La décision de bombarder la base aérienne syrienne devait montrer que l’Amérique était toujours capable de réagir avec force, estime l'ex-ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini.
RT : L'Occident a imputé à Bachar el-Assad l'attaque chimique présumée – sans avoir de preuve solide. Désormais, nous entendons des voix insinuant que tout cela serait la faute de la Russie. Que pensez-vous de ces accusations ?
Franco Frattini (F. F.) : Le président Trump a été forcé de prendre une décision aussi dure. Il était accusé d’être trop flexible, trop clément vis-à-vis de Bachar el-Assad, d’avoir changé la position américaine vis-à-vis de ce dernier, d'avoir déclaré que son départ n’était plus la priorité. Cette décision devait montrer que l’Amérique était toujours capable de réagir avec force. Cela ne peut pas et ne veut pas dire que le président américain a changé sa position, selon laquelle une négociation politique est nécessaire.
Lorsque, à son arrivée, il a déclaré que l'idée de Barack Obama selon laquelle le départ de Bachar el-Assad devrait être la condition préalable [pour la paix en Syrie] était une mauvaise idée et qu’il appartenait au peuple syrien de décider du sort de son président, cela a constitué le plus important changement de politique à Washington. Nous ne pouvons pas décider autour de la table si Bachar el-Assad doit partir maintenant ou non. Ce sera la conclusion d'un processus politique. Dans ce processus, la Russie devrait être considérée comme l'un des plus grands joueurs.
RT : Londres pousse les pays du G7 à décider de nouvelles sanctions contre la Russie pour son soutien au gouvernement syrien. Cela va-t-il vraiment aider à résoudre la crise syrienne ?
La Russie est un allié, pas un ennemi dans la lutte contre le terrorisme
F. F. : Pas du tout. Ce serait une autre idée folle : imposer des sanctions contre la Russie au lieu de combattre le terrorisme ensemble. L'Europe paie le prix de la fidélité à l'OTAN. Le gouvernement italien a déclaré publiquement qu'il était temps de reconsidérer la politique des sanctions occidentales vis-à-vis de la Russie. J'espère sincèrement non seulement que cette proposition absurde émanant du Royaume-Uni sera rejetée, mais aussi que, dans un proche avenir, tous les Etats européens réfléchiront à la diminution des sanctions et à l'examen de celles-ci, tout en renforçant les liens dans la lutte contre le terrorisme, qui est la menace numéro un pour le monde. La Russie est un allié, pas un ennemi dans la lutte contre le terrorisme.
RT : Le ministre belge des Affaires étrangères a souligné que l'attaque américaine avait été effectuée sans l'approbation du Conseil de sécurité de l'ONU. Pensez-vous que c'était le bon choix ?
Dans le cas d'une urgence, le système des Nations unies s'avère incapable de réagir
F. F. : Ce n'est pas la première fois, mais cela reflète l'opinion du président Trump, qu'il a exprimée publiquement, quant au rôle de l'ONU. Le président Trump a déclaré à maintes reprises que le système de l'ONU était incapable de résoudre cette crise en raison des blocages, en raison des puissances supérieures, de l'imposition réciproque de vetos. Il a dit : «S’il faut agir, il faut agir immédiatement», car c'est dans l’intérêt de l'Amérique. Selon la législation américaine, lorsqu'un intérêt suprême de la sécurité américaine est en jeu, le président peut agir sans l'approbation du Congrès et, selon le président Trump, sans l'approbation de l'ONU.
L'Italie s'est battue dès le début pour réformer le système du Conseil de sécurité de l'ONU afin de remédier à cette faiblesse du processus et donner au Conseil de sécurité la possibilité de progresser rapidement. Je suis d'accord qu’il est important d'enquêter sur toutes les preuves possibles. Mais dans le cas d'une urgence, le système des Nations unies, malheureusement, s'avère incapable de réagir...
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