Qui est Laurent Pietraszewski, nouveau secrétaire d’Etat en charge des retraites ?
Le député du Nord, ancien responsable des ressources humaines chez Auchan, a été nommé par Emmanuel Macron pour succéder à Jean-Paul Delevoye. Décrit comme un «macroniste de la première heure», il devra trouver une sortie au conflit social.
La France a un nouveau «Monsieur Retraites». Après la démission de Jean-Paul Delevoye du poste de secrétaire d’Etat en charge des retraites, en réaction à plusieurs mandats non déclarés auprès de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), Emmanuel Macron a nommé le député LREM du Nord, Laurent Pietraszewki, pour lui succéder. Une information publiée au Journal officiel ce 18 décembre.
Décrit par Marc Fesneau, ministre en charge des relations avec le Parlement, le jour même sur Public Sénat, comme «un bon connaisseur du dossier», Laurent Pietraszewki aura la lourde tâche de reprendre les négociations avec les syndicats dans le cadre de la future réforme voulue par le gouvernement. Le bras de fer entre le gouvernement et les partenaires sociaux se poursuit avec un 14ème jour de grève consécutif dans les transports au lendemain d’une journée de mobilisation nationale.
Une carrière dans les ressources humaines
A 53 ans, le natif de Saint-Denis, élu depuis 2017 dans la 11ème circonscription du Nord, devait être le rapporteur du projet de réforme des retraites lors de son examen en février prochain au Parlement, avant la défection de Jean-Paul Delevoye. Il sera présent lors du Conseil des ministres prévu ce 18 décembre. L’entourage du chef de l’Etat, cité par l’AFP, voit dans l’ancien rapporteur de la loi travail en 2017 un «macroniste de la première heure» et un «fin connaisseur des questions sociales et du système des retraites».
Avant son entrée en politique en 2016 dans le nouveau parti d’Emmanuel Macron, Laurent Pietraszewski avait fait carrière dans le groupe de grande distribution Auchan, occupant plusieurs postes dans le management opérationnel et les ressources humaines. Selon sa déclaration d’intérêt et d’activités, dont la dernière version date du 6 octobre, le député avait bénéficié, fin août, d'une indemnité de licenciement d'une valeur de 71 872 euros de la part d'Auchan pour en avoir été «Responsable Département Ressources humaines». Ayant suspendu son contrat avec le distributeur après son élection en 2017, le député avait refusé une mutation dans le cadre d'un plan de réorganisation, ce qui avait conduit à son licenciement pour motif économique nous apprend Libération.
Par ailleurs, Laurent Pietraszewski avait également été cité par Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon dans leur ouvrage Le président des ultra-riches (Zones) comme l'a rappelé sur Twitter un journaliste de Libération. Les sociologues y racontent une péripétie datant de 2002, lors d’un conflit social chez Auchan, au cours de laquelle Laurent Pietraszewski, alors responsable des ressources humaines de l’hypermarché de Béthune (Pas-de-Calais), avait mis à pied une salariée syndiquée de la CFDT pour une «erreur de commande de 80 centimes d’euro et un pain au chocolat cramé donné à une personne».
Dans le "Président des ultra-riches" des Pincon-Charlot, on peut lire que Laurent Pietraszewski aurait licencié une salariée syndiquée CFDT pour une erreur de commande de 0,80€ et un pain au chocolat cramé lorsqu'il dirigeait les ressources humaines de l'hypermarché de Béthune. pic.twitter.com/a2A51Y3ba4
— Damien Dole (@DamienDole) December 18, 2019
La tâche s’annonce difficile pour celui qui succède à Jean-Paul Delevoye, seulement trois mois après son entrée au gouvernement. Son remplacement intervient alors que le collège de la HATVP doit se réunir afin de statuer sur le dossier de l’ancien ministre. La HAVTP pourrait saisir la justice si elle décèle une «omission substantielle» des intérêts d’un déclarant ayant eu une intention de dissimulation. Devant l’Assemblée nationale le 17 octobre, Edouard Philippe a assuré que Jean-Paul Delevoye était «informé de ses obligations» et que Matignon n’était par contre «pas informé de l’ensemble des mandats qu’il occupait».
Alexis Le Meur