Pour le républicain Geoffroy Didier, Manuel Valls n'a pas su inspirer confiance aux électeurs. Mais, ayant le choix entre la loyauté à un Benoît Hamon «sincère» et un départ vers un Emmanuel Macron sans «projet détaillé», il n'hésitera pas longtemps.
RT France : Benoît Hamon s’est imposé comme candidat de la gauche à présidentielle lors de la primaire de la «Belle Alliance». Selon vous, qu’est-ce qui lui a permis de l’emporter ?
Geoffroy Didier (G. D.) : Ce qui lui a permis de l’emporter à cette primaire, c’est avant tout la sincérité avec laquelle il a défendu son projet et ses idées. Je pense que les électeurs de cette primaire y ont été sensibles. Il s’est imposé comme un homme sincère. A l'opposé, Manuel Valls a souvent été dans la contradiction, il est revenu sur de nombreuses idées qu’il défendait au gouvernement. Il n’a donc pas été capable d’inspirer confiance. Je ne partage absolument aucune des idées et propositions que portent Benoît Hamon mais je lui reconnais cette sincérité.
RT France : Vous estimez que la sincérité est déterminante pour les militants. Manuel Valls, de son côté, avait pour lui un soutien bien plus large d’élus socialistes (202 contre 85 pour Benoît Hamon). Pensez-vous que le rassemblement sera possible, comme il l’a été après la primaire de la droite ?
G. D. : Je pense que ce qui compte ce n’est plus le soutien des élus mais bien celui des militants. Les Français n’écoutent plus les indications de votes des élus. Le rassemblement des militants de la gauche s’est concrétisé par le choix de Benoît Hamon. Au niveau des politiques, la question va être désormais plus de l’ordre de la stratégie électorale. Il y a eu une image forte, quel que soit le parti auquel on appartient, et elle traduira sûrement le choix du rassemblement : Manuel Valls et Benoît Hamon se serrant la main au siège du PS. Dans cette logique de stratégie électorale, je vois plutôt Manuel Valls se tourner vers une forme de loyalisme, en appeler à la tradition socialiste loyaliste plutôt que de partir du côté d’Emmanuel Macron.
Les Français ne laisseront pas leur choix être guidé par les personnalités des candidats mais par leurs programmes
RT France : Si le choix de Benoît Hamon ne touche pas vraiment les électeurs de votre bord politique, pour certains analystes il joue en faveur d’Emmanuel Macron. Ce dernier est-il devenu, ce soir, le rival principal au candidat de la droite ?
G. D. : Emmanuel Macron est un rival au même titre que Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon ou, maintenant, Benoît Hamon. Les Français ne laisseront pas leur choix être guidé par les personnalités des candidats mais par leurs programmes et projets pour la France. Ils voudront un véritable débat politique et démocratique. Vous savez, la publicité comparative est désormais légale et je pense que nous allons assister dans les prochaines semaines et mois à une telle approche des électeurs : ils vont comparer, analyser les différents programmes. Que sait-on de celui d’Emmanuel Macron ? Rien pour l’instant. Il n’a absolument pas détaillé son projet. Evidemment, il inspire une certaine fraîcheur et une nouveauté qui peuvent charmer. Mais cela reste de l'ordre du ressenti personnel, pas de la politique. Les Français ne sont pas idiots. A la fin, ils choisiront avant tout des idées.
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