En accusant le gouvernement syrien de l'attaque chimique à Idleb, l’Occident essaie de justifier les futures frappes militaires des Etats-Unis, explique Jamal Wakeem, professeur d'histoire et de relations internationales à l'Université libanaise.
Lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue du Qatar, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a annoncé que la Russie appelait de nouveau à la tenue d'une enquête impartiale et transparente sur l'incident chimique qui s'est produit dans la province d'Idleb, en Syrie.
Nous assistons à la répétition du même scénario que celui qui a précédé l'invasion de l'Irak en 2003
RT : Pensez-vous que l'enquête actuelle menée par l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques est assez transparente ?
Jamal Wakeem (J. W.) : Non, je ne le pense pas. Tout d'abord parce que les experts ne sont pas sur le terrain. Ils n'ont pas recueilli les données personnellement. Ils ont reçu leurs informations de groupes d'insurgés qui sont accusés, au moins par certaines autorités, d'être responsables de la contrebande de substances chimiques dans le nord de la Syrie et d'autres parties du pays. Comment ces experts qui résident dans le sud de la Turquie obtiennent-ils leurs échantillons ? Sur quoi fondent-ils leur enquête ? Je pense que ce comité et le général dissident de l'armée syrienne – soutenus bien sûr par le Qatar et par l'Arabie saoudite – essaient d'aider à monter un coup contre Bachar el-Assad et le régime syrien, et à les faire accuser d'être responsables de cette attaque chimique, tout simplement pour justifier les futures frappes aériennes des Etats-Unis et de leurs alliés. Je crois que nous assistons à la répétition du même scénario que celui qui a précédé l'invasion de l'Irak en 2003. J'espère que cela n'aura pas les mêmes conséquences en Syrie.
Les temoignages de trop de dissidents ont été monnayés par le Qatar, par l'Arabie saoudite et par la Turquie elle-même
RT : Les médias occidentaux, comme The British paper, The Telegraph, racontent l'histoire d'un ex-général syrien qui déclare que Damas cache des armes chimiques... Mais il a quitté la Syrie avant que l'ONU ait documenté la destruction complète de ces armes. Peut-on lui faire confiance ?
J. W. : Je ne le pense pas. Les temoignages de trop de dissidents ont été monnayés par le Qatar, par l'Arabie saoudite et par la Turquie elle-même. Pourquoi donc ce général sortirait-il du bois pour déclarer une telle chose ? Pourquoi n'a-t-il pas parlé plus tôt, lors de l'enquête en 2014 et du processus de destruction de l'arsenal chimique de la Syrie ? Pourquoi n'a-t-il pas protesté à l'époque ? Pourquoi le fait-il maintenant, alors que les Etats-Unis et leurs alliés s'efforcent pour monter un coup contre le régime syrien en l'accusant d'être responsable de l'attentat à Khan Cheikhoun, dans la région d'Idleb ? Je pense qu'il s'agit du même scénario. De plus, l'Occident n'a plus de bonnes idées pour créer des scénarios. Il se rabat sur les mêmes scénarios qu'il utilisait avant, mais il ne sera plus crédible au yeux du public.
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