L’Algérie lance un vaste projet laitier avec l’Allemagne et le Qatar pour renforcer son autosuffisance

Un projet agricole d’une ampleur inédite va voir le jour dans le sud de l’Algérie. En partenariat avec l’Allemagne et le Qatar, les autorités algériennes veulent créer une vaste ferme laitière intégrée, destinée à réduire la dépendance du pays aux importations de lait. Ce programme s’inscrit dans une stratégie plus large de modernisation agricole.
L’Algérie amorce un tournant stratégique dans son secteur agricole avec la mise en œuvre d’un projet laitier de grande envergure, fruit d’un partenariat tripartite entre Alger, Berlin et Doha. Cette initiative vise à installer, dans la région désertique d’Adrar, l’une des plus grandes unités de production laitière intégrée au monde.
Au cœur de ce projet se trouve l’entreprise allemande GEA, spécialisée dans les technologies agroalimentaires avancées. Elle est chargée de la conception et de la mise en œuvre des installations. À ses côtés, la société qatarienne Baladna, acteur majeur du secteur laitier au Moyen-Orient, apporte son expérience dans la gestion de grands cheptels et de systèmes de production intensifs.
Le site prévu s’étendra sur 117 000 hectares de terres sahariennes, où seront élevées à terme 270 000 vaches laitières. L’objectif affiché est ambitieux : produire 100 000 tonnes de lait en poudre par an, afin de réduire considérablement la facture des importations, qui pèse lourdement sur la balance commerciale nationale.
Ce projet, dont le démarrage des travaux est prévu pour le premier trimestre 2026, s’inscrit dans une vision de souveraineté alimentaire portée par les autorités algériennes. Il répond à une nécessité de sécurité d’approvisionnement, dans un contexte mondial marqué par l’instabilité des marchés et les ruptures de chaînes logistiques.
Stimuler le développement des régions sahariennes
Mais cette ferme géante pose également des défis techniques et environnementaux majeurs, notamment en matière de gestion de l’eau, d’aménagement d’infrastructures dans une région isolée, et de formation du personnel. Le projet implique donc un important transfert de compétences et l’adaptation de savoir-faire internationaux aux réalités locales.
Par-delà l’enjeu alimentaire, cette initiative vise aussi à stimuler le développement des régions sahariennes, longtemps en retrait des dynamiques productives nationales. Le site d’Adrar pourrait ainsi devenir un pôle agricole majeur, générateur d’emplois et d’innovation.
À travers ce partenariat, l’Algérie cherche à moderniser son agriculture, à renforcer ses capacités locales de production et à asseoir une politique d’autosuffisance alimentaire sur le long terme. L’intégration de technologies de pointe et la coopération avec des acteurs étrangers confèrent à ce projet une dimension à la fois économique, technologique et géopolitique.
Si les ambitions sont élevées, la réussite de ce projet dépendra de sa mise en œuvre effective et de sa capacité à s’adapter aux conditions spécifiques du territoire. Son évolution sera observée de près, tant par les professionnels du secteur que par les citoyens, nombreux à espérer une réduction durable de la dépendance alimentaire du pays.