Hollande menace d'évincer Macron du gouvernement s'il ne respecte pas «deux règles»
En ce 14 juillet, jour de fête nationale, le chef de l’Etat François Hollande s’est exprimé sur des sujets brûlants lors de son interview sur TF1 et France 2.
Sur Macron : «Ne pas respecter les règles, c’est ne pas rester au gouvernement»
Le président français a menacé d’évincer son ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, si celui-ci ne respectait pas «deux règles» : la «solidarité» au sein du gouvernement et la nécessité de «servir jusqu'au bout» sans «démarche personnelle et encore moins présidentielle».
L'avertissement de François Hollande à Emmanuel Macron https://t.co/5dXKyhhlp3pic.twitter.com/tbR9bPcVto
— MichelBOfficiel (@MichelBOfficiel) 14 juillet 2016
«Respecter ces règles c'est rester au gouvernement, ne pas les respecter, c'est ne pas y rester», a averti François Hollande.
Lors d'un meeting tenu le 12 juillet avec son nouveau mouvement politique «En Marche !», Emmanuel Macron a annoncé son intention de mener son action «jusqu'à 2017 et jusqu'à la victoire».
Les dissensions ont éclaté au grand jour lorsque le Premier ministre Manuel Valls a sèchement rappelé à son ministre de l'Economie, le 12 juillet, qu'il était «temps que tout cela s'arrête».
Barroso chez Goldman Sachs, c’est moralement inacceptable
Interrogé sur le recrutement de l’ancien président de la Commission européenne par la banque d’affaires américaine Goldman Sachs, le président de la République s’est montré intransigeant, qualifiant de «moralement inacceptable» le fait que José Manuel Barroso puisse se mettre au service de cet établissement financier qui a joué un rôle important dans la crise des subprimes et dans la crise grecque.
#Paris appelle José Manuel #Barroso à abandonner son poste chez #GoldmanSachshttps://t.co/AjLnhxing8pic.twitter.com/l8ufFaG1CP
— RT France (@RTenfrancais) 13 juillet 2016
Le 13 juillet, la France avait déjà demandé «solennellement» à l'homme politique portugais, qui a dirigé pendant 10 ans la Commission de Bruxelles, de «renoncer» à travailler pour cette banque à la réputation controversée.
Lire aussi : Barroso à Goldman Sachs : condamnation unanime de la classe politique française
Le coiffeur de l'Elysée au menu
François Hollande a ensuite été interrogé sur la polémique suscitée par le salaire mensuel brut de 9 895 euros du «coiffeur personnel du chef de l’Etat», révélé par le journal Le Canard enchaîné.
Salaire du coiffeur : @fhollande affirme avoir baissé le budget de l'Elysée de "109 millions en 2012 à 100 millions" https://t.co/Cm0SPrab0I
— francetv info (@francetvinfo) 14 juillet 2016
Il s’est défendu en affirmant qu’il avait fait baisser le budget de l’Elysée depuis son arrivée au pouvoir. «J'ai fait diminuer le budget de l'Elysée qui était de 109 millions en 2012 à 100 millions, j'ai supprimé 10% des effectifs de l'Elysée […] Mon salaire a baissé de 30% et on viendrait me chercher sur cette affaire ?», s’est-il offusqué.
«On peut me faire tous les reproches, sauf celui-là», a-t-il conclu.
Pour Hollande, la loi travail est «conforme aux valeurs de gauche»
Au cours de son interview du 14 juillet, François Hollande s’est ensuite exprimé aeu sujet de la très controversée loi travail, en assurant qu’elle était conforme à ses valeurs d’«homme de gauche».
#LoiTravail : conforme à mes valeurs dixit #hollande. Pas faux! mais il fallait le dire en 2012 au lieu de tromper son monde
— Bawttu (@Bawttu) 14 juillet 2016
«Je pensais que cette loi allait être bonne pour le pays et conforme à mes valeurs. Je suis un homme de gauche, j'ai toujours eu cet engagement», a-t-il indiqué, malgré l’opposition de nombreuses organisations de gauche, qui manifestent régulièrement contre la réforme du code du travail.
Il a ensuite assuré que le projet de loi s’inscrivait «dans la démarche» du Front populaire. «Je me souviens qu'en 1936, la grande loi [était celle] sur les conventions collectives. Je m'inscris dans cette démarche-là, car il va y avoir des accords d'entreprise, avec des syndicats qui vont être renforcés puisque ce sont eux qui vont négocier dans les entreprises et qu'il faudra qu'ils représentent la majorité des salariés», a-t-il lancé.
Il a ensuite exclu toute possibilité de retirer le projet de loi, concédant toutefois qu’il y avait «peut-être eu une mauvaise présentation initiale» de celui-ci par le gouvernement.
«Quand je vais terminer mon mandat, je préfère pouvoir dire que sur un sujet essentiel, le travail, et un sujet majeur, l'emploi, j'ai fait avancer la vie de mon pays, plutôt que de simplement satisfaire la passivité et l'immobilisme», a-t-il indiqué, avant de conclure : «Pour ne pas être impopulaire, mieux vaut ne rien faire ? Telle n'est pas ma conception de l'action.»
Lire aussi : Loi Travail : le Sénat va rejeter le texte sans débat lors de la prochaine lecture
Protéger la «maison France» face aux menaces
Le chef de l’Etat a par ailleurs évoqué les différents défis auxquels le pays devait faire face.
Concernant la menace terroriste, il a indiqué que, si elle était toujours bien présente, l'état d'urgence décrété après les attentats de Paris du 13 novembre, ne serait pas prolongé au-delà du 26 juillet.
«Cet état d'urgence, j'ai considéré qu'il fallait le prolonger jusqu'au moment où nous puissions être sûrs que la loi pouvait nous donner des moyens nous permettant de prévenir la menace terroriste avec efficacité», a-t-il déclaré en référence à la loi sur la procédure pénale promulguée en juin.
«Est-ce que la menace est là ? Oui, elle est là», parce que «nous avons le même adversaire : il est en Syrie, en Irak et il a ses prolongements ici en Europe. L'adversaire, c'est l'islamisme fondamentaliste, c'est le fanatisme», a déclaré François Hollande avant d’indiquer que l’état d’urgence ne pouvait pas être prolongé «éternellement».
Il a ensuite appelé à la cohésion nationale : «Je dois protéger la maison France, la maison France, elle est fragile. Elle peut à tout moment non pas se lézarder, mais se séparer», a mis en garde le chef de l'Etat français.
«Bien sûr il y a des impatiences, il y a des critiques, il y a des incompréhensions, et elles portent sur ma personne, c'est forcé, je suis président de la République, je ne vais pas me défausser sur les autres», s’est-il défendu.