Comment les députés fantômes de LREM justifient-ils leur absentéisme à l’Assemblée ?

Comment les députés fantômes de LREM justifient-ils leur absentéisme à l’Assemblée ?© Pierre Verdy Source: AFP
L'Assemblée nationale à Paris.
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Quatre députés de La République en marche, cancres de l'Assemblée, ont justifié leur faible activité parlementaire et leurs rares interventions. Famille, timidité, missions annexes ou temps passé en interviews : toutes les excuses y passent.

Quatre parlementaires La République en marche (LREM), peu présents dans l'hémicycle, font partie des députés «fantômes», dont la faible activité parlementaire a été mise en lumière par nosdeputes.fr, site orchestré par le collectif Regards citoyens à partir des données fournies par l’Assemblée. Les députés ont accepté d’expliquer la fréquence de leurs défections et la rareté de leurs interventions ou propositions d’amendements au Huffington Post le 17 juin. Ces députés du fond de classement, place où sont aussi représentées les autres formations politiques, déploient une palette d'excuses inventives, allant de la discrétion au temps accaparé par les journalistes.  

Sécher l'Assemblée au profit du terrain

Didier Baichère, député LREM de la 5e circonscription de la Haute-Garonne depuis le 21 juin 2017, n’a été présent que 29 semaines sur un an, tandis que certains de ses collègues atteignent 43 semaines de présence. Il n’a posé qu’une question orale et n’a proposé que neuf amendements.

Je dois faire de la pédagogie sur le terrain

Le député se justifie par son travail local, dans les Yvelines : «Il y a un grand absent dans l'observation du travail parlementaire, c'est la circonscription». «Je suis dépositaire d'un projet sur lequel on a été élu donc je dois faire de la pédagogie sur le terrain», explique-t-il. Relativisant l’importance de la présence dans hémicycle, il évoque son travail en coulisses : «Vous allez me croiser davantage dans les préfectures ou dans les réunions avec les cabinets ministériels plutôt que dans l'hémicycle à agiter les bras et faire du bruit.»

Garder le silence pour éviter de parler à tort et à travers

Car la prise de parole à l'Assemblée, si rare chez ces quatre députés, n'a pas bonne presse. Jean-François Portarrieu, député LREM de la 5e circonscription de la Haute-Garonne, conteste même la tradition de débat oral : «Si assumer de ne pas parler à tort et à travers est assimilé au fait d'être un mauvais député, alors je vais le rester longtemps car je ne compte pas devenir un député de la parlote.»

L'homme n’a été présent que 30 semaines et n’a déposé aucun amendement. Encore une fois, cela est selon lui parfaitement justifiable : les élus insoumis co-signent tous les amendements tandis que chez LREM, chaque amendement doit être validé a priori par le groupe.

Etre présent ne rendrait pas meilleur député

Jean-François Portarrieu, dit préférer s'échiner dans son domaine de compétence, une mission parlementaire sur le tourisme qui l’a occupé pendant plusieurs mois. «Je revendique d'avoir un sujet de prédilection et de concentrer mon activité sur celui-ci», rationalise-t-il. Doutant que «le présentéisme soit un gage de bon travail parlementaire», il explique avec une simplicité désarmante qu’il souhaite réserver du temps à sa fille, sa femme, ses amis, ses passions et ses respirations.

Envisage-t-il d'être épinglé par l'Assemblée pour ses absences ? «A ce que je sache, je n'ai fait l'objet d'aucun avertissement et encore moins de sanction», justifie-t-il.

Ne pas intervenir à cause de sa nature discrète

Autre présence pointilliste, celle d’Alice Thourot, députée LREM de la 2e circonscription de la Drôme, 21 semaines au compteur. Elle aussi s’est montrée peu bavarde durant son année d’activité parlementaire : elle n'a posé aucune question. «Je suis quelqu'un de discret par nature alors je ne vais pas prendre la parole pour dire la même chose qu'un collègue. Cela n'aurait pas de sens», argumente-t-elle.

Je ne vais pas prendre la parole pour dire la même chose qu'un collègue

Elle explique en revanche travailler dans l’ombre pour rendre un rapport pour le ministère de l'Intérieur sur l’articulation des interventions des forces de sécurité en France. «Ce travail n'est pas comptabilisé et il me prend beaucoup de temps, y compris en circonscription. Au regard des classements, il est doublement pénalisant car non seulement il n'est pas compté mais en plus, il vous empêche d'être là quand votre commission travaille ou qu'il y a des discussions dans l'hémicycle», éclaircit la députée qui n'a déposé que dix amendements dans l’année.

Venir à l'Assemblée en cas de besoin

Pour Bruno Bonnell, député LREM de la 6e circonscription du Rhône, présent seulement 22 semaines, pas besoin de faire du zèle, mais de venir en renfort quand il faut faire passer un amendement. «Le mérite des parlementaires ressemble beaucoup à celui du soldat. Il faut être là quand on dirige l'attaque. Un bon député de la majorité est celui qui ne se fait pas prendre en défaut [...] Il s'agit d'être mobilisable pour faire avancer le projet qui a été élu», explique ce tacticien.

Etre trop monopolisé par les journalistes

Si on prenait comme critère le nombre d'interviews, je serais beaucoup plus haut

En revanche, il assure remonter les scores avec le nombre d’interviews accordées à la presse. «Si on prenait comme critère le nombre d'interviews, je serais beaucoup plus haut. Notre mission de transformation est telle que notre devoir de pédagogie est absolu. Le temps que je passe à répondre aux journalistes est tout aussi essentiel que celui que je passerai à rédiger un amendement», avance-t-il.

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