«Pas politiquement correct» : le professeur Caumes propose de «laisser les jeunes se contaminer»
«Ça va péter dans beaucoup d'endroits», s'inquiète, au sujet des foyers de Covid-19, le chef du service d'infectiologie de la Pitié-Salpêtrière. A rebours de la stratégie des autorités, ce dernier appelle à miser sur l'«immunité collective».
Dans un entretien au Parisien publié le 1er août, le chef du service des maladies infectieuses de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière (AP-HP), à Paris, le professeur Eric Caumes, a fustigé la stratégie de lutte contre la pandémie de Covid-19 mise en place par les autorités, considérant «que l'on court toujours après l'épidémie au lieu d'anticiper».
En les laissant se contaminer, ils participeront à l'immunité collective et elle sera plus importante à la rentrée, dans les écoles et les universités
Interrogé par le quotidien francilien sur les solutions à mettre en place face à la hausse des contaminations, phénomène qui touche particulièrement les jeunes de 20 à 30 ans, le professeur Eric Caumes a d'abord reconnu que leur imposer le port constant du masque et leur interdire tout rassemblement en plein été était très difficilement réalisable.
C'est pourquoi il a suggéré, considérant toutefois son idée «pas politiquement correct[e]», de «les laisser se contaminer entre eux, à condition qu'ils ne voient pas leurs parents et leurs grands-parents». «En les laissant se contaminer, ils participeront à l'immunité collective et elle sera plus importante à la rentrée, dans les écoles et les universités, même si cela aura des conséquences», a-t-il aussitôt précisé.
«Ça va péter dans beaucoup d'endroits», s'alarme le médecin
«Malheureusement, les autorités n'arrivent plus à contrôler certains clusters. Ça va péter dans beaucoup d'endroits en même temps», a également estimé Eric Caumes, commentant la recrudescence des cas positifs au Covid-19 en France.
Et de poursuivre : «En un mois, on est passé de 0 à 3 admissions à 5 à 10 par jour surtout dans le nord de la région [Ile-de-France], où la précarité est plus importante. Si ça continue, oui, on ira vers une deuxième vague. Quelle sera son amplitude ? Ce sera tout l'enjeu.»
L'infectiologue a ensuite vigoureusement critiqué l'insuffisance des dépistages du virus, pourtant nécessaires, selon lui, afin de «remonter les chaînes de contamination». Il rappelle en effet que «lorsqu'un cas est recensé, il faut identifier et tester son entourage, ce qu'on appelle les "cas contacts", en trois jours, sinon l'épidémie vous échappe», ajoutant : «C'est sûrement ce qui est en train de se passer.»
«Enfin, au lieu de tester les voyageurs en provenance de pays très à risque, il faudrait leur imposer une quarantaine. Aujourd'hui, le Maroc et le Mexique ne figurent même pas sur cette liste, c'est ubuesque. Si ça continue, on va droit dans le mur», a-t-il conclu.