«Le FN fait peur» : Philippot veut renommer son parti et en finir avec les accusations de racisme
Dans un courrier à ses collègues frontistes, Florian Philippot plaide pour que son parti assume ses positions, notamment sur les sujets sociétaux, et refuse de renoncer à la sortie de l'euro ou de céder aux «recettes du passé».
A usage privé, mais à vocation publique : c'est ainsi que l'on pourrait définir le courrier qu'a adressé Florian Philippot, vice-président du Front national, à plusieurs de ses collègues de la direction du parti. Dans le cadre du débat qu'a lancé cette dernière après le relatif échec du FN aux élections législatives, le numéro deux du parti souhaite jouer franc-jeu par cette «Contribution de Florian Philippot à la refondation du Front national», dont Le Figaro s'est procuré le contenu, consultable au bas de cet article.
S'il revient sur l'épineuse question du débat télévisé opposant Emmanuel Macron à Marine Le Pen et sur la prestation jugée décevante de la candidate, Florian Philippot se garde de faire dépendre une future transformation du FN de ce seul point. «Si ce débat n'a pas été optimal, ainsi que Marine Le Pen a eu elle-même le courage de le reconnaître, faire porter toute la responsabilité des résultats électoraux n'aurait pas de sens», écrit-il, sans doute également animé par le souci d'atténuer les tensions récentes entre Marine Le Pen et lui.
Plus généralement, Florian Philippot juge irrecevables les critiques reprochant au FN des choix stratégiques rebutants pour des électeurs frileux ou hésitants, comme celui de l'abandon de l'euro : «On ne rassemblera pas une majorité de Français en se repliant sur une base programmatique restreinte... on n'ira pas vers l'avenir avec des recettes du passé», plaide l'eurodéputé frontiste. Régulièrement accusé, notamment parmi la frange la plus identitaire du parti incarnée par les proches de Jean-Marie Le Pen, de vouloir tiédir le programme du FN, voire de lui insuffler une dynamique «de gauche», Florian Philippot se pose en défenseur d'un programme plus ambitieux que celui de ses détracteurs, qui promouvraient selon lui une logique de moins-disant.
Pourquoi tant de nos compatriotes sont-ils encore persuadés que ce discours est ''raciste''
Face à cette tendance qui met selon lui en avant le plus petit dénominateur commun pour mieux dissimuler les divisions, Florian Philippot souhaite que le FN assume des choix clarifiés. «Sommes-nous vraiment aussi clairs et précis qu'on le croit sur l'immigration ? Pourquoi tant de nos compatriotes sont-ils encore persuadés que ce discours est ''raciste'' ?», s'interroge-t-il. Et le vice-président du FN de citer l'exemple du droit à l'IVG et à la contraception pour souligner le flou qui régnerait au sein de son parti : «Ces éléments sont dans notre programme depuis longtemps, essentiellement sous l'impulsion de Marine Le Pen, mais pourquoi hésiter à le dire aussi clairement ?»
Favorable à un changement de nom du parti, estimant que l'appellation Front national «fait peur», Florian Philippot se défend cependant de ne proposer qu'un changement de façade et assure vouloir porter un projet «positif». Il ne prend néanmoins pas le risque de formuler de nouvelles propositions et préfère vanter les mesures «réfléchies, travaillées et concrètes» dont «regorge» déjà, selon lui, le FN. «A nous de savoir les mettre en perspective», conclut-il, laissant clairement entendre que le problème principal du Front national est avant tout une affaire de communication.