La République en marche vers une première fronde parlementaire ?
Après la création par une députée d'un cercle au sein de LREM pour incarner «la jambe sociale de la majorité», un député, Jean-Michel Clément, passe désormais à l'étape suivante : rassembler des marcheurs dans un groupe parlementaire d'opposition.
Alors qu'Emmanuel Macron doit faire face à l'affaire d'Etat «Alexandre Benalla», il devra également lutter contre une première fronde parlementaire. Plusieurs députés La République en marche (LREM) emmenées Jean-Michel Clément se préparent en effet à constituer un groupe parlementaire dans l'opposition.
Le projet de loi asile et immigration porté par Gérard Collomb a d'ailleurs, semble-t-il, été la goutte politique de trop pour ces nouveaux «frondeurs».
Interrogé par Politis, Jean-Michel Clément, retiré du groupe parlementaire LREM après son vote contre la loi Collomb, assure que l'opposition se concrétise au sein des marcheurs : «Avec d’autres élus, qui se feront connaître quand ils le souhaiteront, nous réfléchissons plus que sérieusement à la construction d’un groupe parlementaire. Et nous ne sommes pas seuls. Il existe au sein de la majorité deux groupes qui s’interrogent sur la possibilité de la quitter.»
Déjà opposé à la loi Collomb, Jean-Michel Clément, qui se dit attaché «à la fonction parlementaire via son prisme territorial», proteste également contre le projet de réforme constitutionnelle, actuellement débattue à l'Assemblée nationale.
De fait, l'élu de la Vienne n'hésite plus à considérer la politique d’Emmanuel Macron comme n’étant «pas la bonne», quitte à regretter certains choix précédents : «Si c’était à refaire, je ne pense pas que les autres députés et moi revoterions pour les réformes économiques non plus. Alléger l'impôt sur la fortune, c’était renier beaucoup de nos idéaux de gauche.»
Si c’était à refaire, je ne pense pas que les autres députés et moi revoterions pour les réformes économiques
Déçu par l'action de l'ancien conseiller et ministre de François Hollande, Jean-Michel Clément se montre offensif contre le chef d'Etat : «On parlait de social-démocratie, on est passé au social-libéralisme. Maintenant, nous en sommes à une politique strictement libérale.»
«Nous serons dans l’opposition», insiste-t-il d'ailleurs sans mentionner une date de concrétisation pour la formalisation du groupe parlementaire. Il adresse également un message à ses collègues macronistes : «A ceux qui restent encore dans la majorité, je les invite à s’émanciper.»
Brigitte Bourguignon, une mini-fronde en signe d'avertissement pour LREM
En février dernier, certains indices pouvaient laisser entrapercevoir une légère contestation chez les marcheurs. La députée Brigitte Bourguignon créait ainsi un «pôle social» au sein de LREM, avec une trentaine de députés LREM issus de l'aile gauche du parti – dont Jean-Michel Clément – pour incarner «la jambe sociale de la majorité». A l'époque, ces marcheurs refusaient d'être apparentés comme des frondeurs au sein des macronistes. Avant que Jean-Michel Clément indique le chemin de la nouvelle marche ?
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