Vœux du Nouvel An : Emmanuel Macron vitupère «les porte-voix d'une foule haineuse»
Ce 31 décembre, Emmanuel Macron s'est prêté pour la deuxième fois aux vœux de Nouvel An. Révolte des Gilets jaunes oblige, le président a reconnu qu'une «colère» avait éclaté «qui venait de loin» mais a dénoncé «les porte-voix d'une foule haineuse».
Eric Drouet, l'une des figures des Gilets jaunes, a posté un extrait du discours d'Emmanuel Macron dans lequel celui-ci pointe les débordements qui ont eu lieu en marge des mobilisations des Gilets jaunes, sans les nommer. Alors que le président de la République a évoqué une «foule haineuse», Eric Drouet commente quant à lui, à l'attention des Gilets jaunes : «Ça va vous donner des forces !!»
Le locataire de l'Elysée conclut son intervention par ces mots : «Je sais que notre avenir dépend de notre capacité à nous aimer, à aimer notre patrie. Je crois en nous, je crois en cet espoir français et européen»
«Je crois très profondément en cette Europe qui peut mieux protéger les peuples [...] Nous voulons en finir avec ce sentiment d'impuissance qui existe à tous les niveaux.»
«Que certains prennent pour prétexte de parler au nom du peuple [...] et n'étant en fait que les porte-voix d'une foule haineuse, s'en prennent aux élus, aux forces de l'ordre, aux journalistes, aux juifs, aux étrangers, aux homosexuels, c'est tout simplement la négation de la France», s'insurge le président de la République. Il affirme en outre, dans une allusion à peine voilée à certains débordements survenus lors de manifestations des Gilets jaunes, que l'«ordre républicain sera assuré sans complaisance».
Le chef de l'Etat formule trois voeux : «Cette année 2019 est à mes yeux décisive et je veux former trois vœux. D'abord un vœu de vérité : on ne bâtit rien sur des mensonges.»
«Mon deuxième vœu est un vœu de dignité. Je suis convaincu que chaque citoyen est nécessaire pour le projet de la nation.»
«Je veux former un troisième et dernier voeu : un voeu d'espoir. Espoir en nous mêmes comme peuple, en notre avenir commun, en notre rêve européen.»
«Nombre de citoyens ne se sentent pas respectés», déplore-t-il tout en assurant que le gouvernement prépare des «réponses» pour y remédier.
«On peut débattre de tout mais débattre du faux peut nous égarer. Il est indispensable de rétablir une confiance démocratique basée sur la vérité de l'information. Ce vœu de vérité est un vœu d'écoute, de dialogue, d'humilité.»
«La colère en 2018 a dit une chose : "Nous ne sommes pas résignés".»
«Nous ne sommes pas résignés, notre pays veut bâtir un avenir meilleur, tel est à mes yeux, la leçon à retenir de 2018. Nous voulons innover sur le plan politique, social, environnemental pour y parvenir», affirme le chef de l'Etat en évoquant le climat social dans l'Hexagone.
Une colère qui venait de loin
Le chef de l'Etat a également fait référence à «de grands déchirements et une colère qui venait de loin : colère contre les injustices, contre le cours d'une mondialisation parfois incompréhensible, colère contre un système administratif devenu trop complexe et manquant de bienveillance, colère aussi contre des changements profonds qui interrogent notre société sur son identité et son sens».
«L'année [2018] ne nous a pas épargné de nombreux événements, des victoires sportives, le centenaire de l'armistice ou encore nombre de transformations», déclare Emmanuel Macron en préambule de son discours.
Pour Emmanuel Macron, l'exercice des vœux aux Français relève cette année de la session de rattrapage. Après plus d'un mois de mobilisation des Gilets jaunes, les interventions du président de la République se font de plus en plus rare, et l'Elysée a choisi dernièrement de pas communiquer en avance sa position géographique exacte. C'est ainsi que l'on a pu apprendre, a posteriori, qu'Emmanuel Macron et son épouse Brigitte avaient séjourné quatre jours au fort de Brégançon dans le Var.
On a aussi aperçu le couple présidentiel dans les rues de Saint-Tropez, haut-lieu de la jet set. Le 25 décembre, Emmanuel Macron a posté un tweet laconique pour souhaiter aux Français un «joyeux Noël», dernière déclaration en date.
Brigitte se joint à moi pour souhaiter un joyeux Noël à chacun d’entre vous.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 25 décembre 2018
Si sa dernière apparition télévisée, le 10 décembre dernier, avait témoigné d'une certaine maîtrise, les mains soigneusement plaquées sur le bureau du Salon doré du palais présidentiel, les annonces faites à cette occasion n'avaient pas suffi à mettre un terme au mouvement de contestation citoyen des Gilets jaunes.
Si le chef de l'Etat a condamné les violences, il a assuré que la colère des manifestants était «juste à bien des égards»
— RT France (@RTenfrancais) 10 décembre 2018
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Aussi, ce 31 décembre, Emmanuel Macron doit s'atteler à tenter, une nouvelle fois, de calmer la grogne des Français. Ce ne sera pas chose facile alors que s'ajoute, dans ce contexte difficile pour l'exécutif, l'affaire Benalla qui rebondit en pleine trêve des confiseurs.