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100 jours après l'élection de Trump, qu'en est-il des promesses électorales du président américain ?

Trois mois après son entrée à la Maison Blanche, le nouveau président américain Donald Trump peine à tenir ses promesses électorales et semble changer de cap sur des sujets cruciaux régulièrement mis en avant durant sa campagne. Quelques exemples.

Durant sa campagne électorale, Donald Trump a défendue l'image d'un milliardaire opposé à l'establishment qui allait bouleverser le cours de l'Histoire en relevant une Amérique affaiblie. 

Pourtant, 100 jours après son investiture, il semble que le 45e président des Etats-Unis a finalement choisi de s'aligner sur les politiques de ses prédécesseurs, défendant les intérêts d'un système auquel il assurait s'opposer.

Le rapprochement avec Moscou, «paroles, paroles, paroles ?»

Tout au long de sa campagne, Donald Trump n'a eu de cesse de répéter que la normalisation des relations entre les Etats-unis et la Russie était une priorité pour Washington, après des années de tensions sous l'administration Obama.

Entre ses éloges du président russe Vladimir Poutine qu'il a assuré à maintes reprises admirer, et ses nombreux discours sur le rapprochement diplomatique avec Moscou, tout portait à croire qu'une fois élu, Donald Trump allait permettre aux deux grandes puissances de mener enfin des discussions apaisées et fructueuses dans la volonté de construire une relation cordiale durable.

Si nous arrivions à passer un véritable accord avec la Russie, ce serait fantastique. j'aimerais vraiment que nous le fassions 

Son enthousiasme à ce sujet était tel que ses opposants, notamment le camp de sa rivale à la présidentielle Hillary Clinton, l'ont même ouvertement accusé d'être une sorte d'agent du Kremlin qui aurait des intérêts personnels dans ce rapprochement tant désiré avec Moscou.

Il a cependant fallu peu de temps pour se rendre compte que cet apaisement des relations tant attendu, n'était pas réalisable sur un simple claquement de doigts ou quelques déclarations courtoises. Car sur de nombreux sujets internationaux, Moscou et Washington restent en profond désaccord. 

Le 14 février dernier, moins d'un mois seulement après son investiture, le nouveau président américain avait suscité la controverse en exigeant que Moscou «rende la Crimée», rouvrant ainsi le débat houleux sur le rattachement de la péninsule ukrainienne majoritairement russophone et russophile à la fédération de Russie et qu'une majorité de pays occidentaux considèrent comme une annexion. 

A cette sortie, le Kremlin avait répondu quelques jours plus tard «ne pas se voiler la face» à propos de la manière dont les relations américano-russes se développaient sous la présidence de Trump et qu'il serait possible d'évaluer les perspectives futures de ces relations seulement une fois passée la première rencontre entre les dirigeants des deux pays.

Ainsi, les divergences entre les Etats-Unis et la Russie semblent finalement rester les mêmes – du moins pour le moment – qu'auparavant. Il apparaît même que l'attitude de la nouvelle administration américaine va à l'encontre de toute entente cordiale.

En exemple, le conflit syrien, dans lequel le président américain avait assuré ne plus chercher à s'immiscer, jouant la carte de l’isolationnisme international tout au long de sa campagne avec notamment son fameux slogan «America first» (l'Amérique d'abord).

Pourtant, au début du mois d'avril, Donald Trump a ordonné le bombardement éclair de la base militaire syrienne de al-Chaayrate, près de Homs, en réponse à une attaque chimique présumée survenue quelques jours plus tôt dans la ville de Khan Cheikhoun, dans la province d'Idleb. Washington a immédiatement imputé l'attaque au gouvernement du président syrien Bachar el-Assad, l'accusant notamment de stocker ces prétendues armes chimiques sur la base de al-Chaayrate. 

Outrée par l'attitude de Washington, la Russie, appuyée par l'Iran, avait fermement condamné cette attaque, la qualifiant d'agression.

Lire aussi : Bachar el-Assad : la soi-disant attaque chimique du 4 avril était «une opération déguisée»

L'OTAN : une «organisation obsolète» ou un «rempart pour la paix» ? 

Au cours de sa campagne, l'Alliance a toujours été une cible de choix dans les discours de Donald Trump. La qualifiant d'«obsolète», le président américain a répété à plusieurs reprise que l'organisation militaire transatlantique jouissait d'une protection des Etats-Unis, sans que leurs membres ne déboursent un sou.

L'OTAN est une organisation obsolète. D'abord parce qu'elle a été créée il y a très longtemps et ensuite parce que les pays membres ne rendent pas ce qu'ils lui doivent

Certains médias britanniques avaient même signalé qu'il avait remis à la chancelière allemande Angela Merkel une facture de plusieurs milliards de dollars «pour services rendus». Washington et Berlin avaient cependant fermement démenti.

Quelques mois plus tard, Donald Trump affirmait que l'OTAN étaient un «rempart pour la paix et la sécurité internationales».

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Changements de cap et hésitations sur la Chine 

Alors qu'il était encore candidat à la Maison Blanche, Donald Trump avait accusé à maintes reprises Pékin de manipuler sa monnaie, en disant qu'il ne ne permettrait pas à la Chine de «violer les Etats-Unis».

Il a également remis en question la «politique d'une seule Chine», en vigueur depuis plusieurs décennie, avant de faire marche arrière en février dernier, assurant au président chinois Xi Jinping qu'il s'engageait à honorer le principe de cette politique.

Pourtant, quelques mois plus tard, au cours d'une réunion dans sa prestigieuse résidence de Mar-a-Lago, Donald Trump a assuré avoir «de très bonnes relations avec le président chinois Xi Jinping».

«Les Etats-Unis ne seront plus le «gendarme du Monde» ... vraiment ?

Au cours de sa campagne présidentielle, Donald Trump a plébiscité une politique isolationniste à l'international, assurant que les Etats-Unis n’interagiraient plus dans les conflits mondiaux qui ne les concernent pas.

Pourtant, presque immédiatement après son investiture, le président américain a bel et bien fait bombarder des villages yéménites, supposément sous le contrôle d'Al-Qaïda.

Nous ne pouvons plus être les gendarmes du monde et protéger toutes les nations du monde, alors qu'elles ne nous rendent pas la pareille

Il a également qualifié Bachar el-Assad de «boucher sanguinaire» et d'«animal», tandis que son porte-parole Sean Spicer le comparait à Hitler, quelques jours après la frappe américaine en Syrie.

Auparavant, des membres de son administration avaient pourtant annoncé que la destitution du président syrien n'était «plus une priorité» pour Washington. 

Ainsi, 100 jours après son élection à la Maison Blanche, Donald Trump ne semble pas vraiment décidé à respecter ses promesses de campagne et tend à poursuivre la politique de ses prédécesseurs et l'interventionnisme dont a fait preuve Washington ces derniers mois ressemble ironiquement à celui prôné par Hillary Clinton.

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