«Bienvenue en URSS» : la perspective de quotas de filles dans les prépas scientifiques divise en France

«Bienvenue en URSS» : la perspective de quotas de filles dans les prépas scientifiques divise en France© Horacio Villalobos / Corbis Source: Gettyimages.ru
Élisabeth Borne, alors Première ministre de la France, lors d'un déplacement à Lisbonne, au Portugal, le 29 octobre 2022. (Photo d'illustration)
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Dans un entretien publié le 6 mai, la ministre française de l’Éducation a annoncé un «plan» afin de «renforcer la place des filles» dans les filières d'ingénierie et du numérique. Un projet qui a provoqué de vives réactions sur la toile. L’une des pistes envisagées est l’instauration de quotas de filles dans les classes préparatoires scientifiques.

« On voit que les biais, les stéréotypes ne reculent pas voire se renforcent dans la société et donc dans nos classes ». Au micro de France inter, le 7 mai, la ministre française de l’Éducation nationale Élisabeth Borne a défendu son plan « Filles et maths » dont elle avait annoncé le lancement dans un entretien aux Échos paru la veille. « L'idée est d'avoir plus de filles et pas moins de garçons », a précisé cette ex Première ministre (2022 – 2024) d’Emmanuel Macron, le tout afin d’« augmenter globalement le nombre d’ingénieurs et de techniciens »

« Le cahier des charges, c'est que ces classes doivent accueillir 50 % de filles », affirmait-elle auprès du quotidien français, annonçant une « sensibilisation de deux heures aux biais de genre » de deux heures à destination de « tous les professeurs » dès la rentrée scolaire 2025 « qui devra être réalisée avant le 15 septembre ». Une sensibilisation à laquelle doit ajouter un « plan de formation » étalé sur quatre ans pour les 370 000 instituteurs et 36 000 professeurs de mathématiques du secondaire, afin de « prévenir les stéréotypes de genre dans l'apprentissage des mathématiques ».

Rentrée scolaire 2025 : une « charte » contre la « reproduction des stéréotypes »

« Par exemple, les garçons lèvent plus souvent la main que les filles en mathématiques » a justifié Élisabeth Borne. « Si le professeur n'y est pas sensibilisé, il peut se retrouver à n'interroger que des garçons ou à les envoyer davantage au tableau. De même dans les appréciations portées dans les bulletins scolaires, on lit souvent "élève consciencieuse" pour une fille et "élève brillant" pour un garçon » a poursuivi la ministre française. « Nous afficherons également dans toutes les salles des profs une charte rappelant les points de vigilance pour mieux prévenir la reproduction des stéréotypes », a-t-elle encore ajouté.

Ces déclarations ministérielles surviennent alors que les critiques à l’encontre de la réforme du lycée, menée en 2019 sous le gouvernement d’Édouard Philippe, perdurent. Dans une note publiée à l’automne 2022, le « Collectif Maths&Sciences » alertait tant sur la baisse globale du nombre d’élèves s’inscrivant à des matières scientifiques en terminale que sur la chute drastique (- 61 % en deux ans) du nombre de filles suivant au moins six heures de mathématiques par semaine lors de cette dernière année de lycée.

Les matières scientifiques globalement boudées au lycée depuis la réforme de 2019

« Dire que la réforme du bac aurait fait baisser la poursuite d'études postbac dans les filières d'ingénieur et du numérique est une critique qui n'est pas fondée » a déclaré Borne, interrogée sur ce caractère que certains jugent « contre-productif » de cette réforme entreprise durant le premier quinquennat Macron. La ministre a renvoyé à un rapport de février 2025 des Inspections générales. Celui-ci fait notamment état d’un nombre stable, entre 2020 et 2021, de filles inscrites dans des filières scientifiques en Bac+1 malgré une baisse de 20 % du nombre d’entre elles suivant des cours de sciences en terminale.

« En outre, même après la réforme, des écarts sexués subsistent entre spécialités suivies en terminale », constataient notamment les auteurs de ce rapport, soulignant que cette « moindre orientation des filles par rapport aux garçons » dans les filières scientifiques « représente un déficit de 7 000 à 8 000 filles par an ». Rapport qui préconise de prendre des « mesures de faveur permettant de garantir au moins » 20 % de filles dans les classes préparatoires scientifiques en 2026, 30 % en 2030 et 40 % en 2035. « Je reprends cet objectif à mon compte » a répondu l’ex-Première ministre alors interrogée quant à une éventuelle fixation de quotas.

« Cela n'a pas toujours été ma vision, mais quand on voit que l'on ne progresse pas, il faut que l'on passe un cap en forçant un peu le destin » a défendu Borne, après avoir déclaré que « le sexisme ne baisse pas, voire il s'accentue ».

« J’ai rarement vu un projet aussi con »

Dans les réactions à l’annonce de ce plan, certains y voient un « vrai sujet » ou saluent cette initiative. « J’insiste sur le fait que ces quotas permettent de compenser tous les obstacles sociologiques, idéologiques que la société a mis face aux femmes ou dans la tête même des femmes » a ainsi défendu au micro de RMC la députée Renaissance des Hauts-de-Seine Céline Calvez.

D’autres en revanche ne perçoivent clairement pas d’un bon œil cette annonce. « Forcer le destin des individus…? Bienvenue en URSS » a ainsi dénoncé sur X le chroniqueur et fondateur d’Atlantico Jean-Sébastien Ferjou. « L’effondrement du nombre de filles dans les filières math est le produit direct du saccage de l’enseignement secondaire découpé en options à l’infini » a accusé le fondateur d’Atlantico.

« J’ai rarement vu un projet aussi con. Les maths en fonction du sexe » a pour sa part réagi Didier Maïsto, ancien patron de Sud Radio. « Aucune loi ne s’oppose à l’accès des femmes aux études scientifiques » a chargé l’essayiste et enseignante franco-suisse Lisa Hirsig dans une tribune publiée ce 8 mai dans le Journal du Dimanche. « Recruter par quotas, et non plus au mérite et à l'envie, conduira immanquablement à une baisse du niveau » a mis en garde l’animateur et producteur de télévision Mac Lesggy. « On prétend "avancer" et on rétrograde, c'est pitoyable... » a fustigé l’ex Vice-présidente du conseil général des Hauts-de-Seine, Les Républicains, Isabelle Balkany.

« L'État allume tous les contre-feux pour cacher la misère »

Le collectif « Les Stylos Rouges » y voient un énième « contre-feu » allumé par l’exécutif afin de « cacher la misère » d’une École « en ruines », mettant en avant la crise des vocations pour les métiers de l’enseignement ou encore la question de la rémunération. Un journaliste du Point souligne quant à lui que les filles représentent 58 % des inscriptions en Fac et seraient « 72 % en droit, 66 % en biologie, 70 % en médecine ».

Depuis sa nomination à la tête de la rue de Grenelle, en décembre dernier, Élisabeth Borne a plusieurs fois crée la polémique, en particulier sur les réseaux sociaux. Lors de la passation de pouvoir au ministère, Élisabeth Borne avait notamment déclaré dans son discours ne pas être « spécialiste de ces sujets ». Début avril, sur la chaîne Parlementaire, elle avait suggéré que les enfants devaient songer à leur orientation professionnelle « très jeunes, presque depuis la maternelle ».

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