Selon le président américain Donald Trump, lors de sa rencontre avec le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov à la Maison Blanche, de nombreuses questions ont été évoquées : de la sécurité aérienne au terrorisme. Le Washington Post a néanmoins accusé le dirigeant américain d’avoir révélé des informations classifiées aux autorités russes.
RT : Quelle est votre lecture de cette polémique ? Les médias possèdent-ils des informations importantes sur le sujet ?
Jim Jatras (J. J.) : Pour commencer, cette histoire vient du Washington Post,encore une fois, et d’une autre source anonyme. Il est donc possible de douter de l’exactitude des informations, compte tenu de la vendetta que le Washington Post et d’autres grands médias mènent contre l’administration Trump et le président américain lui-même. Il faut prendre également en compte combien ces médias souhaitent perturber toute sorte de coopération avec la Russie dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.
Deuxièmement, Rex Tillerson, en tant que secrétaire d’Etat, et la conseillère adjointe à la Sécurité nationale Dina Powell, qui assistaient tous deux à la réunion, ont réagi suite à la publication de l’article du Washington Post. Ils ont affirmé que rien de ce qui a été discuté avec Sergueï Lavrov et Sergueï Kislyak [l'ambassadeur russe à Washington], n'était susceptible de compromettre ce qu’ils appellent «les sources et les méthodes» et n'aurait conduit à une quelconque vulnérabilité dans le renseignement américain. Qu'il a plutôt été question d’une discussion sur l’action commune contre l’Etat islamique.
Il ne faut pas oublier qu’il y a des éléments – ce qu’on appelle l’Etat profond – qui sont très opposés aux propositions de campagne de Donald Trump. Ils ne veulent pas coopérer avec les Russes, ils ne souhaitent pas améliorer les relations avec Moscou. Et soyons honnêtes, ils investissent de manière importante dans différents groupes djihadistes que nous avons soutenus au cours des six dernières années en essayant de renverser le gouvernement légitime de Damas. Je suis sûr qu’il y a des gens – peut-être au Conseil de sécurité nationale, peut-être même parmi le personnel ou dans le département d’Etat – qui cherchent un moyen de discréditer l’administration Trump. La question est : pourquoi ne mène-t-on pas une enquête sur ces fuites ? Qui va obliger ces gens à rendre des comptes ?
RT : Les médias principaux ne mentionnent rien de plus que des «sources anonymes». Peut-on parler d'intentions cachées ici ?
J. J. : Tout à fait. J’irais même plus loin. Je ne serais absolument pas surpris d'apprendre que le président Trump avait prévu avec le directeur du FBI James Comey le limogeage de ce dernier – ce que certaines personnes ont même fait remarquer – il a lui-même écrit dans l’un de ses tweets qu’il allait «assécher le marais». L’une des premières étapes était de se débarrasser des principaux éléments de l’«Etat profond» qui ont essayé de mettre sous leur contrôle sa politique étrangère. Il l'a fait précisément parce que le lendemain il rencontrait Sergueï Lavrov et Sergueï Kislyak. Il le leur jette ainsi à la figure : «Je vais poursuivre mon programme.» Je pense que c’est la raison pour laquelle nous voyons se créer cette hystérie autour des Russes. Alors que ce dont nous avons besoin, c'est d'avancer sur notre politique de sécurité nationale dans le cadre de l'«America First».
RT : Pensez-vous que les médias principaux font partie d’un grand système qui est contrôlé de tout en haut ?
J. J. : Absolument. Il y a une structure entière de l'Etat profond ou de l’oligarchie – peu importe quel nom on lui prête. Les médias principaux en font évidemment partie. Il comprend aussi tous les démocrates – qui n’avaient pas de problèmes avec l’Union soviétique quand elle était communiste – mais qui aujourd'hui ont une haine profonde pour la Russie, et ne veulent aucun rapprochement avec elle. Et malheureusement, il y a aussi des républicains qui soutiennent ce plan. Je pense que nous pouvons dire, à ce stade, que Donald Trump ne contrôle pas complètement l’appareil gouvernemental. Et ces éléments fournissent un effort désespéré pour s’assurer que le président américain ne soit pas en mesure d’avoir tout le contrôle sur son gouvernement afin de mettre en œuvre la politique dont il parlait lorsqu'il était candidat.
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