Washington a déployé un nouveau dispositif sur la base d'At Tanf. Un développement inquiétant car il pourrait servir à d'autres fins que la lutte contre le terrorisme, selon l'analyste en matière de défense Kamal Alam.
RT : Pensez-vous que la Russie ait des raisons bien fondées de s’inquiéter du fait que les Etats-Unis ont déployé deux lance-roquettes HIMARS sur leur base en Syrie, pour viser, selon eux, Daesh ?
Kamal Alam (K. A.) : Oui. Nous avons vu, depuis quelques années et surtout ces derniers mois, que tout déploiement des forces américaines, qu'il soit aérien ou terrestre, cible les forces gouvernementales syriennes et l’armée arabe. Même s’ils déclarent en public ne pas vouloir lutter contre les militaires syriens, c’est en fin de compte ce qu'il se passe. L'exemple le plus frappant a été Deir ez-Zor, où plus de 100 militaires ont été tués.
Les troupes syriennes et américaines doivent coopérer pour combattre ces groupes, plutôt que de lutter les uns contre les autres
RT : Les Etats-Unis ont justifié leurs actions par l'«autodéfense». Mais les Syriens pourraient répondre qu’il s’agit d’une agression...
K. A. : Absolument. Le gouvernement syrien est le gouvernement légitime, reconnu par l’ONU. Il a tous les droits de défendre son territoire et son espace aérien. Il ne peut en aucun cas être considéré comme agresseur. Les Etats-Unis peuvent certes clamer qu’ils sont en position d'autodéfense contre les groupes terroristes, mais dans les troupes syriennes et américaines doivent coopérer pour combattre ces groupes, plutôt que de lutter les uns contre les autres.
At Tanf est un endroit stratégiquement important, pont entre le sud et l’est de la Syrie
RT : Nous savons que ce territoire a une grande importance stratégique. Est-il possible qu'un conflit encore plus large ne s'embrase ?
K. A. : Cela pourrait faire partie des conséquences non voulues, et ce malgré la création des zones de désescalades annoncée dans le cadre des accords signés entre la Russie, la Turquie et l’Iran. Ces actes donnent des raisons de s’inquiéter, parce qu’une simple erreur suffit pour engendrer un conflit. La lutte contre le terrorisme doit être l'objectif principal. At Tanf est un endroit stratégiquement important, c’est un pont entre le sud et l’est de la Syrie. Les Etats-Unis devraient être extrêmement prudents et ne pas frapper les militaires syriens.
Il n’y a pas de stratégie propre aux Etats-Unis ou aux autres pays de la coalition par rapport au gouvernement syrien
RT : Les revirements américains sont incessants au sujet de Bachar el-Assad. Et c’est la même chose au sein de la coalition qu'ils dirigent : le changement de régime n’est soudainement plus la priorité puis le redevient...
K. A. : Il n’y a pas de stratégie propre aux Etats-Unis ou aux autres pays de la coalition par rapport au gouvernement syrien. Une chose est certaine : ils croient toujours en l’existence de certains groupes modérés, et quand ces groupes sont menacés, ils attaquent les militaires syriens. Chaque fois qu’ils attaquent les militaires syriens, cela bénéficie à Al-Qaïda ou Daesh. Nous l’avons vu à Deir ez-Zor, à Raqqa, à Alep, à Idleb.
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