Record de ventes à l’export des vins français en 2019 en dépit des taxes américaines
Plus de deux milliards de bouteilles de vins et spiritueux français ont été exportées en 2019. Un record en partie lié à l’anticipation de taxes américaines. Mais les ventes baissent aux Etats-Unis depuis leur entrée en vigueur.
Il s’est exporté plus de deux milliards et 300 millions de bouteilles de vins et spiritueux français en 2019 dans le monde, pour une valeur totale dépassant 14 milliards d’euros. Un record et une hausse de 5,9% par rapport à l’année précédente, selon les chiffres rendus publics le 12 février par la Fédération des exportateurs de vins & spiritueux de France (FEVS).
Le Cognac a été le premier bénéficiaire de cette hausse avec plus de 200 millions de bouteilles (+6,6%) pour une valeur de près de 3,5 milliards d’euros en hausse de 11,5%. Le Champagne a lui connu une progression moins nette de ses exportations (+0,9%), mais pour une valeur de 3,1 milliards d’euros en hausse de 7,5%. Les vins AOC ont, eux, connu une légère baisse de leurs ventes à l’étranger (-0,8%) compensée par une hausse de leur valeur (environ 4,6 milliards d’euros) de 3,1%.
Le solde des échanges de vins et spiritueux de la France s’apprécie à 12,7 milliards d’euros (+8,5%), confirmant la place de second excédent commercial du secteur, après celui de l’aéronautique.
Mais une part significative de cette progression résulte d’achats anticipés réalisés dans un contexte international de fortes tensions commerciales. «Ce résultat positif en 2019 ne doit toutefois pas nous tromper : les tensions commerciales et politiques internationales ont pesé fortement sur les exportations des entreprises françaises de vins et spiritueux et annoncent une année 2020 difficile», explique Antoine Leccia, Président de la FEVS.
Aux Etats‐Unis, les exportations de vins et spiritueux progressent de 16% à 3,7 milliards d’euros, pour des volumes en hausse de 5,5%. Après un premier semestre très porteur, la croissance du chiffre d’affaires a été fortement majorée par les envois d’anticipation liés aux tensions commerciales transatlantiques (aéronautique, taxation des services numériques).
17,5% de baisse après l'entrée en vigueur des tarifs
Mais l’entrée en vigueur, le 18 octobre 2019, des taxes américaines de 25% a entraîné un recul de 17,5% des exportations françaises de vins tranquilles (non effervescents) en bouteille sur le seul dernier trimestre 2019, soit une perte de chiffre d’affaires supérieure à 40 millions d’euros.
Les incertitudes liées aux conditions de sortie du Royaume‐Uni de l’Union européenne ont également conduit à des anticipations de la part des entreprises. Il en résulte une hausse de 4,4% des exportations de vins et spiritueux français, à 1,4 milliard d’euros. Mais les expéditions vers l’ensemble de l’UE non menacées s’élèvent aussi, à 4,7 milliards euros, soit une hausse de 3,8%.
Le ralentissement économique en Chine et les tensions politiques à Hong‐Kong pèsent sur les exportations françaises de vins et spiritueux qui baissent en valeur de 3,1% sur l’ensemble Chine / Hong‐Kong / Singapour.
«Nous avons certes quelques motifs de satisfaction, à l’image de nos exportations vers le Japon qui progressent de près de 10% suite à l’entrée en vigueur, au 1er février 2019, de l’accord commercial conclu avec l’UE», se félicite Antoine Leccia dans un communiqué de la FEVS.
«Risques élevés» en Chine, aux Etats-Unis et au Royaume-Uni
Mais, toujours selon le président de la FEVS, le contexte international fait peser «des risques élevés» sur les trois premiers marchés export des producteurs français que sont les Etats‐Unis, le Royaume‐Uni et la Chine, qui représentent à eux seuls plus de 50% du chiffre d’affaires global.
«La situation aux Etats‐Unis est de toute évidence la plus inquiétante et donc la plus urgente. Les sanctions arbitraires qui touchent notre secteur depuis le 18 octobre mettent en péril notre développement sur le premier marché mondial, ce qui sera lourd de conséquences sur les entreprises exportatrices et, plus largement, sur les 500 000 acteurs de la filière vin », s’alarme Atoine Leccia.
Sa filière a d’ailleurs demandé dès l’entrée en vigueur des sanctions tarifaires d’octobre aux Etats-Unis, la création d’un «fonds de compensation d’urgence» de 300 millions d’euros.
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