Perversion de la réalité : Londres et Washington accusent Moscou de crimes de guerre en Syrie

Seulement quelques jours après l'offensive de Donald Trump en Syrie, Washington et Londres accusent la Russie de crimes de guerre. C’est «transparent, sordide et absurde», s'indigne le journaliste Finian Cunningham.

S’il y en a un à accuser de crimes de guerre, c’est bien le président Trump, qui a donné l’ordre de mener une attaque meurtrière contre le Syrie avec 59 missiles Tomahawk une semaine plus tôt.

Ce tir de barrage sur la base aérienne d’Al-Chaayrate et des villages voisins, dans la province de Homs, a tué neuf civils, dont quatre enfants, selon le gouverneur local Talal Barazi.

C'était un massacre de la part du commandant en chef américain et clairement un acte d'agression contre un pays souverain. Indépendamment de la justification avancée – la vengeance pour une prétendue attaque chimique trois jours auparavant – le président américain a agi en dépit de la loi. Non seulement le droit international, mais même les lois de son pays, dans la mesure où il n'a pas demandé l'approbation du Congrès pour effectuer cette frappe aérienne.

Le président russe, Vladimir Poutine, a, d’un point de vue juridique, qualifié justement les violations du droit international de Trump.

Le sénateur a déclaré aux médias américains que Poutine était «un criminel de guerre aidant un autre criminel de guerre», en référence au président syrien Bachar el-Assad

Au cours du week-end, plusieurs dirigeants américains et britanniques ont hurlé, bave aux lèvres, des accusations de crimes de guerre contre Poutine et la Russie.

Le sénateur républicain Marco Rubio a étiqueté Poutine de «complice» dans l’attaque chimique de la semaine dernière à Khan Cheikhoun, où plus de 80 personnes ont été tuées, exposées, semble-t-il, à un agent neurotoxique mortel. Le sénateur a déclaré aux médias américains que Poutine était «un criminel de guerre aidant un autre criminel de guerre», en référence au président syrien Bachar el-Assad.

Un autre sénateur américain, le démocrate Ben Cardin, a affirmé que le Conseil de sécurité des Nations unies créerait un tribunal spécial pour poursuivre Vladimir Poutine et Bachar el-Assad pour crimes de guerre.

Dans une coordination évidente, les propos du secrétaire à la Défense britannique, Michael Fallon, sont apparus dans le Sunday Times. Il y a déclaré de manière absurde que la Russie était responsable de tous les décès de civils en Syrie de la semaine dernière.

Sous le titre provocateur «Le marionnettiste Poutine doit abandonner Assad et se joindre à nous pour établir la paix», Michael Fallon a écrit : «Par procuration, la Russie est responsable de toute mort civile la semaine dernière. Si la Russie veut être exonérée de la responsabilité des attaques futures, Vladimir Poutine doit faire respecter ses engagements... La Russie doit montrer la détermination nécessaire pour mettre ce régime à sa place».

L'ambassadrice américaine à l'ONU Nikki Haley a poursuivi sur le sujet de la complicité de la Russie dans l'incident syrien d’attaque chimique, déclarant que Washington «blamait la Russie» pour ce présumé crime. Elle a également fait écho aux demandes de plusieurs personnalités politiques américaines visant à intensifier les sanctions économiques contre Moscou.

Le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson ne voulait pas que le grincheux Johnson se rende en Russie avant sa propre visite

Afin d'envenimer le drame diplomatique qui se trame, le ministre britannique des Affaires étrangères, Boris Johnson, a annoncé qu'il annulerait sa visite officielle à Moscou cette semaine en signe de protestation contre le «soutien déplorable continu de la Russie au régime de Bachar el-Assad en Syrie».

La «décision» de Boris Johnson d'annuler son voyage à Moscou était instruite par Washington. Le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson ne voulait pas que le grincheux Johnson se rende en Russie avant sa propre visite, prévue cette semaine, au cas où les porpos du diplomate britannique auraient fait obstacle à l'ordre du jour.

En attendant, le «partenaire» britannique a été chargé de réunir un consensus parmi les membres du G7 cette semaine en Italie pour demander un durcissement des sanctions économiques contre la Russie.

Cet ordre du jour consiste à faire pression sur Vladimir Poutine en l'accusant de complicité présumée lors de l'incident avec les armes chimiques survenu en Syrie la semaine précédente. Selon le Sunday Times, Rex Tillerson doit présenter un dossier à Moscou prouvant la culpabilité de la Russie dans la mort de civils.

Il n'est pas clair avec quelles «preuves» – s’il y en a – les Américains et les Britanniques vont motiver leurs revendications contre la Russie. Ce dossier inclurait des données montrant la présence d'un drone russe dans la zone où les avions de guerre syriens auraient largué leurs armes chimiques.

