«Nous avons trop longtemps été naïfs» : Paris favorable à des sanctions européennes contre Ankara
- Avec AFP
La France va plaider en faveur de sanctions au niveau européen contre la Turquie à l'heure où les tensions entre l'UE et Ankara s'articulent autour de nombreux contentieux, a déclaré le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes.
«Nous pousserons en faveur de mesures européennes de réaction forte, dont l'outil possible des sanctions», a déclaré ce 28 octobre le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes Clément Beaune devant le Sénat, la chambre haute du Parlement français.
«Le dernier épisode, qui repousse chaque jour les frontières de l'inacceptable, du président Erdogan qui a insulté le président de la République, est révélateur [...] d'une stratégie d'ensemble qui est celle de la Turquie de multiplier les provocations tous azimuts», a-t-il ajouté. «C'est toujours le même objectif : exercer une pression maximale sur ses voisins et singulièrement sur l'UE. Nous avons trop longtemps été naïfs», a estimé Clément Beaune.
Recep Tayyip Erdogan a appelé le 26 octobre ses concitoyens à boycotter les produits français, quelques jours après le rappel par Paris de son ambassadeur à Ankara. Le chef Etat turc ayant mis en cause la «santé mentale» de son homologue français.
La Turquie reproche au président Emmanuel Macron d'avoir exprimé son soutien à la liberté de caricaturer le prophète Mahomet, lors de l'hommage national à Samuel Paty, l'enseignant français décapité pour avoir montré des caricatures de Mahomet en classe.
Nombreux contentieux
Outre ces attaques récentes, les tensions et les contentieux se sont multipliés ces derniers mois entre l'UE et la Turquie. La découverte ces dernières années de vastes gisements gaziers en Méditerranée orientale a aiguisé l'appétit des pays riverains comme la Grèce, Chypre, la Turquie, l'Egypte et Israël. De quoi relancer les querelles concernant les frontières maritimes.
A l'issue d'un sommet européen mi-octobre à Bruxelles, le président du Conseil européen Charles Michel a critiqué la reprise de l'exploration gazière turque en Méditerranée orientale tout en rappelant que l'UE avait prévu d'évaluer la situation en décembre en vue d'éventuelles sanctions.
Ankara est par ailleurs engagé militairement en Libye, en soutien au gouvernement d'union nationale, et en Syrie contre les forces kurdes, alliées à la coalition internationale contre le groupe djihadiste Etat islamique, à laquelle appartiennent plusieurs membres de l'UE.
Le gouvernement turc soutient également les forces azéries engagées contre les indépendantistes arméniens au Haut-Karabagh.
La Turquie se trouve aussi sous la menace de sanctions américaines après avoir récemment testé, au grand dam de Washington, un système de défense anti-aérien sophistiqué, le S-400, acquis auprès de la Russie malgré les mises en garde de l'Otan dont Ankara fait partie.