Congrès du PS : Olivier Faure et ses soutiens répliquent à Hollande en le renvoyant à son bilan
Le premier secrétaire et ses alliés ont vertement réagi aux critiques lancées par l'ancien président socialiste, soutien du maire de Rouen, lui reprochant un manque de crédibilité alors que les effectifs du PS se sont effondrés durant son mandat.
Jamais en retrait du débat public, notamment sur les questions internationales et le conflit ukrainien, l'ancien président de la République François Hollande a pris position ce 16 janvier dans le débat interne du Parti socialiste, alors que les adhérents doivent choisir le 19 janvier entre Olivier Faure, l'actuel premier secrétaire, et le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol.
A l'issue du premier tour le 12 janvier, ce dernier a réuni environ 30% des suffrages, contre près de 49% pour Olivier Faure, tandis que la maire de Vaulx-en-Velin Hélène Geoffroy a recueilli environ 20% des voix, le débat interne s'étant focalisé sur le rapport du PS à une Nupes dominée par La France insoumise (LFI). Si Hélène Geoffroy plaidait pour une sortie de l'alliance constituée dans la foulée de la présidentielle, Olivier Faure a au contraire défendu sa nécessité, alors que Nicolas Mayer-Rossignol occupe une position intermédiaire, ne souhaitant pas quitter la coalition dans l'immédiat mais voulant réaffirmer l'identité et l'autonomie du parti, aux côtés de figures très «Nupes-sceptiques» telles que la présidente de la région Occitanie Carole Delga.
Hollande moque la première place d'Olivier Faure
«Je vais voter Mayer-Rossignol», a déclaré François Hollande sur France Inter, précisant cependant qu'il ne souhaitait pas «compromettre» ou «mettre en difficulté» celui-ci. Interrogé sur la première place de l'actuel patron du PS, l'ancien chef d'Etat a estimé que celle-ci était tout sauf un succès.
«Il y a cinq ans, le Parti socialiste, c'était à peu près 80 000 adhérents, aujourd'hui c'est la moitié», a-t-il constaté, soulignant que «sur les 40 000, il y en a la moitié qui sont venus voter» et que «sur les 20 000, [...] la moitié [...] sont venus voter» pour Olivier Faure. «Vous parlez d'une performance !», a-t-il ironisé.
«Je pense que Nicolas Mayer-Rossignol peut gagner», a-t-il insisté, estimant que l'échec du maire de Rouen serait «tout à fait fâcheux», car il ne permettrait pas de remettre en cause l'hégémonie, même fragilisée, de LFI sur le reste de la gauche. Il en a profité pour décocher quelques flèches au mouvement de Jean-Luc Mélenchon, «incapable d'avoir des élections pour désigner ses dirigeants».
Plusieurs ténors actuels du parti ont rapidement repris l'ancien chef d'Etat à la volée en lui rappelant l'état assez piteux dans lequel il avait laissé le parti à la rose à l'issue de son mandat.
Trahison du salariat
«Toujours un régal les leçons de "crédibilité" de François Hollande de bon matin», a ironisé le président du département de Seine-Saint-Denis Stéphane Troussel, également membre du bureau national du PS.
L'élu a dressé la liste des «accomplissements» imputables à l'ancien président, dont la loi Travail [de 2016], le débat sur la déchéance de nationalité, la perte de toutes les élections dès 2014 et la perte sèche de 50 000 adhérents. En accompagnant son message du hashtag «Grands Diseux Petits Faiseux», il a mis en balance les nombreuses prises de paroles de l'ancien chef d'Etat et la démarche, plus modeste et efficace selon lui, de l'actuelle direction socialiste.
Toujours un régal les leçons de « crédibilité » de F.Hollande de bon matin sur @franceinter !
— Stéphane Troussel (@StephanTroussel) January 16, 2023
✅ Loi Travail et déchéance de nationalité
✅ Perte de toutes les élections dès 2014
✅ 50 000 adhérent.e.s en moins entre 2015 et 2017#GrandsDiseuxPetitsFaiseux
«Quand j’ai pris la responsabilité du bureau des adhésions du PS en 2018, j’ai nettoyé les fichiers : plus de 50 000 non-renouvellements entre 2015 et 2017», a confirmé le député du Calvados Arthur Delaporte, en qualifiant la période du mandat de François Hollande de «la plus grosse crise de l’histoire du Parti socialiste». «Depuis, ça se stabilise… et on accueille même des nouveaux !», a-t-il assuré, en soutien à la ligne d'Olivier Faure.
Cher @fhollande, quand j’ai pris la responsabilité du bureau des adhésions du Ps en 2018 j’ai nettoyé les fichiers : plus de 50 000 non renouvellements entre 2015 et 2017. C’est la plus grosse crise de l’histoire du #PS. Depuis ça se stabilise… et on accueille même des nouveaux!
— Arthur Delaporte (@ArthurDelaporte) January 16, 2023
«Dis-moi qui sont tes soutiens, je te dirai qui tu es», a quant à lui rebondi le premier secrétaire du PS Olivier Faure après la présentation de ses vœux, sautant sur l'occasion pour attaquer son adversaire du second tour. D'après le journaliste du Figaro Pierre Lepelletier, le patron du PS s'est adressé aux électeurs de Nicolas Mayer-Rossignol, les mettant en garde contre un «retour des éléphants», désignant ainsi l'ancienne équipe de dirigeants socialistes.
«Hollande revient [...] pour tenter de faire battre Olivier Faure et de continuer à casser le PS unitaire», a fustigé l'ancien inspecteur du travail Gérard Filoche, accompagnant son message d'un dessin représentant l'ancien président au milieu de décombres. «Sa trahison du salariat de 2012 à 2017, perdant 14 millions de voix, ramenant le PS à 1,70% ne lui a pas suffi», a-t-il lancé, évoquant le score catastrophique de la maire de Paris Anne Hidalgo – proche de la ligne politique de François Hollande – à la présidentielle. «Sans Olivier Faure et l'accord loyal avec la Nupes, il n'y aurait eu aucun député socialiste», a-t-il affirmé dans un autre message.
@franceinter Hollande revient ce matin pour tenter de faire battre Olivier Faure et de continuer a casser le PS unitaire, sa trahison du salariat de 2012 à 2017, perdant 14 millions de voix, ramenant le PS a 1,70 % ne lui a pas suffi pic.twitter.com/0qk2kp3SHz
— Gerard Filoche (@gerardfiloche) January 16, 2023
Au cours de son entretien sur France Inter, l'ancien président a également expliqué que les «divisions de la gauche» l'avaient empêché de se représenter en 2017, et a maintenu une condamnation de la «radicalité» qui condamnerait selon lui la gauche à l'impuissance. Il a d'ailleurs accusé la Nupes, «alliance électorale qui n'est fondée sur aucun programme crédible», de ne présenter aucun contre-projet réaliste à la réforme des retraites présentée par le gouvernement, contre laquelle syndicats et partis de gauche se mobiliseront les 19 et 21 janvier.