Colère des gardiens de prison : un projet d'accord sur la table, FO dénonce «de la poudre aux yeux»
- Avec AFP
Deux des trois principaux syndicats pénitentiaires, la CGT et l'Ufap-Unsa, soumettent ce weekend à leurs bases un projet d'accord rédigé lors de négociations avec l'administration, tandis que FO entend «durcir» la mobilisation dans les prisons.
La CGT et l'Ufap-Unsa, deux des trois principaux syndicats pénitentiaires,soumettent ce weekend à leurs bases le projet d'accord rédigé lors de négociations avec l'administration, au sujet du mouvement de contestation des surveillants pénitentiaires.
«Nous avons communiqué le texte à nos bases et nous attendons leurs retours pour nous prononcer», a déclaré le 20 janvier à l'AFP Christopher Dorangeville, secrétaire général de la CGT-Pénitentiaire.
Le projet d'accord prévoit notamment la création de 1 100 emplois de surveillants sur quatre ans, «dont une première tranche de 100 emplois dès 2018». Le texte prévoit aussi des mesures pour améliorer la sécurité des gardiens et un régime de détention défini pour les «détenus terroristes et radicalisés», permettant une «étanchéité totale de la gestion des détenus les plus dangereux».
«De la poudre aux yeux» pour FO
FO-Pénitentiaire, le troisième des principaux syndicats pénitentiaires, qui n'a pas participé aux négociations entamées le 16 janvier avec l'administration, rejette le projet d'accord. «C'est de la poudre aux yeux», a réagi le 20 janvier auprès de l'AFP Yoan Karar, secrétaire général adjoint du syndicat.
En conséquence, le syndicat appelle à «durcir» le mouvement par le biais notamment de «dépôts de clés», geste qui consiste pour les surveillants à ne pas prendre leur travail. Une vingtaine d'établissements étaient touchés par ce mouvement ce 20 janvier au matin, selon Yoan Karar.
«FO a appelé à des dépôts de clés partout en France, mais ça n'est pas le cas», a tempéré une source au sein de l'administration pénitentiaire (DAP).
Mobilisation à Fresnes le 20 janvier
A Fleury-Mérogis (Essonne), les surveillants ont pénétré dans l'enceinte de la plus grande prison d'Europe vers 6h30 sans retard, contrairement aux jours précédents.
A Fresnes (Val-de-Marne), en revanche, une quarantaine de surveillants se sont rassemblés devant l'entrée de la prison et ont retardé leur prise de service jusqu'aux alentours de 8h. «J'espère qu'on n'est pas prêt à signer pour des cacahuètes», s'est inquiété Pierre Mazué, 46 ans dont 22 dans la pénitentiaire, interrogé par l'AFP.
Le document rédigé le soir du 19 janvier a également été soumis à la ministre de la Justice Nicole Belloubet, qui s'est rendue le 19 janvier en Corse au chevet de deux gardiens blessés par un détenu lors d'une nouvelle agression. Elle a également entendu les syndicats et le personnel du centre pénitentiaire de Borgo, où s'est produit l'incident, et où elle a été huée et sifflée par des gardiens de prison.
Les surveillants ont lancé un mouvement national de blocage des prisons le 15 janvier, après l'agression le 11 janvier de surveillants par un détenu djihadiste à Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), afin de réclamer plus de sécurité pour mener à bien leur mission.
Lire aussi : Fleury-Mérogis : 123 prisonniers ont refusé de regagner leur cellule