Royaume-Uni : l'ex-«Monsieur vaccin» du gouvernement appelle à la fin de la «vaccination de masse»
Clive Dix, l'ancien responsable des vaccins du gouvernement de Boris Johnson, a appelé à un revirement total de la stratégie contre le Covid. Selon lui, il est temps de traiter le virus comme endémique, de la même manière qu'une grippe.
Dans une interview accordée au Guardian le 8 janvier, Clive Dix, l'ancien chef de la task force sur les vaccins du gouvernement britannique, a appelé à un changement drastique de stratégie face à l'épidémie, et à prendre le contre-pied de l'approche des deux dernières années pour revenir à une «nouvelle normalité».
«La vaccination de masse de la population au Royaume-Uni devrait maintenant prendre fin», a-t-il ainsi estimé, ajoutant qu'il fallait désormais commencer à traiter le virus comme endémique, et donc comme la grippe. «Nous devons analyser si nous utilisons la campagne de rappel actuelle pour assurer la protection des personnes vulnérables, si cela est jugé nécessaire», a-t-il ajouté.
Clive Dix a précisé qu'il soutenait l'actuelle campagne de rappel, mais qu'une «nouvelle stratégie ciblée» était nécessaire pour que le Royaume-Uni soit en mesure de «gérer le Covid». «Nous devrions réfléchir au moment où nous arrêtons les tests et laissons les individus s'isoler lorsqu'ils ne vont pas bien et retourner au travail lorsqu'ils se sentent prêts, de la même manière que nous le faisons lors d'une mauvaise saison grippale», a-t-il déclaré.
Clive Dix souhaite par ailleurs que les ministres soutiennent de toute urgence la recherche sur l'immunité contre le Covid-19, au-delà des anticorps, pour inclure les cellules B et T (globules blancs). Ce qui pourrait selon lui aider à créer des vaccins pour les personnes vulnérables spécifiques aux variantes de Covid-19 : «Nous devons maintenant gérer la maladie, et non la propagation du virus. L'objectif futur est donc d'arrêter la progression vers une maladie grave dans les groupes vulnérables.»
Madrid veut évaluer le passage de Covid-19 à une maladie endémique
Ne partageant visiblement pas son avis, le Premier ministre Boris Johnson a indirectement répondu dans un tweet : «Le coronavirus a fait des ravages dans notre pays et le nombre de décès enregistrés atteint aujourd'hui les 150 000 [...]. Pour sortir de cette pandémie, il faut que chacun reçoive son rappel ou sa première ou deuxième dose s'il ne l'a pas encore fait.»
Mais l'analyse de Clive Dix est partagée ailleurs en Europe. Pedro Sánchez, le chef du gouvernement espagnol, a en effet annoncé ce 10 janvier sur la radio Cadena SER que l'Espagne souhaite «évaluer» le passage du Covid d'une maladie pandémique à une «maladie endémique», fort du haut niveau de vaccination. Un nouveau système de surveillance du Covid-19, proche de celui de la grippe, devrait d'ailleurs bientôt être mis en place, a de son côté indiqué El País.
La ciudadanía española ha respondido de forma positiva a la vacunación. Tenemos unos porcentajes muy altos de protección. Ahora, debemos valorar la evolución del #COVID19 hacia una enfermedad endémica y seguir impulsando la inmunización, protección y cooperación institucional. pic.twitter.com/lz2E9dd5VR
— Pedro Sánchez (@sanchezcastejon) January 10, 2022
Les propos de Clive Dix surviennent alors que le Comité conjoint pour la vaccination et l'immunisation (JCVI) a jugé que la quatrième dose n'était pas nécessaires à l'heure actuelle, car selon lui la plupart des personnes âgées ayant reçu des rappels étaient encore bien protégées contre l'Omicron, trois mois après le début de la campagne de rappel. Selon l'Agence britannique de sécurité sanitaire, la protection des plus de 65 ans serait d'environ 90%, trois mois après le rappel.
Une assertion qui prête toutefois à discussion comme le relevait Le Monde le 20 décembre dernier dans un entretien avec le PDG de BionTech (à l’origine du vaccin à ARN messager produit avec Pfizer), notant qu'une équipe allemande avait «fait récemment état d’une baisse très rapide de l’efficacité, même après trois doses». «Après trois mois, celle-ci retombait à 25%», indiquait le quotidien. Le PDG reconnaissait alors que la perte de l’efficacité contre Omicron du vaccin Pfizer/BioNTech était «très probable» avec le temps, mais qu'il fallait encore en mesurer la rapidité.