Sud Radio menacée de suppression sur YouTube en raison de propos sur le Covid ?
Selon Capital, la plateforme d'hébergement de vidéos menace de supprimer la chaîne de Sud Radio, en raison de propos tenus sur son antenne par des invités qui remettent en question la pertinence de vaccins contre le Covid ou la dangerosité du virus.
Selon les informations de Capital, le directeur général de Sud Radio Patrick Roger craint une suppression pure et simple de la chaîne YouTube aux 300 000 abonnés de sa station, en raison de propos sur le Covid-19 tenus par des invités tels que le professeur Christian Perrone. Des propos qui contreviendraient aux règles de Google, la maison mère de YouTube, concernant «les informations médicales incorrectes» sur le virus.
Le mensuel rapporte que Patrick Roger aurait envoyé fin mars un courrier à ses équipes, dans lequel il appelait à «conserver une rigueur dans la sélection des invités» face à la menace d’une suppression pure et simple de la chaîne sur YouTube.
Le géant du numérique Google explique dans sa page dédiée aux règles concernant la plateforme d'hébergement que celle-ci «n'autorise pas les contenus qui propagent des informations médicales incorrectes contredisant celles des autorités sanitaires locales ou de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) concernant le Covid-19». Une politique qui concerne «le traitement, la prévention, le diagnostic, la transmission, les consignes de distanciation sociale et d'auto-isolement, et l'existence du Covid-19». Sont par exemple concernés des contenus «qui affirment qu'il existe un remède à l'efficacité garantie contre le Covid-19». En cas d'infraction à ses règles, YouTube prévoit des sanctions allant de la suppression de la vidéo incriminée à la clôture de la chaîne, après trois suppressions de vidéos. La chaîne de FranceSoir ou celle des producteurs du film Hold up ont déjà fait les frais de cette politique et ont été supprimées par YouTube, comme le rappelle Capital.
Aucune sanction côté CSA
Or, la plateforme américaine a déjà supprimé une vidéo de Sud Radio. Il s'agissait d'une interview du professeur Christian Perrone datant du 2 décembre dernier, dans laquelle l’infectiologue déclarait que les vaccins contre le Covid-19 «faits à la va vite» sont «très dangereux» et inutiles car «le virus ne tue plus». Il affirmait par ailleurs que les vaccins à ARN messager (tels que celui de Pfizer/BioNTech) ne sont «pas du tout des vaccins, mais des produits de thérapie génique». Sud Radio a de nouveau invité Christian Perrone le 1er avril, sans toutefois publier la vidéo de l'entretien sur YouTube.
Comme le rappelle Capital, Sud Radio est régulée par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), car elle émet, en tant que radio, sur des fréquences terrestres. Or, l'autorité française de régulation de l’audiovisuel dit n’avoir pris aucune sanction concernant tous les propos tenus sur Sud Radio, ni avoir aucune instruction en cours à leur sujet.
La menace de censure de la part du géant du numérique a donc surpris, notamment, le fondateur du site Numérama Guillaume Champeau. «Voir Google/Youtube devenir plus censureux [sic] que le CSA c'est quand même inattendu pour qui se souvient des combats menés pour éviter que le CSA n'étende sa régulation à Internet. Je ne sais pas si c'est YouTube qui en fait trop ou le CSA pas assez, mais cette inversion est notable», a-t-il déclaré sur Twitter.
Voir Google/Youtube devenir plus censureux que le CSA c'est quand même inattendu pour qui se souvient des combats menés pour éviter que le CSA n'étende sa régulation à Internet. Je ne sais pas si c'est YouTube qui en fait trop ou le CSA pas assez, mais cette inversion est notable https://t.co/5KwXWdxwvs
— Guillaume Champeau (@gchampeau) April 9, 2021
Sud Radio avait annoncé le 29 mars dernier avoir franchi le cap de 300 000 abonnés sur sa chaîne YouTube, et les vidéos publiées par la station ont comptabilisé près de 12 millions de vues lors des 30 derniers jours, selon le site spécialisé SocialBlade.
La question de la régulation des contenus sur les grandes plateformes fait l'objet de débats et polémiques, en France et dans le monde. Des suspensions ou fermetures de comptes, pages ou chaînes sur les réseaux sociaux, au nom de la lutte contre les contenus haineux ou les fake news, sont régulièrement accusées de répondre à des considérations politiques. En particulier, le retentissant bannissement de Donald Trump de plusieurs grandes plateformes, parmi lesquelles YouTube, avait suscité des craintes jusqu'au-delà du camp des partisans du président américain. Dans ce contexte, des gouvernements comme ceux de Pologne et de Hongrie entendent empêcher légalement les réseaux sociaux de censurer à leur guise.