Mobilisation des Gilets jaunes : le mouvement amené à se prolonger (EN CONTINU)
Entre affrontements des manifestants avec les forces de l'ordre, tirs de gaz lacrymogène, canons à eau et dégâts matériels, l'«acte deux» des Gilets jaunes à Paris le 24 novembre a été mouvementé.
Sur Twitter, Marion Maréchal a accusé le gouvernement d'avoir voulu «salir la mobilisation des milliers de Gilets jaunes ». Elle a en outre pointé du doigt que les casseurs présents à la mobilisation sur les Champs-Elysées le 24 novembre, et à laquelle elle a elle-même participé, étaient issus des rangs de «l’extrême gauche». «Une vraie manipulation. Moi aussi j’ai honte, honte de nos dirigeants.», a-t-elle poursuivi.
Le gouvernement a voulu salir la mobilisation des milliers de #giletsjaunes dans toute la France avec une poignée de casseurs... d'extrême-gauche ! Une vraie manipulation. Moi aussi j’ai honte, honte de nos dirigeants. pic.twitter.com/cFdldjPDzX
— Marion Maréchal (@MarionMarechal) 26 novembre 2018Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a soutenu ce 27 novembre que seule une «infime minorité» des Gilets jaunes ayant défilé faisait partie de «l'ultradroite».
En effet, s'exprimant au sujet des dégradations sur les Champs-Elysées, le porte-parole du gouvernement a estimé qu'elles étaient le fruit d'«une infime minorité, mais très visible, qui a cassé, qui a détruit, qui a violenté, qui a brûlé», avant d'ajouter que ceux qui défilaient en scandant «on est chez nous», lui rappelaient «les manifestations qui, en général, accompagnent soit le cortège du Front national, le 1er mai, soit les rassemblements de l'ultradroite identitaire française».
Griveaux soutient Darmanin
Benjamin Griveaux a par ailleurs souhaité exprimer son soutien au ministre de l'Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, critiqué pour ses propos concernant la journée du 24 novembre. «Sur les Champs-Elysées, c'est la peste brune qui a manifesté, pas les Gilets jaunes» avait-il, notamment, commenté.
#Giletsjaunes : pour #Darmanin, «c’est la peste brune qui a manifesté sur les Champs-Elysées»
— RT France (@RTenfrancais) 25 novembre 2018
➡️ https://t.co/2v9xStfkCSpic.twitter.com/D68qXCEQCJD'après Bruno Le Maire, le mouvement des Gilets jaunes a eu «un impact sévère» sur l'activité économique.
«Dans la grande distribution, la perte de chiffre d'affaires a été de 35% le samedi 17 novembre et de 18% le samedi 24 novembre. Dans la semaine, elle s'est échelonnée entre 8% et 15%», a affirmé le ministre de l'Economie ce 26 novembre à l'issue d'une rencontre avec les représentants des organisations professionnelles. Il a toutefois jugé qu'il était «trop tôt» pour évaluer l'impact de ces actions sur la croissance.
Dans un communiqué relayé sur les réseaux sociaux ce 26 novembre, le mouvement des Gilets jaunes a annoncé qu'il s'était doté d'une délégation composée de «communicants officiels» nationaux dans l'optique de rencontrer Emmanuel Macron.
«Certaines personnes arborant un gilet jaune remontaient les Champs-Elysées avec des drapeaux en disant : "On est chez nous". Ceux-là appartiennent à une extrême droite très identitaire. D'ailleurs, leurs slogans s'en font l'écho. Et ceux-là, nous les combattrons à chaque minute, à chaque heure, et à chaque journée de ce quinquennat, jusqu'au bout», a affirmé Benjamin Griveaux.
«Oui, il y a eu quelques manifestants, [...] minoritaires, qui sont des factieux et des séditieux et ceux-là n'ont pas leur place dans la République», a-t-il par ailleurs ajouté, tout en assurant que le gouvernement combattrait «à chaque minute, à chaque heure, et à chaque journée de ce quinquennat» l'extrême droite «identitaire».
Il a enfin fustigé le «silence assourdissant» de l'opposition au sujet de la venue, dans la propriété de la députée LREM Mireille Robert, le soir du 23 novembre, près de Limoux (Aude), d'une quarantaine de «gilets jaunes» encagoulés et casqués, qui ont ensuite enflammé des palettes avant de prendre la fuite.
A l'issue d'une conférence de presse organisée ce 26 novembre, Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, le président français Emmanuel Macron a averti ses ministres que les «scènes de guerre» du 24 novembre pourraient décourager les investisseurs
Sur Facebook, des policiers, dont certains avaient participé à la manifestation des «policiers en colère» en 2016 ont lancé un défi : se prendre en photo avec un gilet jaune siglé «police», en signe de solidarité.