Les autorités syriennes ont catégoriquement nié l'utilisation d'armes chimiques la semaine dernière, ou à tout autre moment

Ce n'est pas une procédure régulière ni une preuve acceptable pour une cour de justice.

Dans tous les cas, voici les faits : le gouvernement syrien a démantelé son arsenal d'armes chimiques dans le cadre de l'accord de 2013 négocié par la Russie, confirmé par l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC). Logiquement, les autorités syriennes ont catégoriquement nié l'utilisation de ces armes la semaine dernière, ou à tout autre moment. Le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Faisal Mekdad, a déclaré que son gouvernement avait récemment fourni des informations révélant que des militants anti-gouvernementaux transportaient secrètement des matières toxiques.

Il s’est avéré que ces mêmes militants ont utilisé des armes chimiques à plusieurs reprises à Alep, ainsi que dans le fameux incident près de Damas, en août 2013, lorsque des centaines de civils ont été assassinés. Comme dans le cas de l’attaque de la semaine dernière, les médias occidentaux ont donné libre cours aux fausses affirmations selon lesquelles les forces gouvernementales syriennes en étaient responsables.

En outre, les revendications et les séquences vidéo présumées montrant des civils mourir d'une exposition au gaz toxique à Khan Cheikhoun proviennent uniquement du côté des militants, y compris des douteux Casques blancs. Les ordres de frappes meurtrières de Donald Trump, pleinement soutenus par le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne, parmi d'autres alliés de l'OTAN, ont été fondés sur cette source sordide.

Si la Russie est complice de crimes de guerre en Syrie, comme l’Occident l’affirme, comment Washington et Londres peuvent-ils proposer de «travailler ensemble pour établir la paix en Syrie» ?

Le principal conseiller à la sécurité nationale du président Trump, Herbert Raymond McMaster, a formulé l'ordre du jour lorsqu'il a évoqué aux médias américains à la fin de la semaine dernière, «l'excellente opportunité» de la Russie. Il a souligné que la Russie avait une «excellente occasion de réévaluer son soutien à un régime meurtrier [la Syrie]».

Il est évident que Washington et Londres redoublent d'efforts pour appeler au changement de régime en Syrie et tentent de resserrer l'étau autour de Moscou et Damas sur ces stupides accusations de crimes de guerre.

Mais c’est là où l’absurdité se manifeste. Si la Russie et Vladimir Poutine sont coupables de complicité dans les crimes de guerre en Syrie, comme l’Occident l’affirme, alors comment Washington et Londres peuvent-ils proposer de «travailler ensemble pour établir la paix en Syrie» ? Si les allégations de l’Occident sur la culpabilité des Russes avaient un fondement ou une preuve, alors comment serait-il légalement et moralement légitime de négliger soudainement ces «crimes graves», grâce auxquels Poutine conforme à leurs revendications de changement de régime ? Cette logique est aussi fallacieuse qu’efficace.

La position de la Russie a une base solide qui consiste d’une analyse géopolitique et juridique objective. Les six années de guerre en Syrie, du début à la fin, constituent une opération criminelle de changement de régime menée par l’Occident, qui implique ses alliés terroristes dans le renversement d'un gouvernement souverain.

La décision passionnée de Trump d'effectuer des frappes aériennes sape l’effort international visant à vaincre les groupes terroristes en Syrie et ailleurs

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a réclamé à juste titre une enquête impartiale sur l’incident impliquant des armes chimiques qui a eu lieu la semaine dernière. La décision passionnée de Trump d'effectuer des frappes aériennes était non seulement illégale et dénuée de toute justification, mais elle sape également l’effort international visant à vaincre les groupes terroristes en Syrie et ailleurs.

Le processus de paix en Syrie, dont le déclenchement a été largement soutenu par la Russie à Astana plus tôt cette année, a été sévèrement perturbé par le bombardement américain. Clairement, Daesh, le Front al-Nosra, Ahrar al-Cham et d’autres groupes terroristes ont salué les frappes aériennes des Etats-Unis.

Les Américains et leurs substituts britanniques doivent être fous s’ils estiment que Moscou sera intimidée par leurs déclarations infondées et auto-condamnantes sur les crimes de guerre.

Tout cet épouvantable désordre en Syrie est entièrement causé par la collaboration de Washington et Londres avec des terroristes dans une entreprise criminelle d’agression au cours des six dernières années.

Leurs tentatives sordides d’altérer la réalité sont évidentes. Ce duo américano-britannique comique de shérifs moralisateurs qui défendent le droit international est plus qu’absurde. C’est indécent.

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