L’intelligence artificielle au service de la diplomatie européenne : quand les négociateurs parlent à un «clone» numérique de Keir Starmer

Des diplomates européens ont utilisé un clone numérique de Keir Starmer pour anticiper ses réactions dans le cadre du réajustement post-Brexit. L’IA a permis de tester des scénarios et de prédire les concessions du Royaume-Uni sur la pêche et la mobilité des jeunes, marquant une nouvelle forme de diplomatie.
Dans les coulisses des négociations de dernière minute autour de la révision des accords post-Brexit, un outil inédit a retenu l’attention : un agent conversationnel dopé à l’intelligence artificielle, incarnant numériquement le Premier ministre britannique Keir Starmer. Selon le Telegraph, des diplomates européens, notamment espagnols et slovènes, ont utilisé ce modèle pour anticiper les réactions du Premier ministre britannique face aux nouvelles exigences de l’Union européenne.
Ce « double numérique », conçu par l'entreprise britannique de haute technologie Nostrada.ai, s’appuie sur un corpus d’interventions publiques de Keir Starmer et de centaines d’autres députés britanniques pour générer des réponses crédibles et cohérentes. En pleine phase finale des pourparlers sur le réajustement de l’accord, alors que l’UE cherchait à obtenir des concessions supplémentaires, notamment sur les droits de pêche et la mobilité des jeunes, ce modèle a permis aux négociateurs de tester des scénarios et d’affiner leurs stratégies.
La capacité de l’algorithme à simuler des entretiens bilatéraux a séduit plusieurs chancelleries européennes. Des centaines d’échanges ont ainsi été menés comme s’il s’agissait de discussions directes avec le Premier ministre britannique. Dans ces simulations, les diplomates posaient des questions complexes, notamment sur les limites des concessions britanniques. Le modèle numérique estimait alors que Keir Starmer ne céderait probablement pas au-delà de ce qui avait déjà été accepté.
L’accord finalement conclu marque une réorientation discrète de la relation post-Brexit. Londres a accepté de renoncer à douze années de droits garantis sur ses eaux territoriales, en contrepartie d’un dispositif favorisant la mobilité des citoyens européens vers le Royaume-Uni. Une décision vivement critiquée par certains, qui y voient une tentative voilée de rapprochement avec l’UE.
Par-delà ce cas précis, Nostrada.ai travaille déjà à adapter son modèle à d’autres contextes : de la prévision des orientations de l’administration Trump à l’anticipation d’éventuelles initiatives géopolitiques de la Russie, de l’Iran ou de la Chine. Une révolution silencieuse se dessine ainsi : celle d’une diplomatie augmentée par les algorithmes.