«On nous a envoyé prendre des risques» : la colère d'assesseurs après les municipales

«On nous a envoyé prendre des risques» : la colère d'assesseurs après les municipales© Christophe ARCHAMBAULT Source: AFP
Un bureau de vote parisien, deux jours avant le premier tour des municipales (image d'illustration).
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En dépit de la crise du coronavirus qui frappe le pays de plein fouet, l'exécutif a décidé de maintenir le premier tour des municipales. Mobilisés pour l'événement, des citoyens confient leur amertume alors que certains ont été testés positifs.

Près d'une semaine après le premier tour des municipales – maintenu malgré la pandémie du coronavirus – certains citoyens mobilisés pour l'organisation du scrutin ont accepté de témoigner auprès de RT France.

C'était une erreur [...] Mon médecin pense que j'ai le virus mais je n'ai pas passé le test

Elodie, qui a été assesseure dans un bureau de vote à Lyon, s'est décidée à aborder le sujet alors qu'elle ressent des symptômes depuis le 19 mars, soit quatre jours après la journée du vote. 

Après avoir eu des «maux de gorge, migraines, douleurs thoraciques et toux», notre interlocutrice explique avoir rencontré son médecin. «Il pense que j'ai le virus mais je n'ai pas passé le test. Je travaille dans le domaine bancaire, j'ai travaillé de lundi à jeudi et j'ai pu transmettre le virus», se désole-t-elle aujourd'hui. Elodie fait également part de ses inquiétudes la veille du scrutin qui l'ont fait hésiter à remplir sa mission. «Je m'étais engagée alors j'y suis allé», explique-t-elle toutefois.

Sur place, elle décrit un environnement peu rassurant en termes sanitaires. «Nous n'avions pas de masques, je sais qu'il s'agit d'une denrée rare mais j'ai croisé entre 350 et 400 personnes dans la journée. Il y avait des gants, des lingettes désinfectantes et du gel hydroalcoolique mais derrière le bureau de vote nous étions assis les uns à côté des autres, sans protection», raconte Elodie. «Je pense que c'était une erreur, on savait très bien que le deuxième tour n'aurait pas lieu le dimanche suivant et on nous a envoyé prendre des risques», conclut-elle.

La mairie d'arrondissement a harcelé les listes

Assesseure dans un autre bureau de vote lyonnais, Margaux Vidal, qui se présente sur Twitter comme chargée de missions actions collectives & militantes chez «les Jeunes Européens Lyon», accepte également de revenir sur cette journée électorale, bien qu'asymptomatique à ce jour.

«J'étais la seule sur les quatre prévues. Il y avait un nombre impressionnant de désistements à tel point que la mairie d'arrondissement a harcelé les listes», raconte-t-elle pour montrer «l'incongruité de ce scrutin». Sur place, elle dit avoir observé «le manque de consignes sanitaires claires» : «Port du masque ou pas ? Port de gants ou pas ? Toucher la carte électorale ou pas ? Quid pour faire signer les électeurs ?», s'interroge-t-elle.

Les scrutateurs n'étaient pas éloignés d'un mètre et ne portaient pas tous des gants et un masque

Margaux Vidal poursuit : «Le souci le plus grand est venu lors du dépouillement avec les scrutateurs. Quand on a mis en place les tables, les scrutateurs n'étaient pas éloignés d'un mètre et ne portaient pas tous des gants et un masque», déplore-t-elle aujourd'hui. Comme Elodie, Margaux explique avoir hésité la veille du scrutin, expliquant toutefois vouloir remplir sa mission. «Je me suis dit qu'il faillait que la République vive, je me mettais en mode résistance face à une attaque terroriste comme en 2015 : "Vive la République et vive la France !!" Rétrospectivement, c'était une mauvaise lecture. Je n'avais pas totalement connaissance de la gravité du coronavirus. C'était flou et j'aurais dû faire jouer le principe de précaution, mais mon envie de servir la République était trop grand», confie-t-elle aujourd'hui.

Des contaminations détectées, un assesseur hospitalisé

Dans la semaine consécutive au scrutin, plusieurs cas de contamination ont été rapportés de part et d'autre du territoire. «Nous venons d'apprendre qu’une personne, assesseur dimanche au groupe scolaire Guyot Dessaigne, et s'étant rendue ensuite à la mairie, est hospitalisée au CHU, diagnostiquée Covid19», a par exemple tenu à informer le 20 mars la ville de Billom dans le Puy-de-Dôme.

«Nous venons d'être informés que 3 cas de coronavirus ont été détectés parmi les assesseurs des récentes élections municipales», expliquait pour sa part le 19 mars la ville de Montmagny, se voulant toutefois rassurante sur le fait que «toutes les mesures de protection [avaient] été mises en œuvre lors de ce scrutin». «Il n'y a, a priori, pas lieu de s'inquiéter. Restons toutefois attentifs aux symptômes [...] Prenons soin les uns des autres», conclut le communiqué.

«Président de bureau de vote dimanche dernier & diagnostiqué covid+ aujourd’hui, je lance un cri d’alarme : pourquoi nous a-t-on fait voter ?? Combien de présidents de bureau dans mon cas ?? Quel responsable nous a fait foncer tête baissée vers le virus ??», a de son côté tweeté Paul Hatte, président d'un bureau de vote dans le XVIIe arrondissement de Paris.

Il est révoltant de voir que des masques sont utilisés pour des élections alors que des professionnels de santé, au contact avec des personnes fragiles, n’en n’ont pas assez

Marqué par une abstention record, le maintien du vote décidé par le gouvernement constitue un choix très contesté dans l'opinion publique. Et pour cause, l'organisation du scrutin s'inscrit dans le contexte sanitaire pour le moins sensible, notamment en raison de la pénurie de matériel comme les masques ou le gel hydro-alcoolique. Ainsi, un médecin cité par Le Progrès avait poussé un cri de colère en pénétrant dans un bureau de vote de Saint-Galmier, dans le département de la Loire. «Il est révoltant de voir que des masques sont utilisés pour des élections alors que des professionnels de santé, au contact avec des personnes fragiles, n’en n’ont pas assez dans le cadre de leur activité. Il y a un risque réel», avait tonné le praticien avant de repartir.

Fabien Rives

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