On ne verra pas de changements dans les relations entre le Maghreb et les Etats-Unis, car l'attention de Trump sera attirée au Moyen-Orient. Mais on n'exclut pas les surprises, estime Kader Abderrahim, maître de conférences à Sciences-Po Paris.
RT France : A quoi les pays du Maghreb doivent-ils s’attendre avec la nouvelle administration américaine ?
Kader Abderrahim (K. A.) : A pas grand-chose. Je pense que ce sera le status quo. Donald Trump n’a jamais mentionné le Maghreb ni pendant la campagne électorale, ni dans ses interviews. Le seul pays dont il a parlé c’était la Libye pour dire à quel point ce pays inquiétait les Etats-Unis pour son instabilité et l’implantation de Daesh et le terrorisme qui y règne. Sinon, il n’a jamais prononcé un mot ni sur la Tunisie, ni sur le Maroc, ni sur l’Algérie. Je pense que c’est une zone géographique qui n’est même pas dans son cerveau. Donc à priori à court terme, il n’y aura pas de bouleversements ou de changements à attendre.
Le Maroc est le seul pays dont on peut dire qu'il a pris le risque de soutenir Madame Clinton mais pas ouvertement
RT France : L'élection de Donald Trump est-elle une bonne nouvelle pour les pays de Maghreb ?
K. A. : Le Maghreb, c’est une région où, comme dans tous les pays du monde, on n’aime ni l’incertitude ni l’aventure. Et avec Trump, je pense qu'on va être tous, Maghrébins ou pas, surpris parce qu’en réalité personne ne sait ce que cette personne veut et ce qu’il va faire. Pour le moment, c’est très difficile de faire des prédictions. Mais je pense qu’on va au-devant d’une grande surprise, c’est assez probable.
RT France : Y a-t-il eu des pays qui ont misé sur la victoire de Hillary Clinton ?
K.A. : Oui, le Maroc avait clairement parié sur la victoire de Hillary Clinton qui était elle-même très proche du Maroc, où elle a fait plusieurs séjours, et était très favorable aux thèses marocaines, notamment sur la question de Sahara. Donc oui, il y a eu une grande proximité entre le Maroc et Madame Clinton et la famille Clinton en général qui est venue régulièrement passer ses vacances au Maroc. C’est le seul pays dont on peut dire qu'il a pris le risque de soutenir Madame Clinton mais pas ouvertement, plutôt par des gestes amicaux et des déclarations privées.
La priorité pour cette période c’est de tenter de relancer l’économie américaine et de stabiliser un certain nombre de crises au Moyen-Orient
RT France : Pensez-vous que cela va être suivi de mesures de rétorsion de la part de l’administration de Trump ?
K. A. : Non, je ne pense pas. Donald Trump ne s’intéresse pas beaucoup au monde ni aux relations internationales. Ce n’est pas Barack Obama qui était un homme extrêmement articulé sur le plan intellectuel. Donald Trump est un homme extrêmement pragmatique et ne saurait probablement pas situer le Maghreb sur la carte du monde. Je ne crois pas qu’il n'y pas grand chose, ni à attendre ni à craindre à court terme, parce que la priorité de Trump, pour cette période, c’est de tenter de relancer l’économie américaine et de stabiliser un certain nombre de crises notamment au Moyen-Orient. Donc Maghreb n’est absolument pas une priorité dans ce contexte.
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