Goulard à nouveau convoquée par le Parlement européen pour dissiper les «doutes» sur son intégrité
Les parlementaires ont jugé insuffisantes les premières réponses de la candidate à la Commission européenne. Elle est soupçonnée d'être impliquée dans une affaire d'emplois fictifs et a, par ailleurs, entretenu des liens avec un think tank américain.
Le Parlement européen a convoqué la candidate française à la Commission européenne, Sylvie Goulard, pour une seconde audition le 10 octobre, afin de lui permettre de dissiper les «doutes» subsistant sur son intégrité, a appris l'AFP auprès d'un groupe parlementaire.
«Sylvie Goulard a été convoquée pour une seconde audition de 9h30 à 11h au cours de laquelle 13 questions lui seront posées. Une décision sera prise ensuite sur son aptitude ou non à être nommée commissaire», a expliqué à l'AFP un porte-parole du groupe du Parti populaire européen (PPE).
Dans des propos rapportés à l'agence de presse, le chef d'un groupe politique s'est interrogé, sous couvert d'anonymat. Selon cette source, celle qui est pressentie pour briguer l'important portefeuille de commissaire responsable du marché intérieur, de l’industrie, du numérique, de la défense et de l’espace «doit expliquer pourquoi une enquête qui l'a contrainte à démissionner de son poste de ministre en France ne l'empêcherait pas de devenir commissaire européen».
Problème de ressources humaines
La candidate française a démissionné en juin 2017 de son poste de ministre des Armées après sa mise en cause dans une enquête judiciaire en France sur des emplois présumés fictifs d'assistants des eurodéputés du Mouvement démocrate (MoDem), son parti politique. L'Office européen de lutte anti-fraude (OLAF) a également ouvert une enquête sur la même affaire. Les deux procédures sont en cours, mais Sylvie Goulard n'a, jusqu'à présent, pas été mise en examen.
Sylvie Goulard a déjà remboursé 45 000 euros, somme qui correspond à huit mois de salaire d'un de ses assistants, pour lequel elle n'avait pu fournir aucune «preuve de travail». Niant tout «intention frauduleuse», l'intéressée avait expliqué, lors de son audition le 2 octobre, qu'il s'agissait là d'un «problème de ressources humaines».
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Proximité avec un think tank américain
Des interrogations ont également été émises lors de sa première audition devant le Parlement européen sur ses activités ayant justifié d'importantes rémunérations obtenues entre 2013 et 2016 de l'institut Berggruen, un think tank américain fondé par le milliardaire germano-américain Nicolas Berggruen, alors qu'elle était députée européenne. En tant que consultante, elle aurait ainsi touché plus de 10 000 euros mensuels entre octobre 2013 et janvier 2016, alors qu'elle était eurodéputée.
Elle avait notamment expliqué que son objectif était d'«avoir accès a un certain nombre de personnes influentes» pour «faire avancer des idées». Devant le Parlement européen, elle a répondu sur un angle plus économique, assurant : «Je n'avais aucune relation d'aucune sorte avec les activités commerciales [du fondateur de cet institut].»
Selon elle, l'OLAF aurait «examiné» s'il pouvait exister un conflit d'intérêts dans le cadre de son travail avec ce think tank. L'institution lui aurait alors écrit le 1er octobre qu'aucun fait «corroborant les soupçons» n'avait pu être établi contre elle.
Refus de démissionner en cas de mise en examen
Après sa première audition, les députés européens lui ont demandé des explications par écrit sur ces points. Il lui ont notamment demandé si elle démissionnerait au cas où elle serait mise en examen dans l'enquête en France sur les emplois présumés fictifs des assistants des eurodéputés MoDem. Ses réponses écrites ont été jugées «insatisfaisantes» et ont conduit le Parlement à demander une seconde audition.
«Si je suis confrontée à des décisions judiciaires, telles qu'une mise en examen, je me demanderai si je peux continuer à exercer efficacement mon mandat», a écrit l'ancienne ministre des Armées dans ce document, obtenu par l'AFP. Elle a poursuivi en affirmant : «Je consulterai ensuite, conformément au code de conduite de la Commission, la présidente [de la Commission européenne Ursula von der Leyen] sur les mesures à prendre.»
La Française, désignée par le président français Emmanuel Macron, a néanmoins exclu de démissionner automatiquement de l'exécutif européen si ce scénario se matérialisait. Toutefois, elle s'engage «à démissionner» dans le cas où elle serait «condamnée par un jugement définitif pour une infraction relevant de l'exercice d'une fonction publique».
Les coordinateurs des groupes politiques se réuniront après l'audition de Sylvie Goulard pour décider si sa candidature peut être retenue ou non. La nouvelle Commission européenne doit entrer en fonction le 1er novembre.
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