Aux premiers jours de 2016, le pétrole repart à la hausse après une année de baisse continue
Le prix du pétrole augmente pour la deuxième journée consécutive, principalement à cause des tensions entre l’Iran et l’Arabie saoudite, en renversant une tendance à la baisse, à la joie des pays producteurs de pétrole.
Les prix des deux principaux standards du brut, le WTI et le Brent, ont augmenté de plus de 3% lundi, après la rupture des relations diplomatiques entre l’Arabie Saoudite et l’Iran. Les deux pays font partie de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et connaissent une vive tension dpuis l’exécution du dignitaire chiite Nimr Baqer al-Nimr, accusé de terrorisme par Riyad.
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C’est une bonne nouvelle pour les pays producteurs, après une année de baisse particulièrement forte, dans un contexte de tensions politiques internationales et de conflits au Moyen-Orient. La chute des cours a en effet affecté leurs économies : environ 70 000 personnes ont perdu leur travail aux Etats-Unis et 65 000 au Royaume-Uni, alors qu’une vague de licenciements au Canada a coïncidé avec une montée du nombre des suicide. Le rouble russe, très lié à l’industrie pétrolière, est quant à lui tombé à son niveau le plus bas vis-à-vis du dollar.
Derrière la chute dramatique des prix, la surproduction de brut sur le marché. Cependant, l’OPEP a voté pour ne pas abaisser son plafond de production, une décision soutenue par l’Arabie saoudite, qui s’est prononcée résolument contre tout changement en matière de production.
Cependant, les Saoudiens eux-mêmes ont été affectés par la baisse des prix. En 2015, le budget du premier exportateur mondial a ainsi affiché un déficit record de 89,2 milliards d'euros et le gouvernement prévoit encore 79 milliards d’euros de déficit en 2016. Riyad est maintenant forcé d’effectuer des coupes budgétaires, en révisant les prix de l’eau, de l’électricité etc., au mécontentement des citoyens saoudiens habitués au luxe et vivant dans une des plus fortes économies mondiales.
D’après l’expert en industrie pétrolière Mahmoud Salameh, les actions de Riyad et, notamment son rôle dans le maintien d’un niveau élevé de production ayant entraîné une baisse des cours, ont surtout pour but de nuire à l’économie iranienne, dans le cadre de la «guerre non-déclarée» contre Téhéran. Par ailleurs, les Saoudiens redoutent que la Russie, «un des rares acteurs qui en sont capables», leur prenne des parts de marché croit l’expert, qui ajoute que le troisième objectif de l’Arabie saoudite pourrait être de «détruire l’industrie du pétrole de schiste aux Etats-Unis», afin de pouvoir en racheter une partie des capacités de production.