Retraites : plus de 2,5 millions de manifestants en France selon la CGT, 963 000 selon l'Intérieur
Une nouvelle grande journée d'action, la quatrième, était organisée dans tout le pays contre la réforme des retraites voulue par le gouvernement. L'Intérieur a dénombré 963 000 manifestants dont 93 000 à Paris, la CGT 500 000 dans la capitale.
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«Plus de 2,5 millions» de personnes ont manifesté en France ce 11 février contre la réforme des retraites, selon la CGT, alors que le ministère de l'Intérieur en a recensé 963 000.
Le chiffre avancé par la centrale syndicale est en dessous de celui du 31 janvier (2,8 millions), mais supérieur à ceux du 19 janvier et du 7 février (autour de 2 millions).
Quelque 963 000 personnes ont défilé ce 11 février en France contre la réforme des retraites, dont 93 000 à Paris, selon le ministère de l'Intérieur, des chiffres en hausse par rapport au 7 février, où les autorités avaient recensé 757 000 manifestants au niveau national.
La CGT, qui n'a pas encore donné de chiffre national, a elle estimé à 500 000 le nombre de personnes ayant défilé dans la capitale.
L'intersyndicale à la RATP a appelé ce 11 février à la première grève reconductible du mouvement contre la réforme des retraites à la Régie, à partir du 7 mars, pour obtenir l'abandon du projet.
«Si le gouvernement n'entend toujours pas la détermination des travailleurs, de la jeunesse et de tous ceux qui soutiennent ce mouvement unitaire pour exprimer leur colère face à cette nouvelle injustice, il devra assumer le blocage de l'économie dans notre pays», a prévenu l'intersyndicale (CGT, FO, UNSA, CFE-CGC) de la Régie autonome des transports parisiens dans un communiqué.
Quelque 500 000 personnes manifestaient ce 11 février à Paris pour la quatrième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, selon un décompte de la CGT, alors que le chiffre des autorités n'est pas encore disponible.
C'est autant que lors de la journée record du 31 janvier, où la police avait dénombré 87 000 manifestants. Lors de la dernière journée de mobilisation, le 7 février, le syndicat avait recensé 400 000 manifestants dans la capitale (contre 57 000 pour la police).
Le compte Twitter de «QG le média libre», entre autres, ont diffusé des images de scènes de tensions entre forces de l'ordre et individus durant cette mobilisation du 11 février.
Tensions en cours dans le cortège de tête à Paris. Une voiture incendiée. Des charges et utilisation de gaz lacrymogène #manif11fevrier#greve11fevrierpic.twitter.com/qjr7QSsOGL
— QG le média libre (@LibreQg) February 11, 2023Des incidents ont éclaté à Paris en marge de la manifestation organisée pour la quatrième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, avec notamment une voiture renversée sur la chaussée et incendiée.
«Monsieur Macron, s'il compte sur l'usure se trompe de pays», a déclaré à Marseille le leader des Insoumis Jean-Luc Mélenchon lors de la manifestation contre la réforme des retraites, prévoyant «la journée sociale la plus dense depuis 50 ans» en France.
Le président de la République «sait que l’état d’exaspération du pays à son égard est complet», a-t-il ajouté, déplorant que le gouvernement refuse de discuter face à un mouvement de rejet «profond» de l'allongement de la durée du travail.
Un vol sur deux au départ ou à l'arrivée de l'aéroport de Paris-Orly a été annulé dans l'après-midi en raison d'une grève de contrôleurs aériens qui n'était pas prévue.
«Compte tenu de la constatation d'un certain nombre de grévistes à l'organisme de navigation aérienne d'Orly», la Direction générale de l'Aviation civile (DGAC) «a demandé aux compagnies aériennes de réduire leur programme de vols de 50% à partir de 13h pour la journée», a annoncé l'administration dans un communiqué.
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Lors d'une conférence de presse, les syndicats se sont dits prêt à «mettre la France à l'arrêt» le 7 mars si l'exécutif restait sourd aux mobilisations de la rue contre la réforme des retraites alors que se déroule une quatrième journée d'action.
