Les bourses mondiales sombrent : «Le pire début d'année jamais enregistré sur les marchés»
Prises dans la tourmente des incertitudes sur l’économie mondiale, les places financières du globe creusent leurs pertes. Une nouvelle journée catastrophique sur les marchés, à l’image de ce début d’année.
Le spectre d’une nouvelle crise financière globale se fait de plus en plus menaçant. La journée de lundi a été, de nouveau, terrible pour les bourses. Une rengaine depuis ce début d’année 2016 qui avait poussé le directeur général de Crédit Suisse, Tidjane Thiam, à le qualifier de «pire début d'année jamais enregistré sur les marchés», fin janvier, au forum de Davos. Aujourd’hui, Athènes a frôlé la déroute avec -7,87%. Pas mieux du côté de Milan qui a cédé 4,69%. La solide Allemagne a perdu des plumes avec une bourse de Francfort en recul de 3,30%. Le CAC 40 fait à peine mieux avec - 3,20%. Londres fait un semblant de résistance et ne cède (que) 2,71%.
Les bourses européennes plongent face aux craintes liées à la croissance mondiale - economy https://t.co/ueAMJOJdkN
— Veo Nouvelles (@VeoNouvelles) 8 Février 2016
L’Europe dans la tourmente
Lors des traditionnels voeux pour la nouvelle année, les financiers du Vieux Continent ne se sont certainement pas souhaités la débâcle. Ils doivent être déçus. Dans un contexte d’inquiétude à l’échelle du globe, les places financières européennes vivent un véritable cauchemar depuis le 1er janvier.
Et ce sont les banques qui souffrent le plus. «Les places européennes se sont fait maltraiter (...) les banques subissant de plein fouet. Le sentiment général reste pessimiste en raison des préoccupations croissantes sur l'économie mondiale», analyse Fawad Razaqzada de Forex.com.
Pour exemple, le secteur bancaire grec a été laminé ce lundi : -17,65% pour Alpha Bank, -27,21% pour la Banque du Pirée, -29,06% pour la Banque nationale et -29,20% pour Eurobank.
Les banques italiennes sont au plus mal. Récemment, on a appris que les créances douteuses représentaient 17,5% des crédits des établissements transalpins. Dans ce contexte, la troisième économie de la zone euro a vu ses banques dévisser : -11,95% pour BMPS et -9,09% pour Banco Popolare.
Du côté des pays réputés plus solides, la situation n’est guère plus rassurante. Banques allemandes, françaises et britanniques sont prises dans la spirale. BNP a perdu 5,47%, Société Générale 6,12%, Crédit Agricole 5%, Deutsche Bank -9,5% Commerzbank -9,49%, Barclays -5,34%, RBS -4,63%.
Outre-Atlantique, on tangue aussi
La déroute n’est pas l’apanage du Vieux Continent. Au pays de la finance reine, la situation commence à déraper sérieusement. Wall Street a suivi la tendance. Le Dow Jones a cédé 2,24% et le Nasdaq a reculé de 2,79%.
Vendredi, un rapport sur l’emploi aux Etats-Unis a entretenu l’incertitude. Si Barack Obama s’est félicité que le taux de chômage (officiel) passe sous la barre des 5%, les créations de postes ont baissées.
Les investisseurs sont maintenant yeux rivés sur l’action des banques centrales, notamment la FED. Se satisfaisant de la «reprise» aux Etats-Unis, la Réserve fédérale américaine a remonté ses taux en décembre. D’autres remontées étaient attendues en 2016. Mais comme plusieurs observateurs l’ont fait remarqué, la politique accommodante de la FED participait grandement à maintenir les marchés au plus haut dans un contexte économique réel dégradé. La situation actuelle sur les marchés risque donc de chambouler les prévisions de l’institution new-yorkaise.
C’est d’ailleurs l’analyse des gérants chez Barclays Bourse : «Les chiffres américains sur l'emploi ont de quoi relancer les spéculations sur une poursuite de la remontée des taux directeurs dès la prochaine réunion de la Fed les 15 et 16 mars, alors que nombre d'investisseurs tablent sur un statu quo en raison des résultats d'entreprises mitigés qui sont actuellement publiés.»
La Chine, motif d’inquiétude
Si la plupart des marchés asiatiques étaient fermés pour cause de nouvel an chinois, les interrogations sur la santé économique de Pékin ont continué de peser sur la journée de «trading».
Pour les stratégistes de Crédit Mutuel-CIC, la nouvelle chute des réserves de change de la Banque centrale, dévoilée ce week-end, «entretiendra les craintes de voir la seconde économie du monde rater son atterrissage».
Les réserves de devises de la Chine ont fondu à des niveaux inédits depuis près de quatre ans, Pékin vendant des dollars pour soutenir le yuan. Il faut cependant rappeler que d’un autre côté, l’Empire du Milieu augmente sensiblement ses réserves d’or physique depuis plusieurs mois. De quoi se prémunir d’un prochain Armageddon financier ?
Dans ce contexte relativement anxiogène, le secteur bancaire, mal orienté, était un élément perturbateur de plus. Alors que nous sommes en pleine période de publication des résultats annuels d'entreprises.
«Les banques ont baissé pour les mêmes raisons qu'aux Etats-Unis : les risques sur le secteur pétrolier ou sur les dettes émergentes par exemple», notent les analystes de Cholet Dupont.
Mais «d'autres considérations sont intervenues», comme le «maintien d’une politique monétaire très souple et des taux longs très bas" qui «diminuent leurs marges et réduisent leur profitabilité».
Les créances toxiques refont parler d’elles
Autre problème majeur, la péninsule italienne n’est pas la seule à devoir composer avec les créances toxiques de ses établissements financiers. Loin de là.
«Les bénéfices décevants dans le secteur ont poussé les investisseurs à se pencher de nouveau sur le dossier des créances douteuses des banques qui n'a pas été réglé depuis la crise», explique Jasper Lawler de CMC Markets.
Bques Italie:200Mds créances douteuses et 30 Mds provisions!! =débâcle secteur bancaire...en FR??
— lacamp pierre (@lacamp3) 2 Février 2016
garantie 100.000€ et....remède Chypriote?
Cholet Dupont voit tout de même de quoi espérer : «Les motifs d'espoir résident dans la stabilisation du prix du pétrole qu'elle qu'en soit l’origine, et dans un relâchement substantiel de la garde de la Fed, accompagné des nouvelles mesures que la BCE est prête à mettre en œuvre, avec pour corollaire un léger affaiblissement du dollar.»
Les semaines qui suivent seront extrêmement intéressantes à suivre. Elles donneront la marche à suivre. Reste à savoir si elle conduira vers l’effondrement global que certains prédisent.