Attaqué pour ses opinions sur la Syrie, Thierry Mariani déplore le traitement médiatique du dossier, occultant que la reprise d'Alep va de pair avec la fin de l'occupation terroriste, celle-ci ayant profité des sentiments antirusses et anti-Assad.
RT France : Internautes et médias vous ont interpellé ce matin vous demandant si vous aviez «bien dormi» en dépit de la nuit de combats pour la reprise d'Alep par les forces gouvernementales qui auraient entraîné la mort de dizaines de civils. Que leur répondez-vous?
Thierry Mariani (T. M.) : J'ai bien dormi, car je pense que progressivement cette ville va voir la fin de l'occupation terroriste. Même si j'en regrette tous les morts civils, qui sont hélas inévitables dans toutes les guerres civiles, on avance vers la fin du calvaire à Alep. Tous ceux qui luttent sincèrement contre le terrorisme devraient aussi s'en rendre compte.
L’honnêteté serait quand même d'avouer qu'on ne sait pas grand chose de ce qu'il se passe dans les combats à l'intérieur d'Alep
RT France : Vous êtes attaqué aussi pour votre retweet d'un de nos articles sur les manifestations de joie dans certains quartiers d'Alep-Ouest alors même que les combats continuaient dans d'autres zones de la ville. Ces images ont été prises par certains de nos reporters sur place mais également par des journalistes de l'AFP, de Reuters et des civils. Comment prenez-vous ces accusations ?
T. M. : J'y vois surtout deux traitements de l'information. Tout le monde se focalise sur Alep où il y a hélas des civils tués, et je répète que chaque mort civil est un mort de trop, mais garde le silence sur Mossoul où la population civile est pourtant plus nombreuse. C'est surprenant, mais à Mossoul tout doit bien se passer vu que ça n'intéresse quasiment aucun journaliste occidental. Il y a tout de même une sorte de black-out sur l'information sur la reconquête de cette ville.
Par contre j'ai vu la semaine dernière le faux maire d'Alep-Est être reçu en grandes pompes par toute la presse française qui lui donnait une tribune alors qu'il n'y a jamais eu de maire à Alep-Est et qu'il a en réalité été nommé par les autorités islamiques au moment de la reprise de la ville. Quand j'ai demandé pourquoi on le présentait sous ce statut, on m'a expliqué que c'était une «facilité journalistique». J'ai aussi entendu des médias nous annoncer pour la cinquième ou sixième fois la destruction du dernier hôpital d'Alep. En entendant tout ça, je me dis que l’honnêteté serait quand même d'avouer qu'on ne sait pas grand chose de ce qu'il se passe dans les combats à l'intérieur même de la ville. Je prend donc avec des pincettes toutes les informations qui viennent. On devrait tous se rappeler que dans une guerre, la première victime c'est toujours la vérité.
Je me souviens d'ailleurs, lorsque j'organisais les derniers voyages parlementaires en Irak, que tout le monde nous critiquait parce l'ensemble de la presse française reprenait en cœur qu'il y avait des armes de destruction massive. Dans ce genre de situation, il y a un traitement de l'information inéquitable. Et on oublie trop que c'est aussi la fin de l'occupation terroriste pour Alep et ses habitants.
Une partie des médias occidentaux ont choisi délibérément d'être aveuglés par leurs sentiments anti-russes et anti-gouvernementaux pour complètement oublier les exactions terroristes
RT France : Depuis hier soir, les rumeurs d'exactions horribles sont partagées sur les réseaux sociaux. L'ONU a annoncé un premier bilan de 82 mort tout en ajoutant ne pas pouvoir vérifier l'exactitude de ces informations. A l'heure actuelle, la situation reste très floue. Comment s'informer et raconter la réalité des combats à Alep dans ces conditions?
T. M. : Dans ce genre de situation, toutes les informations sont à prendre avec la plus grande prudence, qu'elles viennent du côté du gouvernement syrien ou du côté séparatiste ou terroriste. Il ne faut pas oublier qu'en temps de guerre, la communication est aussi une arme. Les djihadistes l'ont très bien compris. La communication est une arme comme une autre qui, par moment, peut faire moins de morts mais qui peut être beaucoup plus efficace. Et ce qui me navre c'est qu'une partie des médias occidentaux ont choisi délibérément d'être aveuglés par leurs sentiments anti-russes et anti-gouvernementaux pour complètement oublier les exactions terroristes. Je ne considère absolument pas que le gouvernement actuel en Syrie soit un modèle mais je pense qu'avant tout si on veut la fin des victimes civiles, il faut une situation de paix. Une fois qu'on aura la paix on pourra peut-être évoluer vers un régime un peu plus démocratique. A vouloir tout faire à la fois, les morts s'ajoutent aux morts depuis cinq ans. La stratégie occidentale a mené à cette catastrophe.
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