Les opposants à la réforme des retraites voulue par le gouvernement ne désarment pas. Alors que l'examen du texte, décrié par une large majorité de Français, mais également par les syndicats et une grande partie de l'opposition, est en cours d'examen à l'Assemblée nationale, une nouvelle journée de mobilisation est organisée ce 11 février dans toute la France.
Pour cette quatrième journée d'action contre la réforme, une source policière citée par l'AFP estime que la participation sera comprise entre 600 000 et 800 000 personnes dans tout le pays, dont 90 000 à 120 000 à Paris, où le défilé s'élancera à 13h de la place de la République à celle de la Nation.
Des cortèges sont également prévus dans de nombreuses autres villes comme Marseille, Lyon, Lille, Strasbourg, Rouen, Toulouse, Perpignan, Nice, Valenciennes, Nantes, Bastia ou encore Rennes.
Une première journée de mobilisation le samedi
C'est la première fois depuis le début du mouvement de contestation que les syndicats organisent une manifestation un samedi. Un choix qui n'est pas sans rappeler le mode d'action du mouvement des Gilets jaunes.
Dépasser le million de manifestants, ça serait un beau succès
«L'occasion pour un certain nombre de salariés qui ne pourraient pas se mobiliser en semaine [de pouvoir le faire]», a expliqué ce 11 février dans la matinée Marie Buisson, secrétaire générale de la CGT éducation, sur RMC. «Trois journées de grève, c'est trois journées de salaire en moins», a-t-elle ajouté.
La veille sur France Info, Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, avait mis en lumière un «rendez-vous extrêmement important», selon lui. «Dépasser le million de manifestants, ça serait un beau succès», avait-il encore fait valoir.
Les trois premières journées de mobilisation avaient rassemblé entre 2 et 2,5 millions de personnes, selon les syndicats. Les autorités avaient quant à elles annoncé entre 757 000 et 1,27 million de manifestants. Pour cette nouvelle journée d'action, 10 000 membres des forces de l'ordre seront déployés sur tout le territoire national, dont 4 500 à Paris.
Le gouvernement n'aura pas d'«états d'âme», selon Borne
Mais face à ces manifestations d'ampleur, le gouvernement semble faire la sourde oreille, ayant encore réitéré dans la semaine son souhait de conserver la principale mesure décriée par les syndicats : le recul de l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans.
Le 10 février, dans une interview accordée au Parisien, Elisabeth Borne avait été claire : «Je ne suis pas là pour avoir des états d'âme.» De son côté, un député anonyme de la majorité, cité par l'AFP, avait confié : «Cette bataille ne se joue pas dans la rue, elle se joue au Parlement.»
Des sorties médiatiques qui n'ont pas été du goût des syndicats. Toujours sur France Info le 10 février, Laurent Berger a en retour critiqué un certain «mépris» de la part de l'exécutif. «On a les mobilisations les plus fortes depuis le début des années 1990 [...] et on a le sentiment, y compris parfois dans les interviews [...] des membres du gouvernement, que tout ça n'existe pas», avait-il fait savoir.
Même son de cloche à la CGT. Le secrétaire général de l'organisation syndicale, Philippe Martinez, interrogé le 10 février sur Europe 1, avait regretté des «petites phrases [...] du président de la République» alors que «des millions de personnes sont dans la rue». «Forcément, on se dit qu'il va falloir réfléchir à faire autre chose», avait-il encore prévenu.
En déplacement à Bruxelles pour un sommet européen, Emmanuel Macron s'était exprimé le 9 février sur le sujet, disant souhaiter «d'abord que le travail puisse se poursuivre au Parlement» et invitant les syndicats à organiser des manifestations «dans le calme» et sans «bloquer la vie du reste du pays».
Même le président des Républicains de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, dont une partie des députés compte voter le texte, a mis en garde ce 11 février sur France Inter contre un «divorce encore plus prononcé, encore plus inquiétant, entre les Français et ceux qui nous gouvernent» si l'exécutif se bornait à ne pas écouter les Français, qui rejettent massivement la réforme.
De nouvelles journées de mobilisation sont prévues le 16 février et le 7 mars et les syndicats présenteront leur plan de bataille pour faire plier le gouvernement lors d'une conférence de presse organisée ce 11 février.