«Solidarité avec la #France d'en bas dont nous faisons partie» : des policiers avec les #Giletsjaunes
— RT France (@RTenfrancais) 26 novembre 2018
➡️ https://t.co/z2P72670f8pic.twitter.com/aEhser9xEQLes gilets jaunes restent mobilisés notamment dans le Var.
Après les violences de ce samedi à Paris, les gilets jaunes restent mobilisés notamment dans le VarUn homme de 27 ans était en garde à vue ce 25 novembre, soupçonné d'avoir «gravement blessé à l'oeil» un policier «par un jet d'écrous» le 24 novembre au soir lors de la dispersion d'un rassemblement de «gilets jaunes» sur les Champs-Elysées, a appris l'AFP de sources concordantes.
Selon plusieurs sources proches du dossier, «le policier a été hospitalisé, mais les médecins sont sceptiques sur les chances de sauver son oeil».
Interpellé sur les lieux, le jeune homme risque 15 ans de réclusion, a précisé une source judiciaire.
Au lendemain de la mobilisation des Gilets jaunes en France, le président de la République a exprimé ce 25 novembre son souhait de trouver une réponse économique, sociale et culturelle aux «classes moyennes et [aux] classes laborieuses». Et ce, afin de bâtir «un projet politique [...] au niveau national et européen» a déclaré Emmanuel Macron en marge d'un Conseil européen extraordinaire qui entérinait le Brexit.
Le chef d'Etat français a par ailleurs contesté l'opposition entre les grandes métropoles et le monde rural, un clivage particulièrement mis en avant par les Gilets jaunes. «Il y a ceux qui réussissent dans cette mondialisation et ceux pour qui le progrès n'est plus accessible» a-t-il ajouté.
Cette fois, c'est à Paris que ça se passe. Après le premier acte, qui a réuni des dizaines de milliers de Gilets jaunes à travers l'Hexagone le 17 novembre, le deuxième se tiendra ce 24 novembre, principalement à Paris.
Avec une organisation toujours insaisissable, les Gilets jaunes se mobiliseront, comme la première fois, au détour d'un mot d'ordre lancé à la cantonade sur internet. De quoi dérouter les forces de l'ordre.
Pourtant, s'il on en croit une note de la Direction du Renseignement de la préfecture de police de Paris (DRPP) que Le Parisien s’est procurée, les autorités ont une idée très précise des manifestations. Quelque 3 000 membres des forces de l’ordre sont ainsi attendus à Paris pour encadrer les rassemblements.
Neuf secteurs géographiques identifiés
Outre le rassemblement autorisé du Champ de Mars (VIIe), les autorités prévoient du mouvement dans huit secteurs de la capitale : la place de la Concorde, les abords de l’Elysée (VIIIe), la place de l’Etoile et les Champs-Elysées (VIIIe), les abords de l’Assemblée nationale (VIIe) et ceux du Sénat (VIe). Les places de la Madeleine (VIIIe), la République (XIème), la Nation (XIIe) ainsi que la Porte Maillot (XVIIe) seront également encombrées par les manifestations, prévoit la note des renseignements.
Les VTC seront là, les casseurs aussi
La DRPP s’attend à la mobilisation de 100 à 200 chauffeurs de VTC auxquels des chauffeurs de taxi et des routiers pourraient se joindre.
Quelque 80 à 120 militants de l’ultra-droite et 100 à 200 membres de «la mouvance contestataire radicale» devraient être présents. Selon la note de la DRPP, ils «devraient chercher à se livrer à des violences et des dégradations dans le cadre des rassemblements […] ou des déambulations».
Périph’ bloqué au petit matin ?
Les autorités notent que «des appels à des blocages du boulevard périphérique ou des opérations escargot ont été lancés, notamment par la Fédération des motards en colère, dès 6 heures au départ de la Porte Maillot».
L'Elysée tente de désamorcer la colère
Face à la gronde, le président Emmanuel Macron s'efforce de reprendre l'initiative avec l'annonce de nouvelles mesures attendue en début de semaine. L'Elysée a notamment annoncé que le chef de l'Etat exposerait le 27 novembre ses choix en matière d'énergie, notamment sur le nucléaire, pour élaborer la très attendue future Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) au 1er semestre 2019.
Il va aussi «donner le cap sur la transition écologique», devant les membres du Conseil national de la transition écologique (CNTE), composé d'élus, de syndicats, d'ONG et d'associations.
Objectif : la rendre «acceptable», a expliqué l'Elysée à l'AFP, alors que l'exécutif s'est appliqué ces derniers jours à démontrer qu'il gardait «le cap», au risque d'être taxé d'inflexible par les oppositions.
«Nous avons reçu le message des citoyens. Il nous invite à aller plus loin. Pour qu'elle ne soit pas socialement inacceptable, il faut que la transition écologique, qui est nécessaire, soit juste, équitable et démocratique», fait valoir la présidence.
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