La Hongrie veut empêcher les réseaux sociaux de nuire à la liberté d'expression
La ministre hongroise de la Justice a annoncé travailler à l'instauration de sanctions contre les réseaux sociaux en cas d'«abus systématiques» consistant à limiter de façon arbitraire la liberté d'expression.
La ministre hongroise de la Justice Judit Varga a évoqué la possibilité de sanctionner les réseaux sociaux lorsque ceux-ci seraient coupables d'«abus systématiques» quant à la liberté d'expression, rapporte l'agence de presse Reuters le 18 janvier.
La membre du gouvernement a annoncé qu’elle rencontrerait l’autorité de la concurrence hongroise cette semaine afin de discuter d’éventuelles pénalités visant ce qu’elle décrit comme des pratiques commerciales injustes. Elle devrait aussi convenir d'un rendez-vous avec le comité de la liberté informatique/digitale.
Le gouvernement fustige ce qu’il considère comme des tentatives de limitation des opinions conservatrices par les entreprises qui détiennent les plateformes de réseaux sociaux.
«Le shadowban – blocage dans l'ombre – constitue pour les plateformes de réseaux sociaux l’acte, commis secrètement et pour des raisons politiques, consistant à restreindre la visibilité et l’accès d’un profil d’utilisateur sans que celui-ci en soit informé», a affirmé Judit Varga dans une publication Facebook. «Pour réduire leur portée, Facebook limite aussi la visibilité des opinions chrétiennes, conservatrices et de droite.»
La ministre est suivie par environ 120 000 abonnés, tandis que Viktor Orban en compte plus d’un million. La ministre se sert fréquemment de la plateforme pour diffuser des annonces du gouvernement.
Judit Varga appelle à traiter la question au niveau de l’Union européenne : «A cause des abus systématiques, nous pourrions avoir besoin d’intensifier notre action en amont», a-t-elle soutenu.
La Pologne travaille sur un projet de loi
La Pologne s'empare, elle aussi, du sujet afin d'empêcher les réseaux sociaux de censurer des contenus, à moins qu'ils ne violent la loi polonaise. Le gouvernement polonais est train d'élaborer à ce sujet une loi qui pourrait prendre effet en janvier 2022.
«La loi fournira des outils pour garantir les libertés fondamentales des citoyens polonais sur internet», a affirmé le ministre de la Justice Zbigniew Ziobro, cité par l'AFP. Ce nouveau dispositif doit permettre aux géants du web de «respecter la loi polonaise», alors qu'aujourd'hui, souligne le membre du gouvernement polonais, «les réseaux sociaux décident seuls quel contenu est censuré».
Le projet de loi prévoit aussi la création d'un «conseil de la liberté d'expression», qui serait composé de cinq membres. Il serait chargé d'examiner les plaintes d'utilisateurs des réseaux sociaux dont les comptes auraient été fermés ou les contenus retirés.
Ces annonces arrivent quelques jours après la suspension définitive des comptes du président américain Donald Trump de plusieurs plateformes de partage de contenus en ligne (YouTube, Facebook, Twitter…) qui ont déclaré vouloir prévenir tout risque d'appel à la violence après la prise d'assaut du Capitole le 6 janvier dernier.