Evoquant l'affaire Navalny, Paris conseille à Berlin de renoncer à Nord Stream 2
- Avec AFP
La France se déclare favorable à l'abandon par l'Allemagne du projet de gazoduc censé la relier à la Russie. Comme quelques mois plus tôt, l'affaire Navalny est brandie pour justifier cette position sur un dossier très politisé.
Interrogé sur France inter ce 1er février, le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes Clément Beaune a appelé Berlin à abandonner le projet de gazoduc Nord Stream 2, qui doit relier l'Allemagne et la Russie.
«Des sanctions, on en a déjà prises, on pourrait en prendre [d'autres] mais il faut être lucide, cela ne suffit pas», a estimé Clément Beaune.
«Nous avons toujours dit que nous avions les plus grands doutes sur [le] projet Nord Stream 2», a encore souligné le secrétaire d'Etat. Les autorités françaises sont-elles donc dans le contexte actuel favorables à un abandon de Nord Stream 2 ? «En effet», a-t-il répondu.
De son côté, la chancelière Angela Merkel avait réaffirmé le 21 janvier son attachement au projet, qui irrite notamment les Etats-Unis. Suspendus pendant près d'un an en raison de sanctions américaines, les travaux pour Nord Stream 2 ont repris début décembre. Ce projet de gazoduc plus de 9 milliards d'euros doit relier la Russie à l'Allemagne via la mer Baltique, avec 1 200 kilomètres de liaison sous-marine.
Nord Stream 2, victime collatérale de l'affaire Navalny ?
La position de la France en faveur de l'abandon du projet de gazoduc s'inscrit dans le cadre de nouvelles tensions, Paris reprochant à Moscou les milliers d'arrestations survenues lors de récentes manifestations, interdites par les autorités, en faveur d'Alexeï Navalny. La diplomatie française appelle par ailleurs à la libération de l'opposant russe, incarcéré à son retour en Russie le 17 janvier pour non-respect des conditions d'une peine de prison avec sursis.
Selon les services pénitentiaires russes, il ne s'est pas présenté à l'enregistrement auprès de l’inspection à au moins six reprises au cours de l'année 2020, entre janvier et mi-août. Fin août, Alexeï Navalny avait été transféré dans le coma en Allemagne après avoir été victime d'un malaise. Il accuse le pouvoir russe d'avoir tenté de l'empoisonner (une version également défendue par plusieurs gouvernements, dont ceux de la France, des Etats-Unis et de l'Allemagne), ce que réfute Moscou. Il était sorti de l'hôpital sans séquelles.
Lors de son hospitalisation déjà, le dossier très politique de Nord Stream avait fait son apparition dans le débat, ses adversaires multipliant les appels à suspendre le projet.