«Semer la zizanie» à droite, viser une majorité pour mener «le programme de casse sociale» d'Emmanuel Macron : Djordje Kuzmanovic, candidat aux législatives pour la France insoumise, décrypte la nomination «tactique» du nouveau Premier ministre.
RT France : Lors de la passation de pouvoir à Matignon, Edouard Philippe a affirmé son identité d'«homme de droite». Ce choix de Premier ministre est-il selon vous étonnant ou bien est-il une confirmation de la ligne politique d'Emmanuel Macron ?
Djordje Kuzmanovic (D. K.) : Il n'y a aucune surprise. Le programme d'Emmanuel Macron est ultra-libéral. C'est une copie quasiment conforme du programme des Républicains. Là-dessus, il n'y a pas de surprise. La surprise vient peut-être du choix de cette personnalité : Edouard Philippe est assez effacé et connu de très peu. Emmanuel Macron disait vouloir quelqu'un qui sache comment fonctionne le Parlement, qui le connaisse bien, or le nouveau Premier ministre a un record absolu d'absences et de non participation à l'Assemblée nationale...
Il sert surtout de fusible. Il y va pour un mois – le temps qu'il faudra pour les législatives – pour attirer le maximum de Républicains et semer la zizanie chez eux. C'est un choix tactique en vue des législatives.
Cette nomination clarifie encore plus ce qui était évident : Emmanuel Macron incarne le programme du Medef, du patronat, des banques et de la finance
RT France : Avec un Premier ministre issu des Républicains, Emmanuel Macron ne vient-il pas de vous faire un cadeau en vous permettant de vous positionner comme l'opposition à gauche ?
D. K. : Nous représentons la gauche et les forces de progrès. Avec Jean-Luc Mélenchon, nous sommes tous des candidats du peuple. Cette nomination clarifie encore un peu plus ce qui était déjà évident : Emmanuel Macron incarne le programme du Medef, du patronat, des banques et de la finance. Il le confirme en choisissant des Républicains, d'ex-membres du Parti socialiste et des membres de l'aile droite du PS. Des personnalités largement acquises aux thèses libérales. Cela clarifie et confirme la situation. La vraie opposition de force aujourd'hui en France est la France insoumise.
Il ne faut pas oublier que le programme que défend Emmanuel Macron, le choix d'un Premier ministre de passage chez les Républicains, c'est aussi la validation de leur thèse
RT France : Emmanuel Macron avait prophétisé la scission des Républicains. La nomination d'Edouard Philippe a entraîné des réactions très contrastées. Pensez-vous les Républicains proches de l'explosion ?
D. K. : Je ne suis pas spécialiste des Républicains. Ce sont des gens qui ont l'habitude de changer de sigles, de noms de parti, d'évoluer un peu dans tous les sens. Je ne crois donc pas à leur disparition. Il ne faut pas oublier que le programme que défend Emmanuel Macron, le choix d'un Premier ministre de passage chez les Républicains, c'est aussi la validation de leur thèse. Cette situation leur sert aussi. Il y aura des étincelles lors des législatives. Cela leur pose des problèmes mais ils ne sont pas aussi affectés que le Parti socialiste qui, lui, est bien plus en état de déliquescence que les Républicains.
Ce que vise Emmanuel Macron, c'est une majorité qui lui permette de mener son programme de casse sociale
RT France : La composition du nouveau gouvernement devrait être annoncée le 16 mai en fin de journée. A quels profils doit-on s'attendre selon vous ?
D. K. : Je m'attend à un gouvernement très centre-gauche-droit, très consensuel type CDU/SPD, euro-compatible avec Angela Merkel afin de faire le plein de voix un peu partout. Ce que vise Emmanuel Macron, c'est une majorité qui lui permette de mener son programme de casse sociale. Il pourra éventuellement l'avoir mais ce sera une majorité de bric et de broc totalement intenable sur le long terme. Nous allons le dénoncer et nous essaierons de montrer aux Français que c'est une mauvaise idée de mettre un gouvernement peu clair – si ce n'est sur son programme de casse sociale – en place.
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