Le pass vaccinal est «une erreur d'un point de vue médical», selon le professeur Caumes

La vérification d'un pass dans un restaurant© Bob Edme/AP
Vérification d'un pass dans un restaurant (image d'illustration).
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Dans un entretien sur Europe 1 le 14 janvier, l'infectiologue a jugé que la décision d'instaurer le pass vaccinal tenait davantage à des considérations électoralistes qu'à la volonté de lutter efficacement contre l'épidémie de Covid-19.

Invité sur Europe 1 le 14 janvier, l'infectiologue Eric Caumes a estimé que la perspective du pass vaccinal en France n'était pas justifiée, le qualifiant même d'«erreur d'un point de vue d'épidémiologie et de santé publique» pour gérer la crise sanitaire. «A l'époque de Delta, cela pouvait se concevoir. Mais à l'époque d'Omicron, c'est inconcevable parce que le vaccin n'empêche pas la circulation en population générale», a ajouté l'infectiologue, qui exerce à l'hôpital Hôtel-Dieu de Paris. Constatant que des centaines de milliers de cas étaient recensés chaque jour en France, il a affirmé que ce virus est «incontrôlable».

Ce n'est ni de la médecine, ni de la santé publique

Selon Eric Caumes, l'instauration du pass vaccinal s'inscrit avant tout «dans la campagne électorale», le gouvernement souhaitant en faire «un marqueur d'affichage et de clivage» entre vaccinés et non vaccinés. «L'affaire des anti-vax aussi, c'est pareil. Ce n'est ni de la médecine, ni de la santé publique», a tancé l'infectiologue. S'agissant de la perspective de prévoir une quatrième dose de vaccin, actuellement étudiée par le ministère de la Santé, le professeur Caumes a rappelé que la vaccination restait primordiale pour les personnes fragiles, en soulignant «qu'une infection ne confère pas une immunité définitive, tout comme la vaccination».

«Au bout de cinq-six mois, l'immunité qui est conférée par le vaccin est devenue mauvaise, donc il faut entretenir la vaccination chez les personnes à risque», a-t-il développé , estimant que «les personnes jeunes ne risquent rien». Selon l'infectiologue, la stratégie suivie n'a pas été la bonne, puisqu'il aurait fallu concentrer les efforts «sur les personnes [...] vraiment à risque, c'est-à-dire les plus de 60 ans et les plus fragiles».

S'il a prévenu qu'il fallait «se mettre en ordre de marche» pour une quatrième dose, le professeur a précisé que celle-ci n'est pas nécessaire dans l'immédiat pour les Français qui viennent de recevoir leur dose de rappel. « Ils en auront besoin dans quatre ou six mois s'ils n'ont pas attrapé le Covid entre temps», car une infection ferait «office de rappel vaccinal». Une infection qui serait «probablement plus efficace que le vaccin pour protéger contre la gravité d'une infection ultérieure», a-t-il soutenu. Par conséquent, les personnes vaccinées attrapant le virus bénéficieraient d'une immunité naturelle. «Le vaccin est efficace pour éviter de rentrer à l'hôpital, mais n'est pas efficace pour éviter la circulation du virus. C'est pour cela que le pass vaccinal n'a pas beaucoup de sens avec Omicron», a insisté Eric Caumes. 

Les propos de l'infectiologue sur le pass vaccinal ont été salués par Florian Philippot, sur Twitter, qui y a vu la preuve que l'opposition au nouveau dispositif se renforçait : «Ça bouge partout !», a-t-il affirmé. Les débats sur le nouveau pass se sont poursuivis au Parlement, aucun accord n'ayant été trouvé le 13 janvier entre députés et sénateurs lors de la commission mixte paritaire concernant le projet de loi sur le pass vaccinal. L'Assemblée nationale aura le dernier mot, possiblement durant le week-end ou en début de semaine.

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