La Convention citoyenne pour le climat liste ses propositions sous le feu des critiques

La Convention citoyenne pour le climat liste ses propositions sous le feu des critiques© Yoan VALAT / POOL Source: AFP
Emmanuel Macron participant à la Convention citoyenne pour le climat le 10 juin 2020 (image d'illustration).
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150 citoyens formulent à l'adresse de l'exécutif leurs propositions pour améliorer le climat, parmi lesquelles la reconnaissance du crime d'«écocide». D'aucuns remettent néanmoins en cause la légitimité de cette assemblée voulue par Emmanuel Macron.

Le 21 juin, la Convention citoyenne pour le climat (CCC), voulue par Emmanuel Macron dans la foulée du mouvement des Gilets jaunes, formule après neuf mois de travaux ses mesures censées favoriser la lutte contre le changement climatique.

L'une des plus polémiques vise à réduire la vitesse sur l'autoroute de 130 à 110 kilomètres par heure. La proposition suscite l'ire des associations d'automobilistes tout en faisant écho à la grogne déjà déclenchée par les 80 kilomètres par heure sur routes nationales. Cela pourrait également renouveler la colère des populations et celle d'élus éloignés des centres urbains.

Plusieurs autres des mesures adoptées par les membres de la CCC visent à réduire la place de la voiture individuelle dans les transports, avec notamment une «amélioration du forfait mobilité durable». Brièvement, il s'agit de favoriser la prise en charge par l'employeur des frais de trajet de ses salariés se rendant au travail par le vélo ou par covoiturage. La Convention propose aussi de renforcer le bonus-malus écologique sur les véhicules, les aides à la location longue durée et des prêts à taux zéro pour l'achat de véhicules propres, l'interdiction dès 2025 de la vente de véhicules neufs très émetteurs (+110 gr CO2/km) et l'interdiction aux centre-villes des véhicules les plus polluants.

Parmi les autres mesures proposées par la Convention figure un encadrement fort de la publicité, avec l'interdiction des panneaux dans l'espace public extérieur et la publicité pour des produits à fort bilan carbone – comme les véhicules du type SUV. La Convention propose également de lourdes taxes sur l'alimentation ultra-transformée, l'interdiction des semences OGM, une taxation plus forte des engrais azotés, la réduction de moitié en 2030 de l'usage des pesticides ou encore l'interdiction des plus dangereux d'ici 2035.

La liste des propositions inclut aussi l'interdiction des terrasses chauffées et de l'éclairage des magasins la nuit, ou encore une taxe sur les dividendes des sociétés pour financer la transformation de l'outil productif.

Enfin, la Convention citoyenne pour le climat a voté en faveur d'un référendum visant à introduire la lutte contre le changement climatique dans la Constitution et à créer un crime d'«écocide» (une idée qui avait déjà été rejetée au Parlement). Celui-ci est défini comme l'«action ayant causé un dommage écologique grave en participant au dépassement manifeste et non négligeable des limites planétaires, commise en connaissance des conséquences qui allaient en résulter et qui ne pourraient être ignorées».

Par ailleurs, les membres du CCC ont voté contre l'idée de mise au référendum des mesures qu'ils proposent, à l'exception de l'inscription de la lutte contre le changement climatique dans la Constitution et de la création crime d'«écocide». «Constitution, écocide – OK pour un référendum. Pour le reste, que le pouvoir prenne ses responsabilités», a lancé un des participants cité par l'AFP, résumant les arguments avancés par la plupart des intervenants.

La Convention devait répondre à la colère des Gilets jaunes : objectif non tenu ?

La Convention citoyenne a été mise en place pour répondre à la colère des Gilets jaunes qui avaient lancé leurs mobilisations fin 2018 contre l'augmentation de la taxation des carburants. Créé officiellement en 2019, ce potentiel énième comité Théodule est composé de 150 citoyens tirés au sort. La légitimité et la crédibilité de cette CCC ont été rapidement remises en cause, notamment lorsqu'un soutien médiatique d'Emmanuel Macron, Daniel Cohn-Bendit, s'est retrouvé tiré au sort (il a malgré tout décliné la mission).

Après les annonces des différentes conclusions de la Convention, néanmoins, des politiques et commentateurs ont salué son travail.

La députée La République en marche (LREM) des Yvelines, Yaël Braun-Pivet considère ainsi la CCC comme «une chance pour notre démocratie !» «A nous désormais de faire vivre leurs propositions : démocraties participative et représentative ne s’opposent pas, elles se complètent !», poursuit-elle sur Twitter.

La maire socialiste (PS) de Paris Anne Hidalgo félicite pour sa part la CCC : «Un grand bravo à ces 150 citoyennes et citoyens engagés pour l’environnement avec leurs propositions audacieuses et inspirantes !»

Sans surprise, Europe Ecologie Les Verts soutient également le cap souhaité par la CCC.

Soutenant lui aussi les décisions de la CCC, le député du Mouvement radical, Bertrand Pancher, veut désormais faire «travailler [...] ces propositions [d]es représentants de société civile afin d’aboutir à des consensus et [faire] adhérer nos concitoyens avant de les mettre en œuvre».

Considérant qu'«il y a beaucoup de choses en commun [entre la CCC et le] programme de La France insoumise, le député Jean-Luc Mélenchon s'est aussi satisfait que la CCC ait posé le temps de travail parmi les enjeux climatiques (la CCC avait d'abord proposé d'abaisser la semaine à 28 heures avant de se raviser).

D'autres ont protesté contre la légitimité de la CCC et des mesures votées. La présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, désapprouve la Convention qui était «censée répondre à la crise des Gilets jaunes» et qui, finalement, «accouche de propositions toutes plus loufoques les unes que les autres, sans conscience des réalités économiques et sans aucune pertinence sociale et écologique».

Le président des Patriotes, Florian Philippot, considère quant à lui que les «panélistes de la Convention citoyenne pour le climat» ne sont «pas bien courageux sur le libre-échange», en ne «réclamant timidement [qu']une "renégociation et un moratoire sur le CETA" (et les autres traités ?)». «Comme s’ils avaient été bien cornaqués : pas touche à l’UE ni au mondialisme !», ajoute-t-il.

Le directeur adjoint du Figaro Vincent Tremolet de Villers, estime avoir «du mal à saisir la légitimité démocratique de 150 personnes tirées au sort, qui élaborent des propositions qui touchent à la vie quotidienne, propositions qui pourraient donner lieu à référendum». «Et les élus de la Nation ?», interroge-t-il.

Le président de l'Institut Sapien Olivier Babeau estime que si «la Convention citoyenne s’annonçait comme une remarquable usine à taxes, interdictions et autres projets "soviétoïdes" repeints en vert, sa production dépasse toutes les espérances».

L'urologue et homme d'affaires Laurent Alexandre estime que «le programme de la convention citoyenne pour le climat est une autoroute vers une dictature verte et la tiers-mondisation».

Emmanuel Macron recevra les 150 membres de la Convention citoyenne sur le climat lundi 29 juin à l’Elysée «afin d’apporter une première réponse à leurs propositions».

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