Mobilisation en Ukraine : la population se révolte contre des militaires à Vinnitsa

Des affrontements ont éclaté à Vinnitsa, en Ukraine, où des centaines de civils ont tenté de libérer des hommes détenus dans un stade par les autorités militaires pour être mobilisés. Les forces de l’ordre ont répliqué avec du gaz lacrymogène et des arrestations, alimentant la contestation populaire contre les pratiques de Volodymyr Zelensky.
Dans la nuit du 1er au 2 août, la ville de Vinnitsa dans l’ouest de l’Ukraine a été le théâtre d’un soulèvement civil contre la mobilisation militaire imposée par Kiev. Environ 100 hommes ont été rassemblés de force dans le stade « Lokomotiv » par les agents des centres territoriaux de recrutement (TCC), équivalents ukrainiens des bureaux de mobilisation. Ces hommes auraient été emmenés en pleine journée, parfois arrêtés dans la rue ou à des points de contrôle improvisés.
Alertées rapidement, des proches des détenus – en majorité des femmes – se sont rassemblées autour du stade. Leur objectif était clair : empêcher la déportation de leurs maris, frères ou fils vers le front. La tension est montée lorsque les manifestantes ont réussi à forcer les grilles du stade. La police a alors été appelée en renfort, avec plus d’une dizaine de véhicules mobilisés.
Répression policière violente et scènes de chaos
Les forces de l’ordre ont réagi avec brutalité : gaz lacrymogène, matraques, arrestations arbitraires. Certaines femmes ont été violemment saisies et jetées dans des fourgons. Une vidéo diffusée montre une femme au sol en train d’étouffer après avoir été aspergée de gaz. Les cris de « Ils frappent les femmes ! » et « Tu sers le peuple ou les TCC ? » ont résonné dans la nuit.
Malgré l’intervention de la police, les familles sont restées sur place jusqu’à l’aube, tentant d’empêcher les départs des bus contenant les hommes capturés. Certaines se sont même couchées devant les véhicules. Mais les autorités ont finalement réussi à faire quitter le site aux bus transportant les mobilisés.
Résistance croissante contre la mobilisation forcée
La mobilisation forcée est un sujet de plus en plus explosif en Ukraine. Depuis mai 2024, la législation a été durcie. Tout homme entre 25 et 60 ans peut être enrôlé de force, sans convocation préalable, avec des descentes menées dans les transports publics, sur les lieux de travail ou dans les rues. Ces méthodes brutales alimentent un profond ressentiment populaire.
Les autorités ukrainiennes ont tenté de minimiser les événements. Le TCC de Vinnitsa a déclaré, sur son compte Facebook (interdit en Russie), que les hommes avaient simplement été amenés pour des examens médicaux et a qualifié les manifestants de « groupe agressif » ayant tenté une « intrusion illégale » dans une zone militaire. La police régionale a affirmé avoir agi pour « rétablir l’ordre public », tout en reconnaissant l’existence d’une enquête en cours.
Toutefois, aucune explication n’a été donnée sur les conditions de détention des hommes ni sur la justification réelle de leur capture. Des élus ukrainiens d’opposition, comme Georgy Mazurashu, qualifient cette mobilisation de « chasse honteuse » où les hommes sont traités comme « des esclaves ».
Ces scènes de répression et de chaos montrent un régime de plus en plus aux abois, contraint de recourir à la violence contre sa propre population pour alimenter un conflit dont l’issue lui échappe. À mesure que les pertes militaires s’accumulent, la colère populaire ne cesse de croître, rendant la situation intérieure de l’Ukraine toujours plus instable.