Les remarques de Macron sur les médias russes ont été déplacées et injustifiées, surtout à la lumière de la propagande de la presse française contre la Russie. Cela s'explique par le succès des médias russes, estime le journaliste Guy Mettan.
RT France : Comment percevez-vous la rencontre entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine ?
Guy Mettan (G. M.) : Je trouve que la manière avec laquelle le président Macron a reçu le président Poutine est positive. Cela n’aurait jamais été possible avec François Hollande. Donc, de ce point de vue, c’est un geste positif. Effectivement, le problème est qu’Emmanuel Macron a dû donner des gages à une partie de son électorat, à des amis politiques qui sont très hostiles à l’égard de la Russie. Ses gages ont pris deux formes : ses remarques concernant les homosexuels en Tchétchénie et la remarque qu’il a faite concernant Russia Today et Sputnik. Donc d’un côté, c’est un geste positif, mais de l’autre, il se sentait obligé de donner des gages à tous les russophobes qui l’appuient en France.
Parmi les gens qui soutiennent Macron, notamment du côté des socialistes et des socio-démocrates, il y a des des anciens proches de François Hollande qui sont très hostiles à la Russie
RT France : Selon vous, pourquoi a-t-il qualifié RT et Sputnik de «propagande», cela s’explique-t-il par l’influence de son entourage ?
G. M. : Oui, et aussi par le fait qu’il y a une campagne électorale et que parmi les gens qui le soutiennent, notamment du côté des socialistes et des socio-démocrates qui l’appuient, il y a des anciens proches de François Hollande qui sont très hostiles à la Russie. Il a voulu leur donner des gages pour justifier sa rencontre avec le président Poutine.
D’autre part, il cherche le soutien de l’électorat des minorités. Mais cette remarque sur la Tchétchénie est déplacée, on peut difficilement se prononcer car on ne connaît pas la réalité, si [des Tchétchènes] chassent les homosexuels ou pas. En ce qui concerne Russia Today et Sputnik, je trouve ces propos tout à fait déplacés : ce n’est pas justifié par rapport à l’intense propagande des médias français font contre la Russie.
On ne peut pas reprocher aux médias russes d’être partiaux, quand sa propre presse fait exactement la même chose en sens inverse
RT France : Il s’agit d’une approche générale de la part des médias français ?
G. M. : C’est une attitude générale. Si on lit la presse française, il y a énormément de presse française qui parle de la Russie – des grands journaux, des grands magazines, etc. Elle le fait avec une partialité, avec un grand manque d’objectivité. Donc on ne peut pas reprocher aux médias russes d’être partiaux, quand sa propre presse fait exactement la même chose en sens inverse.
RT France : On voit les médias russes, notamment RT et Sputnik, être accusés de se mêler des élections d’autres pays, sans que soient fournis d’exemples précis. Pourquoi la presse russe est-elle victime de ces accusations ?
G. M. : Ces deux médias sont très populaires en Occident ; ils ont une audience croissante, qui inquiète beaucoup les groupes de pression luttant contre la Russie. On l’a par exemple déjà vu avec la résolution de l'UE contre les médias russes et ayant pour but de créer une agence de propagande européenne faisant face à la prétendue propagande russe – cela signifie que le succès de ces médias inquiète toute une partie de l’establishment. Si RT et Sputnik avaient une audience insignifiante, personne ne s’en préoccuperait. Mais ils ont une audience importante, et ça gène. Quelque part, c’est un compliment. C’est un hommage, c'est le constat du fait que ces médias ont gagné une audience très importante au sein du public européen.
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