Lors de la primaire de la gauche, le Parti socialiste joue sa survie. L’idéologie qu’il défend parle à une toute petite partie du corps électoral français, estime le journaliste et écrivain Alexandre Devecchio.
RT : Selon plusieurs témoignages des gens ont voté deux fois pendant la primaire, notamment des journalistes et il y a des fraudes supposées, des manipulations des chiffres pendant le décompte. Pensez-vous que le candidat issu de la primaire aura une certaine légitimité ?
Alexandre Devecchio (A.D.) : Je pense qu’il aura une légitimité très faible parce qu’on voit aujourd’hui que le Parti socialiste finalement ne présente plus grand monde. S’il y a eu fraude, c’est sans doute sur l’ampleur de la participation. Avec seulement un million de votants on voit que finalement c’est une part très faible du corps électoral français et donc quel que soit le vainqueur, il en sortira avec très peu de légitimité et on assiste finalement à la mort du Parti socialiste qui n’est plus le deuxième grand parti de France. Il se marginalise et est en train de disparaître, un peu comme le Parti communiste à la fin des années 1980.
RT : Comment expliquez-vous que les organisateurs de la primaire n’aient pas apporté d'explication suffisante à propos de ce qu’on leur a reproché en ce qui concerne l’organisation et le décompte des voix ?
Le PS qui est devenu le parti des bobos des grandes métropoles
A. D. : Je pense qu’il y a consensus finalement à l’intérieur du PS pour ne pas faire exploser ces primaires. Le candidat qui sortira sera déjà très faible, parce que le nombre de votants est faible, parce qu’il y a d'autres candidats de gauche qui ont le vent en poupe, que ce soit Emmanuel Macron ou Jean-Luc Mélenchon. Donc finalement le Parti socialiste joue sa survie. Si cette primaire explose, la disparition du PS est assurée. S’il y a un candidat, même avec une faible légitimité que arrive à avoir un score honorable au premier tour, le Parti socialiste a une chance de se refaire aux législatives. Il y a un certain nombre d’élus, de cadres, d’apparatchiks qui ont intérêt à sauver le parti à tout prix, y compris derrière les principaux candidats.
RT France : Pensez-vous que le candidat socialiste n’aura aucune chance de se qualifier au second tour de la présidentielle ?
A. D. : Oui, d’ailleurs ce n’est pas lié aux fraudes, c’est lié au poids électoral du PS qui est devenu le parti des bobos des grands métropoles et qui a totalement abandonné la classe populaire. On a une longue déliquescence du Parti socialiste qui est en train de perdre la bataille politique, mais aussi idéologique. Depuis le tournant de la rigueur en 1983, le PS cherche sa ligne idéologique. A l’époque il s’est converti très clairement au néolibéralisme, mais François Mitterrand qui est un artiste de la politique, est parvenu à trouver deux idéologies de substitution qui sont l’Europe et l’antiracisme et qui ne fonctionnent plus. L’Europe est en crise, elle est décriée par la majorité des Français et l’antiracisme est également décrédibilisé sur fond de montée du communautarisme, de l’islamisme et du terrorisme. Le Parti socialiste n’a plus de raison d’être, l’idéologie qu’il défend parle à une toute petite partie du corps électoral français.
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