Coup de froid entre Moscou et Bakou après une «opération» contre la filiale de Sputnik

L’Azerbaïdjan lance une «opération» contre Sputnik à Bakou, suscitant l’inquiétude de Moscou. Deux journalistes de l’agence de presse russe ont été arrêtés et accusés d’entretenir des liens avec le FSB russe. Ce raid intervient quelques jours seulement après l’arrestation, en Russie, d’un groupe criminel d’origine azerbaïdjanaise.

Le 30 juin, le ministère azerbaïdjanais de l’Intérieur a annoncé le lancement d’une « opération » dans les locaux de la filiale de l’agence de presse russe Sputnik à Bakou. Selon les médias, les forces de sécurité azerbaïdjanaises ont bouclé le périmètre et bloqué l’accès au bâtiment. Sputnik à Moscou a, de son côté, signalé avoir perdu le contact avec ses journalistes sur place.

Sputnik a ensuite rapporté que les forces de sécurité azerbaïdjanaises avaient arrêté le directeur de la rédaction, Igor Kartavykh, et le rédacteur en chef, Evguéni Biélooussov, accusés de collaboration présumée avec le Service fédéral de sécurité (FSB) russe.

Les employés de l'ambassade russe à Bakou qui se sont rendus sur les lieux n’ont pas été autorisés à approcher les journalistes arrêtés. En raison des actions inamicales de Bakou et de la détention illégale de journalistes russes, le ministère russe des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur d’Azerbaïdjan à Moscou.

La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a déclaré que l’ambassade de Russie à Bakou avait alerté les autorités azerbaïdjanaises, sans obtenir de réponse. Elle a aussi précisé que les diplomates russes à Bakou ne parvenaient pas à entrer en contact avec les journalistes de Sputnik, dont certains sont des citoyens russes, et que les agents consulaires russes n’étaient pas autorisés à leur rendre visite.

Tensions diplomatiques sur fond d’affaire criminelle

Le 28 juin, les autorités russes ont annoncé l’arrestation, à Ekaterinbourg, dans l'Oural, de plusieurs membres d’un groupe criminel composé de ressortissants azerbaïdjanais, impliqués dans des affaires de meurtres remontant à 2001, 2010 et 2011. Certains membres de ce groupe ont fait des aveux.

En réaction, le ministère des Affaires étrangères azerbaïdjanais a protesté auprès de Moscou. Les autorités de Bakou ont annulé tous les événements culturels organisés par des institutions russes et la délégation parlementaire azerbaïdjanaise a suspendu sa participation à une réunion prévue à Moscou.

Cette décision serait intervenue après une vague de désinformation sur les réseaux sociaux accusant les forces russes d’avoir tué deux ressortissants azerbaïdjanais. Toutefois, les vidéos confirment que les agents n'ont pas outrepassé leurs pouvoirs et n'ont aucun lien avec la mort des accusés. Le Comité d’enquête russe a précisé que l’un des suspects est décédé d’une insuffisance cardiaque, tandis que l’autopsie de l’autre est en cours.

Le Kremlin réclame des explications

Le Kremlin a regretté les décisions de Bakou et appelé à clarifier les événements ayant conduit à cette crise. « Il est important de continuer à éclaircir les raisons et la nature des événements qui ont été, selon la partie azerbaïdjanaise, la cause de telles démarches », a déclaré le porte-parole du président russe, Dmitri Peskov.

En février dernier, l’Azerbaïdjan avait déjà annoncé la cessation des activités de Sputnik sur son territoire. Le porte-parole de la diplomatie azerbaïdjanaise, Aykhan Hajizade, a indiqué que le média russe ne pouvait obtenir d'accréditations que pour un seul correspondant. Cependant, l’agence de presse russe assure à RT n’avoir reçu aucune interdiction officielle.