité officielle».

Analyste économique et présentateur de l'émission «C'est CASH !» sur RT France, Olivier Delamarche s'est également exprimé sur le sujet sur Twitter, en estimant que «l'heure est grave pour nos démocraties et notre Etat de droit». «Il y a quelques jours, un événement sans précédent a eu lieu dans notre cher et beau pays : l'interdiction de la chaîne RT», a-t-il expliqué, en estimant qu'il s'agissait d'une «véritable atteinte à la liberté de penser» et qu'une «chasse aux sorcières [avait] débuté». «Cette décision est par ailleurs totalement arbitraire / illégitime car l'UE ne dispose pas de ce genre de prérogatives, j'apporte tout mon soutien à RT France!», a-t-il poursuivi, en jugeant que la France est «dans un état de censure et d'urgence permanent». 

«Ils nous empêchent de nous exprimer, de penser autrement sur les grands médias», a-t-il enfin écrit, en encourageant ses lecteurs à signer la pétition «Non à l'interdiction de RT France, oui au droit à l'information !»

Le policier syndicaliste Alexandre Langlois, entre autres, a annoncé qu'il signait cette pétition. «Je la signe car je suis un défenseur de la liberté d’expression», a-t-il écrit sur son site, faisant valoir : «Aucun média n’est neutre. Aussi pour se forger sa propre opinion sur des faits d’actualité, il faut pouvoir regarder des sources d’informations contradictoires ou en apparence opposées.»

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