Dans son discours aux Golden Globes, Meryl Streep a exprimé son mepris pour Donald Trump, critiquant sa ligne politique, ignorant celle d'Obama. La journaliste Danielle Ryan montre l’incohérence de cette indignation à géométrie variable.
Bon, tout d’abord, il faut attester une chose : j’adore Meryl Streep. Pensez ce que vous voulez, mais Le Diable s’habille en Prada est un film classique et je ne vais pas m’excuser pour avoir dit cela.
Le discours anti-Trump qui a été prononcé par Meryl Streep le 8 janvier lors de la cérémonie des Golden Globes était une prestation sublime. C’était élégant et c’était livré avec émotion.
Un vrai mélodrame pour toute personne qui est préoccupée de la période Trump qui s'annonce.
Ce sont des gens dont les assurances de compassion sont soudainement invisibles, quand l’occupant de la Maison blanche est un démocrate sympa
Et pourtant… c’était dégoûtant. Ça empestait, en fait. De la pure, véritable hypocrisie. Parce que Meryl Streep, malheureusement, est un type commun de l'hypocrite libéral d’Hollywood. Vous savez, ces gens dont les assurances de compassion sont soudainement invisibles, quand l’occupant de la Maison blanche est un démocrate sympa, ami avec Beyonce. Dans son discours enflammé, Meryl Streep a appelé ses pairs et ses fans à la rejoindre et à contribuer à donner de l’argent au Comité pour la protection des journalistes : «Il faut que la presse de référence place les autorités devant leurs responsabilités, qu’elle leur demande des comptes pour tout scandale. C’est pourquoi nos fondateurs ont inscrit la presse et ses libertés dans notre Constitution», a-t-elle déclaré.
Elle a sans doute raison. Mais on peut aussi se demander, si Meryl Streep sait, par exemple, que l’administration Obama a poursuivi plus de lanceurs d’alerte que tous ses prédécesseurs réunis ? C’est bien sûr une tradition que Donald Trump va probablement perpétuer, mais il est assez bizarre que cette idée ne lui soit jamais venue à l’esprit jusqu’à présent.
Où était Meryl Streep, quand le lauréat du prix Nobel de la Paix a bombardé non pas un, deux ou trois mais sept pays différents ?
Et où était Meryl Streep, subitement inquiète du fait que «la violence incite à la violence», quand Obama aidait l’Arabie saoudite à détruire le Yémen, en bombardant les enterrements et les fêtes de mariage ? Ou quand son «intervention humanitaire» en Libye a tourné à la catastrophe, provoquant la faillite du pays et laissant y prospérer un groupe terroriste, l’Etat islamique ? Ou quand le grand unificateur a gagné le surnom de «roi des drones», après avoir développé le programme de drones des Etats-Unis et avoir effectué dix fois de plus de frappes aériennes que George W. Bush ? Ça aussi, c’est une tradition que Donald Trump va très probablement perpétuer avec grand plaisir.
Où était Meryl Streep, quand le lauréat du prix Nobel de la Paix a bombardé non pas un, deux ou trois mais sept pays différents ? Pour être juste avec Meryl Streep, elle ne l’a peut-être pas remarqué parce que la «presse de référence» semble de n’avoir rien remarqué, elle non plus. Ce qui est également amusant, car Meryl Streep et ses amis sont préoccupés du dédain apparent pour les étrangers dont Donald Trump fait preuve : tous les pays qui ont été bombardés par Obama, étaient des pays musulmans.
Leur indignation morale est vide et n’a aucun sens, s’ils ne l’appliquent pas régulièrement
Et où était Meryl Streep quand l’administration Obama négociait au nom des rebelles «modérés» liés à Al-Qaïda en Syrie ? En fait, où étaient tous les hypocrites quand Obama lançait 26 171 bombes en 2016 ?
Ah oui, c’est clair, ils faisaient la fête dans sa maison !
Regardez, ces gens ont le droit d’exprimer leurs doléances concernant Donald Trump – et ils doivent le faire. Il y a des doléances justes à faire-valoir. Mais quand ils plongent leur tête dans le sable aussi profondément, ils ne méritent pas de salve d’applaudissement ni l’adulation des masses. Ils méritent d’être hués et réveillés. Leur indignation morale est vide et n’a aucun sens, s’ils ne l’appliquent pas régulièrement.
Pour ce qui concerne Donald Trump, son ego facilement froissé a été exposé dans sa réponse au discours de Meryl Streep, qu'il a qualifiée d'actrice «surévaluée», ce qui ne devrait pas la blesser autant que Donald Trump l'a été. Pour lui, le temps est peut-être venu de comprendre qu’il ne réussira pas à faire beaucoup au cours de ces quatre ans à venir, s’il répond à chaque insulte et chaque affront sur Twitter.
Le fait est que les nombreux scandales que Meryl Streep et les élites Hollywoodiennes évoquent actuellement ne sont pas liées à Trump ni nouveaux. Ils sont déjà en cours. Le héros d’Hollywood, Barack Obama, a facilité la tâche de Donald Trump pour pourchasser les journalistes, les lanceurs d’alerte et bombarder les innocents, si le président élu choisit cette voie. Le moment est venu de se réveiller. Vous êtes une grande actrice, Meryl. La meilleure, disent certains. Vous pourriez au moins prétendre vous soucier de cela aussi.
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