Bourde diplomatique ? Quand un député déclare que les dirigeants du Maghreb sont «malades»
Jean Glavany, de retour d'une mission diplomatique de six mois au Maghreb, a estimé qu'un des dangers qui pèsent sur la stabilité de la Tunisie, du Maroc et de l'Algérie résidait dans l'état de santé de leurs dirigeants, «âgés et malades».
La mission diplomatique parlementaire sur la coopération européenne avec les pays du Maghreb menée par les députés Jean Glavany (PS) et Guy Tessier (LR), s'est achevée avec le rapport qu'ils ont livré à l'Assemblée nationale.
Un point a occulté leurs six mois de travail : leurs déclarations très franches sur l'état de santé des dirigeants tunisiens, algériens et marocains.
«[Le pouvoir] tourne autour des hommes et de leur fragilité», avance Jean Glavany avant d'entrer dans les détails : «En Tunisie, le pouvoir est exercé par Béji Caïd Essebsi, bientôt 90 ans.» «Fragilité extrême», note le député. Il ne s'attarde pas sur le président algérien, dont la maladie n'est plus un secret, mais s'épanche en revanche sur le roi du Maroc, Mohammed VI. Après lui avoir tressé des lauriers, «courageux, moderne, visionnaire», il estime que c'est «un roi malade», atteint d'une maladie «à évolution lente» et qu'il est soigné à coup de cortisone.
Le président algérien Abdelaziz Bouteflika se rend à Grenoble pour des contrôles médicaux https://t.co/yalasZrmKdpic.twitter.com/iWefNX2dzi
— RT France (@RTenfrancais) 7 novembre 2016
Ses propos – qui ne peuvent être considérés que comme une bourde diplomatique –ont fait beaucoup de bruit de l'autre côté de la Méditerranée, particulièrement dans la presse maghrébine. Devant le tollé ainsi provoqué, Jean Glavany a expliqué au magazine African manager qu'il avait tout simplement oublié que les caméras étaient présentes ce jour là, et que ses commentaires n'avaient pas vocation à être rendus publics.
«Je regrette presque que [la présidente de la commission, Elisabeth Guigou] ne m’ait pas rappelé que la presse était présente lors de nos propos», se morfond t-il.
Interrogé par Berbère Télévision, l'ancien ministre de l'Agriculture se plaint «qu'un journaliste ait retenu ce propos qui n'est pas écrit dans le rapport», mais ne le réfute aucunement : «C'est une réalité que je posais.» «A cause de cet état de fait physique des hommes, il va y avoir des rendez-vous démocratiques imminents», prévient-il.
Ce n'est pas la première fois qu'un élu français est au centre d'une polémique sur l'état de santé d'un dirigeant du Maghreb. Manuel Valls avait provoqué une tempête sur les réseaux sociaux après avoir posté une photo d'Abdelaziz Bouteflika visiblement très affaibli.
Échanges économiques, humains et sécurité : la relation franco-algérienne est forte, historique et stratégique. pic.twitter.com/7w640KQyNI
— Manuel Valls (@manuelvalls) 10 avril 2016
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