Le choix des électeurs de la primaire de gauche signe pour le député européen Louis Aliot la fin du cycle politique du PS tel qu'on l'a connu. Pour lui, les divergences entre les gauches sont irréconciliables après des années de choix électoralistes.
RT France : La large victoire de Benoît Hamon sur Manuel Valls dans cette primaire de gauche a-t-elle était synonyme de triomphe de ses idées ou de défaite du gouvernement ?
Louis Aliot (L. A.) : Il doit sa victoire à la fin du PS et à la fin du cycle politique qui s'appelait le Parti socialiste. Un parti qui a perdu toutes les élections alors qu'il était au pouvoir et qui, aujourd'hui, a laissé filer le leadership à une vision d’extrême-gauche du socialisme.
La gauche s'est rassemblée jusqu'à présent sur la distribution des places au pouvoir et pas sur le fond et les idées.
RT France : Vous parlez de fin du PS, pensez-vous Benoît Hamon incapable de rassembler sa famille politique et plus largement la gauche ?
L. A. : Benoît Hamon ne partage pas les mêmes idées, ni des élus de son parti ni des autres partis de gauche. Cela a toujours été le problème de la gauche. Elle s'est rassemblée jusqu'à présent sur la distribution des places au pouvoir et pas sur le fond et les idées. Aujourd'hui le grand écart est tel qu'il est impossible à faire. Il a plusieurs gauches et plusieurs visions de la société qui sont irréconciliables. Emmanuel Macron est, on va dire, plutôt de centre-gauche et tous les gens qui vont le rejoindre maintenant vont le faire par pur opportunisme pour sauver leurs places de député. Seulement, à mon sens, ils le font un peu trop tôt. Ils devraient faire attention au devenir d'Emmanuel Macron dans cette élection présidentielle qui est encore longue.
Emmanuel Macron est tout acquis à ce que les Français ne veulent plus voir
RT France : Emmanuel Macron ne vous apparaît pas comme un candidat sérieux à la présidentielle, à l'instar de nombreux commentateurs politiques ?
L. A. : Pour l'instant, on ne connaît rien de son projet. Il marche. Il marche dans les médias, ça c'est sûr. Il y a quelques curieux qui viennent le voir dans les meetings. Il n'en reste pas moins qu'il a été ministre de l'Economie de François Hollande et qu'il est tout acquis à ce que les Français ne veulent plus voir. C'est-à-dire l'Europe de la finance, l'Europe des normes, l'Europe des délocalisations et de l'immigration. Il va falloir qu'il parle, maintenant. Je ne le vois pas passer tout d'un coup pour une nouveauté politique.
RT France : Avec la victoire de Benoît Hamon, les têtes d'affiches continuent de sortir du champs de l'élection présidentielle qui semble de plus en plus ouverte. En faveur ou en défaveur du Front National, selon vous ?
L. A. : Je ne vais pas jouer les voyants, la campagne est encore longue. Tout ce que l'on peut voir aujourd'hui, quelles que soient les critiques que l'on peut faire, c'est que nous restons le parti le plus cohérent. Nous sommes aussi celui dont la tête n'est contestée par personne et qui n'est là finalement que depuis peu de temps à l'échelle de ce que sont le PS et les Républicains. Pour nous, notre cohérence, notre mobilisation et l'adhésion que nous rencontrons dans l'opinion publique font que nous pesons et nous pèserons sur l'élection. Je ne peux aujourd'hui pas dire de quelle nature sera ce poids. Il est encore trop tôt pour le dire. Il ne faut pas focaliser sur les autres candidats mais sur notre campagne. Nous sommes dans un couloir, comme en athlétisme : nous regardons droit devant et pas sur les côtés.
Lire aussi : Primaire de gauche : Manuel Valls sera-t-il loyal à Benoît Hamon ?
Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans cette section sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à RT.